Voilà bien un film qui aura eu une multitude d'interprétations possibles. Non que le scénario soit ambigu, mais à cause de son rôle historique. Aujourd'hui, on pourrait presque le confondre avec une œuvre pro-communiste, puisque l'essentiel de l'histoire présente un tableau ma foi plutôt appétant d'une société égalitaire. La critique n'est pas contre le système en soi, et le climat politique des États-Unis à l'époque ne laissait de toute manière aucune place à l'idée selon laquelle le communisme pourrait être un système viable en Amérique du Nord : non, la critique est contre ceux qui ont employé le système et l'ont conduit à sa perte, à savoir l'URSS, le grand ennemi idéologique.
Ce n'est pas tous les jours qu'on voit des films secrètement financés par la CIA et il est passionnant d'y voir se révéler des points politiques d'apparence contradictoires aujourd'hui. De mon point de vue de jeune européen·ne, il est bizarrement facile de voir La Ferme des Animaux de Batchelor et Halas comme une démonstration que le communisme peut marcher s'il est entre de bonnes mains. Pourtant c'est l'inverse qui est réellement montré, car le film part du postulat que le seul communisme possible est celui qui dérive, comme ce fut le cas en Russie. À voir au moins pour se rendre compte des glissements qui se produisent dans la perception des courants idéologiques.