Souvent jugé à tort comme à raison comme le volet le plus faible de la saga, La Coccinelle à Mexico fait surtout penser aux nombreux dessins animés de Disney dans sa période Mexique, type Les Trois Caballeros. Ça sent les fonds de tiroirs peu inspirés. Il fait aussi songer à la modification des paroles du générique de la série Rex, série policière autrichienne dont le héros est un chien plus qu'intelligent, lorsque celle-ci s'exporte en Italie, au grand dam de bien de ses admirateurs: "Around the world, he'll be the same". Ça sent l'exploitation internationale qui présageait des MIB International ou le Charlie's Angels du cru 2019.
Alors, peut-on dire de Choupette qu' around the world she'll be the same ?


La Coccinelle à Mexico ne plaira certainement pas aux aficionados de Choupette. Il est à l'image de sa chanson - car, oui, cette fois, il y a une chanson - intitulée Un Copain, brave petite chansonnette sur le thème de l'amitié qui n'échappe hélas pas à la guimauve voire à la niaiserie. Gentillet, sans grande prétention, le film cumule tous les défauts du troisième opus, sans jamais s'en approprier les qualités. Tout juste rappelle-t-il le temps d'un gag quasi-final la scène du qui-pro-quo entre la femme qui pense séduire et l'homme qui voue son admiration pour la plastique d'une machine, ici avec un bateau: "Quelle ligne !"
Comme dans le précédant opus où Choupette se voyait renommer Roméo, Roméo-Choupette est renommé Ocho - comprendre Huit en espagnol, l'addition des deux chiffres sur son capot, 5 + 3. Choupette, si la franchise s'était lancée sur ce mode-là eût bien vite eu plus de nom de code que James Bond et OSS117 réunis !
S'ajoute à cela le retour d'une intrigue sans rapport avec quelque course de voiture que ce soit, comme dans le second volet, même si le "héros" vient d'abord la chercher à cette fin et annonce la course à venir en fin de métrage.
Enfin, comme dans La Coccinelle à Monte Carlo, le genre tente de se renouveler à l'aune des succès de l'époque ou des bombes que Disney s'apprête à faire sauter dans les salles obscures. Ainsi, ce n'est plus à une aventure de la Love Bug que l'on assiste mais à un périple du Love Boat: le film faisant tout de même penser en grande partie à la fameuse série La Croisière s'amuse ! Voyez plutôt le pitch: Pete Stancheck, neveu de Jim Douglas et jeune coureur automobile, vient réceptionner à Mexico la coccinelle que son oncle lui a offert pour se lancer. Il l'emmène à bord du Sun Princess, un grand paquebot géré d'une main de fer par le Capitaine Blythe, sur lequel il entend voyager avec son ami Davie Johns (non, ce n'est pas une blague, un homonyme du futur Capitaine du Hollandais Volant de Pirates des Caraïbes) et convoyer son véhicule. À bord, il fera la connaissance de la jeune et belle doctorante Mélissa et de son excentrique tante Louise qui désire tant séduire le Capitaine que caser sa nièce. À tout ce petit monde vient s'ajouter un enfant pauvre du Mexique qui voyage en passager clandestin dans le capot de Choupette. Set a course for adventures, your mind on a new romance: love won't hurt anymore, it's a open smile on a friendly shore !
Renouvellement également en mêlant film mythique de 1921 - The Kid de Charlie Chaplin et l'à venir Indiana Jones, sans doute déjà en production. Comme Charlot et comme la voiture initiale de son film, Choupette va recueillir un enfant perdu, comme le Pr Jones ou plutôt son acolyte Demi-Lune, le parfois insupportable petit Paco va fuir des truands en col blancs, impeccablement doublés en version française par le duo inattendu Jean-Claude Michel (alias Peter Graves)-Alain Dorval (alias Sylvester Stallone), qui veulent s'accaparer un trésor inca dont la place est dans un musée. Cela ne vous rappelle rien ? Laissé cependant en simple toile de fond qui prend toute son importance en fin de film, l'intrigue archéologique parvient tout de même à annoncer son brillant cadet dans deux scènes à la photographie et aux dialogues vraiment très semblable.


Le jeune Paco, qui a fait de Choupette son taxi pour gagner de l'argent, entre dans un bar miteux et demande si c'est bien là qu'on cherche un taxi. Apparaissent alors, qui l'attendaient, les truands aux chapeaux. Et le cerveau de la bande de répondre: "Juste le chauffeur !"
Mélissa, Pete et Davie Johns (toujours pas le pirate) entrent chez un conservateur de musée pour lui apporter l'artefact que Choupette a récupéré des mains des truands et les dits truands de faire irruption dans la pièce en les remerciant.


Mais voilà, c'est de l'Indiana Jones, du Kid et du Love Boat mêlés, pas une histoire de Coccinelle. Il eût fallu faire se rejoindre toutes ces pistes narratives autour d'une course sud-américaine et donner une meilleure place au neveu de Douglas - qui apparaît bien gauche et inutile - ou, mieux, trouver une place pour Jim Douglas dans cette nouvelle aventure.
D'autant que dans ce nouveau tissu de segments narratifs de tous fils, les ficelles sont souvent très grosses et leur assemblement très grossièrement simplifié. D'autant que l'humour et l'ambiance générale du film n'a plus ce double public du premier opus et vise principalement les enfants. À l'image de son klaxon final comme ultime petit gag...


Attention, tout n'est pas à jeter dans cette croisière de la Coccinelle !
C'était déjà en soi un sacré défi d'imaginer ce que pourrait vivre et faire Choupette sur les ponts d'un paquebot de luxe. Cela devient un bijou de fantaisie, que tous ne goûteront pas, quand le cruel capitaine livre notre petite auto favorite au supplice de la planche !
Le passage par le Mexique en quasi-circuit fermé fait quant à lui carte postale - ce qu'une course automobile aurait rendu peut-être plus vraisemblable - et se fend d'une belle petite scène fantaisiste quoique très prévisible, ne serait-ce que du fait de l'affiche du film, où Choupette joue les toréadors. Toréador, l'Amour, l'Amour t'attend !
Il n'aura pas non plus échappé aux amateurs du cinéma de Mel Brooks que deux de ses vedettes fétiches, qu'on aura déjà vues plus jeunes dans une relation fétichiste perverse dans Le Grand Frisson en 1977, j'ai nommé Cloris Leachman et Harvey Korman. Pour qui aime les oeuvres de ce Prince du Spoof-movie, la présence inattendue de ses deux ténors dans une aventure de La Coccinelle a de quoi attirer et même de quoi plaire. Cloris Leachman, habituée aux rôles de mégères acariâtres et repoussantes, trouve ici un rôle bien plus sympathique de vieille tante fofolle, charmante de naïveté et de gentillesse tandis qu'Harvey Korman cabotine joyeusement dans un mélange peu orthodoxe des Capitaines Stubing-Haddock-Crochet. Cela ne suffit pas toujours à sauver le film, peut décevoir autant les amateurs de Choupette que ceux de Mel Brooks. Toujours est-il que le vrai plaisir du film réside dans le jeu jouissif et sans retenu d'Harvey Korman qui, premier à y parvenir et dernier sans doute, parvient par instant à égaler David Tomlinson, sans partager cependant la finesse de ce dernier.


Choupette s'exporte donc assez mal au Mexique ou sur les terres d'autres succès télévisuels ou cinématographiques et ce, malgré ses quelques belles trouvailles.
Reviendra-t-elle cependant ?
Let it flow, it floats back to you:
the Love Bug soon will be making another run
the Love Bug promises something for everyone !

Frenhofer
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le 26 nov. 2019

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