LE CHAIR ET LE SANG s'inscrit comme la première rencontre entre Paul Verhoeven et les États-Unis. Tourné en Espagne mais en langue anglaise pour deux sociétés majeures du cinéma américaine ; à savoir Orion Pictures et The Ladd Company, ce long-métrage coécrit par Paul Verhoeven et son partenaire Gerard Soeteman va présager la subversion du cinéaste dans tous les mécanismes hollywoodiens qu'il va emprunter.


Quelques années après que Schwarzenegger interpréta Conan Le Barbare (avant de collaborer avec Verhoeven pour Total Recall une décennie plus tard), Verhoeven marche sur les traces du genre de l'heroic-fantasy. À ceci près qu'il n'y a rien d'héroïque, ni de fantastique dans le Moyen-Age chaotique qu'imagine le réalisateur.


L'introduction donne le ton. Dans l'Europe de l'Ouest du début du 16ème siècle, une bande de mercenaires obéit aux ordres du seigneur Arnolfini (Fernando Hllbeck) afin que celui-ci récupère ses terres. Dans l'espoir de pilier le village en guise de récompense, la bande s'en donne à coeur joie pour semer la terreur. Leur humour est gras, les mises à morts sont ignobles à voir. Pas un personnage paraît récupérable, pas même les enfants qui profitent de l'état de détresse de pauvres victimes pour les détrousser. Et pourtant, quelques minutes plus tard, ces bourreaux vont alors devenir victimes. Trahis par le seigneur, ils vont alors se lancer dans une quête vengeresse divine aidée par Saint-Martin ; à la fois relique divine et un leader charismatique joué par Rutger Hauer.


Une fois ce semblant de quête mené, "La Chair et Le Sang" étale pendant plus de deux heures un récit sans concession à la limite du survival médiéval. À en croire ce qu'il raconte au fils du Seigneur, celui-ci plus attiré par les sciences, la survie est la seule chose qu'a appris Martin au cours de sa vie. Lui et ses acolytes, sans aucune morale, vont alors s'approprier tout ce qu'ils et elles peuvent croiser sur leur route et survivre peu importe où ils se trouvent. Quitte à refuser de se préoccuper par les dangers qu'ils frôlent à chaque instant, entre chevaliers et peste noire.


Radical, La Chair et Le Sang est un film qui nous met à rude épreuve. Sa brutalité est au même niveau que l'ambivalence morale qu'il projette sur ses personnages. Un film déroutant dont les notes d'intentions seront reprises dans la suite de ce que va nous proposer Verhoeven, entre pastiche implacable de la science-fiction et récit sur la seconde guerre mondiale.


Victor Van De Kadsye

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le 23 juin 2021

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