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Se rencontrant en colonie de vacances, Carole et Susan (Hayley Mills et Hayley Mills) découvrent qu’elles sont sœurs jumelles ! En effet, leurs parents (Brian Keith et Maureen O’Hara) ayant divorcé il y a 13 ans de cela, chacun en a gardé une chez lui, de sorte que chacune ignoraient l’existence de leur sœur. C’est pourquoi Carole et Susan décident de prendre la place de l’autre, afin d’aller découvrir cet autre parent qu’elles n’ont jamais rencontré. Et, si possible, de réunir à nouveau leurs parents. Mais le temps presse, car leur père a une nouvelle fiancée…


Troisième adaptation d’un roman d’Erich Kästner (auteur d’Emile et les détectives, qui sera également adapté par Disney trois ans plus tard), La Fiancée de papa s’est malheureusement fait écraser dans la culture collective par son remake avec Lindsay Lohan et Dennis Quaid de 1998, A nous quatre. Quoique très honorable, ce remake souffre pourtant de la comparaison avec son aîné, bien plus réussi sur tous les points.
L'excellent casting du film de 1961 y est pour beaucoup, la double prestation d’Hayley Mills s’avérant mémorable tant par la qualité du jeu de l’actrice que par d’impressionnants effets spéciaux multipliant l’actrice sur le même écran. La jeune fille ne cache toutefois pas les prestations non moins grandes de la pétillante Maureen O’Hara et du touchant Brian Keith (dont la tête et le duo avec notre irlandaise fordienne préférée ne peuvent pas ne pas évoquer un certain John Wayne), qui forment un couple mémorable. Mémorable, ce couple l’est aussi par la remarquable qualité d’écriture de David Swift, scénariste et réalisateur du film, qui prend le temps de soigner chacun de ses personnages de manière à nous les rendre attachants, mais également ses situations, celles-ci s’avérant souvent drôles mais toujours très crédibles.
Si l’humour est moins présent que dans les films du duo Robert Stevenson-Bill Walsh de la même époque (Monte là-d’ssus, Le Fantôme de Barbe-Noire, Mary Poppins), il balaie tout l’éventail de ce qu’on attend d’une bonne comédie, allant des gags rudimentaires de chute dans l’eau et de tartes à la crème à des scènes de vaudeville à la Capra ou Hawks, étonnantes pour un film de chez Disney, telles que cette hilarante confrontation entre le mari, son ex-femme et sa fiancée sous les yeux goguenards d’un révérend rieur incarné par le génial Leo G. Carroll.
Malgré quelques gags assez matures (on ne peut pas vraiment parler de vulgarités), La Fiancée de papa n’en reste pas moins un film très familial, et profite de son large public pour nous proposer une belle leçon sur l’amour et sur le mariage, qui permet de remettre quelques points sur les « i », ce qui n’est jamais un luxe en ces temps où le mariage ne signifie plus rien et où l’on change de conjoint comme de chemise. Témoin d’une époque où la morale triturait encore la conscience de ceux qui s’en éloignaient, La Fiancée de papa nous propose donc une morale familiale d'autant plus délicieuse qu'elle est délivrée sans mièvrerie, et sans jamais brusquer qui que ce soit, hormis peut-être quelques féministes radicaux (si tant est que ce ne soit pas un pléonasme), qui grinceront sans doute des dents en voyant l’image de la femme proposée par le film, « traditionnelle » (avec tout ce que ça sous-entend), sans être non plus réactionnaire. Ils commettraient toutefois une grave erreur en s’arrêtant à cette image de surface, le film de David Swift allant bien plus profond dans son sujet (ce que ne fera pas son remake) en disséquant habilement et très finement les liens de l’amour, conjugal ou filial, et en n'oubliant pas de rappeler que les couples brisés font toujours des victimes collatérales. C’est bien tout ce qui fait la réussite de La Fiancée de papa, et qui provoque cette bouffée d’émotion si unique, dont les studios Disney avaient alors le secret, dans une magnifique scène finale toute en retenue et en suggestion, en un mot : brillante.
Il est à noter que La Fiancée de papa marqua la rencontre entre Walt Disney et deux jeunes compositeurs (recrutés par erreur pour ce film !) dont l’immense carrière s’affirmait timidement à travers les trois chansons du film avant de prendre l’envol qu’on lui connaît : les frères Sherman.

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le 12 mai 2018

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Tonto

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