Si Ben Stiller est plutôt habitué aux rôles comiques, il a déjà démontré par le passé qu'il pouvait très bien porter un rôle un peu plus sérieux (« La Famille Tennenbaum », par exemple). Greenberg, c'est SON rôle, une comédie dramatique qu'il va vraiment porter à bout de bras. Ce film est d'autant plus attirant qu'il est écrit et réalisé par Noah Baumbach (réalisateur de l'excellent « Les Berkman se séparent », et scénariste de « La Vie Aquatique » et « Fantastic Mr. Fox » de Wes Anderson).

Ben Stiller est donc Roger Greenberg, un musicien un peu à la déroute, qui ne sait plus vraiment où il en est. Après un séjour en hôpital psy, il retourne passer quelque temps dans la maison de son frère, celui-ci étant parti en vacances. Cela convient parfaitement à sa nouvelle mentalité, puisqu'usé d'avoir essayer de mettre en place des projets qui n'aboutissaient pas, Greenberg revendique désormais son « droit de ne rien faire ». Très vite, il va donc faire appel à l'assistante personnelle de son frère, Florence Marr (Greta Gerwig), une fille autant sinon encore plus paumée que lui.

Le film commence de façon assez classique : on sent qu'une relation aussi impossible que logique va se créer entre les deux personnages, aux vies tellement similaires que le couple va vite se transformer en « Je t'aime, moi non plus ». Une relation qui échoue donc, mais qui reste bien présente, car le statut de Florence l'amène à devoir rendre service à Greenberg. Le chien des Greenberg constitue d'ailleurs un lien assez fort entre les deux. Comme un fil rouge, tout au long du film, il constituera un point de repère dans cette relation houleuse.

Et puis, le film change de ton. La deuxième partie se voit traitée de façon bien plus grave, dépressive. Le spectateur se voit envahi d'un sentiment très troublant, tant le blues de Greenberg est communicatif. Une scène en particulier illustre cela, quand Brie Larson (déjà aperçue dans la série « United States of Tara » et le court-métrage The Babysitter ; prochainement à l'affiche de Scott Pilgrim) et Juno Temple s'invitent chez les Greenberg pour une soirée improvisée. La maison est envahie d'ados beaucoup plus jeunes que Roger Greenberg, mais pourtant, on sent qu'il se retrouve plutôt à l'aise à ce moment-là. Alors qu'il montre de grosses difficultés à communiquer avec trois personnes de son âge, il se livre sans aucun souci à une cinquantaine de jeunes de 20 ans.

C'est à la suite de cette séquence que Greenberg glissera dans une phase hors de contrôle, se fiant uniquement à son instinct, et allant même jusqu'à agir de façon déraisonnable. On sent qu'il est en train de s'abandonner à tout, de retomber dans ce qui avait dû contribuer à l'échec de sa vie d'avant. Mais, avant que la panique nous gagne, le réalisateur Noah Baumbach change à nouveau son film de sens et nous offre un final salvateur, à contresens de cette seconde partie.

Au final, si cette « dramédie » commence de façon classique, elle sait se détourner des habitudes des films indés « formatés » Festival de Sundance grâce au spleen dans lequel baigne la seconde moitié du film. Mais heureusement, un spleen dont est réellement délivré le spectateur dans les 5 dernières minutes.

Porté par des acteurs tous plus convaincants les uns que les autres (mention spéciale à Greta Gerwig), y compris les seconds rôles, Greenberg est une belle surprise à ne pas rater. On espère que le film marchera, mais quand on voit la concurrence, cela risque d'être difficile. Donc, si vous en avez l'occasion, rendez-vous dans les salles obscures dès le 28 avril pour voir Greenberg, un film le mérite.
CroixDeMalte
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le 4 mars 2012

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