Parfois, on a d'excellentes surprises au cinéma. La Disparition d'Alice Creed en fait définitivement partie. C'est typiquement le genre de film qu'on se décide à voir presque uniquement parce qu'on apprécie les interprètes (Gemma Arterton, Eddie Marsan et Martin Compston) et parce que les réalisateurs anglais ont le chic pour nous pondre comme nuls autres un petit film, à petit budget, qui sort dans un petit nombre de salles mais qui s'avère être un quasi chef d'œuvre.

Le film commence de façon très brute par une scène d'introduction de 10 minutes sans aucun dialogue (seule une simple réplique sort de nulle part) mais qui paradoxalement est incroyablement riche en informations. On y voit les deux hommes (Eddie Marsan et Martin Compston) acheter du gros matériel de bricolage et s'attaquer à la transformation radicale d'un appartement en ce qui semble être... une cellule. Avec isolation phonique et quadruples verrous, évidemment. Puis une fois fin prêts, le deux kidnappeurs passent à l'action : l'enlèvement d'Alice Creed (Gemma Arterton). Là-encore, alors que l'on n'a toujours pas entendu le moindre dialogue, le réalisateur fait preuve d'une extrême originalité dans le montage : l'enlèvement, en soit, ne va durer que quelques secondes, composées de plans d'insert subtilement choisi pour revenir dans la chambre où les malfaiteurs prennent leur victime en photo pour demander une rançon.

Voilà, en quelques minutes, uniquement avec ces images, J Blakeson a réussi à vous posez clairement une situation complexe, où les rapports de force entre les différents protagonistes semble bien établis. Après quoi, le film suit son cours et nous, le plan des kidnappeurs.

Mais évidemment, comme on peut s'y attendre, l'ordre préétabli de la hiérarchie va assez vite être remis en question, et malgré que cette pratique puisse sembler assez classique, cela fonctionne plutôt bien, du moins pendant un temps. Le réalisateur prend plaisir à nous balader comme il le souhaite, en mettant à bas nos hypothèse au fur et à mesure que l'on essaie de deviner la suite de l'histoire. C'est là tout le souci de ce film : son principe même est difficile à tenir sur toute la longueur du film. Du coup, malgré pas mal d'excellentes trouvailles en fin de film, celui-ci s'emmêle un peu et sa conclusion est légèrement décevante.

Au final, le plus important dans ce film restera la gigantesque performance des 3 acteurs. Gemma Arterton, en particulier, qui vient de gagner sa notoriété auprès du grand public après 3 blockbusters (Quantum of Solace, Le Choc des Titans et Prince of Persia) montre qu'elle n'oublie pas le « petit » cinéma qui l'a fait connaître (notamment les téléfilms de la BBC). Eddie Marsan confirme son grand talent, et Martin Compston (aperçu dans Sweet Sixteen de Ken Loach) s'ajoute dans la liste des acteurs à surveiller de près.

Dans des circonstances normales, ce film n'aurait donc pas reçu ses 4 étoiles, car il contient quelques imperfections, mais dans une volonté de soutenir ce style de cinéma, je lui met la note 4/5. Encore une fois, si à la place toutes ces bouses de pseudo-comédies américaines du style Confessions d'une accro au shopping ou Marley & Moi, les studios décidaient de donner la chance à des réalisateurs comme J Blakeson en produisant leur premier film, le 7e art dans son ensemble ne s'en verrait que grandi.
CroixDeMalte
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le 22 févr. 2012

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