Les années 70/80 resteront les plus prolifiques pour Jesús Franco et en cette année 1975 c'est pas moins de dix films, soit presque un film par mois, qui sortent sur les écrans sous divers pseudonymes ( James P Johnson, Wolfgang Frank , Clifford Brown , Rick Deconinck ..). La Comtesse Perverse écrit à quatre mains avec Elisabeth Ledu De Nesle est une libre adaptation érotique (et même vaguement pornographique pour sa version longue intitulé Sexy Nature) des Chasses du Comte Zaroff en version plus féministe.


L'histoire est donc celle de Silvia une jeune ingénue qui accepte de suivre son amant du moment et sa femme pour un séjour dans une immense maison perdue sur une île et tenue par les aristocratiques époux Zaroff . Au menu du week-end, jeux érotiques et viande fraîche...


Il faut bien savoir que La Comtesse Perverse est avant tout un film érotique bien plus qu'un récit fantastique ou horrifique. On aura beau voir de loin une vague tentative de décapitation à la scie avec un ridicule filet de sang rouge, pour l'essentielle le film comporte des scènes de sexe et de nudité qui occupent bien les deux tiers du film. La version longue comprenant quelques plans plus suggestifs et pornographiques n'apporte strictement rien si ce n'est de ralentir encore un peu plus le rythme déjà assez lent du film et de transformer la sensualité des étreintes en quelque chose d'un peu plus cru et vulgaire. Car si l'exposition systématique de corps dénudés et la fréquence régulière de scènes de sexe font que le film s'adresse avant tout aux amateurs et amatrices d'érotisme, on reste un cran au dessus du film de cul basique pour voyeurs peu regadant. Tout d'abord Jesús Franco même lorsqu'il s'attarde en gros plan sur les intimités de ces actrices sait filmer une certaine sensualité et un amour évident le corps des femmes avec une caméra qui glisse souvent à fleur de peau comme une caresse. Forcément même si le film propose aussi de la nudité frontale masculine, l'un des atout du film reste ses très belles actrices avec tout d'abord Alice Arno dans le rôle de la Comtesse Ivana Zaroff adepte de la chasse à l'arc en tenue d'Eve, des grosse pièce de viande rouge et des étreintes saphiques. La comédienne que l'on a pu voir dans un tas de films érotiques et pornographiques aux titres rigolos (L'arrière Train Sifflera Trois Fois, Règlement de Compte à OQ Corral, Les Karatéchattes, La Pipe au Bois …) possède une sorte de froide aristocratie dans le regard qui convient parfaitement au rôle. On pourra aussi reconnaître le visage (ou autre chose) de Pamela Stanford habituée aux films de nazisploitation produits par Eurociné (Helga La Louve de Stillberg, Train Spécial Pour Hitler, Elsa Fraülen SS, Nathalie rescapée de l'Enfer). Et puis bien sûr il y-a la délicieuse muse de Jess Franco Lina Romay qui bien que non créditée au générique tient peut être le rôle principale du film. De film en film je tombe de plus en plus profondément sous le charme de la comédienne avec son naturel frondeur, ses immenses yeux, son charmant sourire, son corps magnifique, son aura solaire et cette délicieuse attitude un peu badass et détachée. Une nouvelle fois Lina Romay est assez magique dans ce film même lorsqu'elle joue mal, elle est juste irrésistible.



Le film de Jesús Franco possède d'autre atouts à faire valoir que le simple charme de ses comédiennes. Tout d'abord le film bénéficie de fabuleux décors naturels dont une imposante maison à l'architecture étrange qui fera dire au personnage de Silvia (Lina Romay) : "Cette maison me fout la trouille" et dont l'intérieur (même si c'est une autre maison qui a été utilisée) comporte un fascinant escalier digne d'une illusion d'optique avec des murs et des marches rouge sang. Jess Franco utilise le grand angle et des cadrages très travaillés pour donner à son film une tonalité étrange et assez oppressante. La séquence de chasse bien que tardive et manquant un peu de souffle offre aussi un joli moment de tension. Et puis on retrouve aussi Howard Vernon, fidèle complice de Franco qui incarne le conte Rabor Zarrof et dont les petits rires sadiques m'auront bien amusés. La Comtesse Perverse est aussi un film avec un point de vue assez féministe puisque c'est la comtesse qui porte la culotte (enfin quand elle en a une) , qui chasse et qui décide tandis que le conte est cantonné aux cuisines et aux ordres de madame. Dommage que Jesús Franco étire souvent un peu plus que de raisons ses séquences car le film aurait gagné à être plus compact et mieux rythmé (à ce titre il est préférable d'éviter la version longue porno soft).


La Comtesse Perverse est un bon Franco avec beaucoup l'érotisme, un peu d'humour décalé et un léger soupçon d'étrangeté et d'horreur. En tout cas le film se regarde avec plaisir et sans le moindre sentiment d'ennui (privilégiez une nouvelle fois la version sans les quelques scènes pornographiques)


freddyK
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le 1 déc. 2023

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Freddy K

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