Un mauvais Hong Sang-Soo, ça existe donc !


Cette fois, on suit Gam-Hee (Kim Min-Hee, coeur coeur) qui fait le tour de ses anciennes amies puisqu’elle est éloignée de son mari pour la première fois depuis qu’ils sont ensemble. Le film est découpé en trois segments et on retrouve les ingrédients habituels du réalisateur (rimes entre les segments, scène de repas et de beuverie, zoom et dézoom pendant les longues discussions pas toujours écrites, etc). Mais, la magie n’opère pas.


Le premier segment est le plus réussi, le seul où il y a un peu de vie. L’alcool et la viande sont partagés convivialement, les joues rougissent, les discussions sont rigolotes (Quel meilleur endroit qu’un barbecue pour se demander si on pourrait devenir végétarien ?). Il y a une très jolie scène où un voisin demande aux amies de Gam-Hee de cesser de nourrir les chats de gouttière du quartier. Entre politesse et refus catégorique, douceur et ironie, la réponse des amies est magnifique !


Le deuxième segment est raté. Comme le repas servi par cette amie artiste mais tellement déprimante. Ici encore, un homme vient importuner la soirée des deux amies, on ne le verra encore une fois que de dos. Mais ça clignote trop : Hong Sang-Soo tourne le dos aux hommes pour montrer la douceur des femmes quand ils ne sont pas là. En plus d’être plutôt idiote, cette idée est ratée dans ce film. C’est presque méprisant : le film exclusivement réservé aux femmes entre elles est le moins vivant, le moins drôle, le moins alcoolisé, le moins intéressant.


Le troisième segment est encore plus solitaire, puisque Gam-Hee mange cette fois seule pendant une séance au cinéma. L’amie rencontrée dans cette partie semble être l’amoureuse actuelle d’un ex de Gam-Hee, qu’on verra à la fin. Mais il n’y a pas grand chose d'intéressant à en tirer.


Pour finir sur une touche positive, ce que je retiendrais de ce film, ce sont les scènes dans lesquelles Hong Sang-Soo filme les amies couper, peler et partager des pommes. Toute la beauté de son cinéma se trouve dans ces plans.

Jo_Babouly
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le 8 oct. 2020

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Jo_Babouly

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