Le « cinéma de genre français », une étiquette que l’on lit de plus en plus, pour venir caractériser un certain cinéma français qui se distingue de productions plus habituelles, d’ampleur variée, venant rappeler qu’en France, aussi, on sait explorer des genres variés. Cette étiquette, nous serions bien tentés de l’associer à La Dernière Vie de Simon, qui vient lorgner vers le fantastique et nous offrir quelque chose d’inhabituel.


Simon est un jeune garçon qui a une particularité bien peu commune : il est capable de prendre la forme de n’importe quelle personne qu’il a touché dans sa vie. C’est son secret, son atout, mais aussi son plus grand danger. La Dernière Vie de Simon se scinde en deux parties relativement distinctes, la première se déroulant pendant l’enfance, où l’on découvre le pouvoir de Simon, et où ce dernier rencontre Thomas et sa sœur Madeleine. La seconde partie nous fait les retrouver une fois jeunes adultes, où l’histoire se concentre autour d’une histoire d’amour. La capacité singulière dont dispose Simon est source d’un potentiel infini, et les options sont multiples, si, seulement, on les choisit bien.


La voie prise par La Dernière Vie de Simon laisse justement peu d’options, probablement volontairement, mais elle se heurte à un premier risque : laisser une chance au spectateur d’anticiper tout ce qui se déroulera par la suite. Naturellement, l’anticipation en question ne peut prendre en compte tous les éventuels rebondissements qui mèneront l’intrigue à sa résolution, mais elle fait reposer l’appréciation du film sur d’autres facteurs, comme la photographie, le jeu des acteurs, le montage… Autant d’éléments formels qui ne convainquent, hélas, pas toujours ici. La Dernière Vie de Simon est en effet un film d’intentions, que l’on a envie de voir réussir, mais qui tend à trop miser sur elles, exposant vite des fragilités et des faiblesses.


Si l’on cerne des éléments de discours sur la quête d’identité, le fait de pouvoir, voire de vouloir être quelqu’un que nous ne sommes pas, leur présence n’est pas suffisante pour en faire une grande oeuvre. Parfois bien trop convenu, parfois trop expéditif, avec des jeux d’acteurs qui, par moment, peinent à réellement convaincre, La Dernière Vie de Simon n’emporte pas autant qu’on aurait aimé être emporté. Pourtant, la belle musique d’Erwann Chandon crée une atmosphère qui rappelle au bon souvenir des films fantastiques de notre enfance. On relève aussi des jeux de regards bien amenés et mis en scène, leur éloquence permettant d’exploiter le pouvoir de Simon, qui leur donne un sens tout à fait particulier.


Oui, La Dernière Vie de Simon a des qualités et de bonnes intentions, mais ce n’est, hélas, pas suffisant. Il est difficile d’y croire, d’être véritablement emporté, de ne pas sortir du film à cause de quelques maladresses qui fragilisent un équilibre déjà instable. Encourageant, le film l’est sur plusieurs points, mais ce n’est, en tout cas, pas cette fameuse étiquette de « cinéma de genre » qui doit faire oublier des défauts trop présents dans un film qui surprend, malheureusement, guère.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
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le 13 févr. 2020

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