Histoire d'une cavale vue du côté des enfants, "La belle vie" fait d'abord penser à "A bout de course" de Lumet et on suspecte le film d'en être un remake terne, c'est tout le contraire : si la référence reste à l'esprit tout au long du film, La Belle Vie surpasse son ainé.
Musique folk et balade en cariole au milieu des Pyrénées, le début expose rapidement le parti pris du film : s'encrer dans un contexte social et géographique profondément français mais proposer une esthétique à la croisée de la France et des Etats-Unis. La façon d'exposer les positions sociales et de marquer leurs différences, le côté film de vacances, ainsi que certaines scènes potaches (la rencontre entre Gilda et Sylvain alors que celui-ci parcourt la rivière à la recherche de son slip, référence à Renoir dixit le réalisateur) sont une marque d'attachement au cinéma français, mais le road-movie sur l'eau est tiré de Huckleberry Finn (livre lu par l'ainé) et le fleuve est filmé comme le ferait Jeff Nichols, certains plans (les nuées d'oiseaux au crépuscule notamment) semblent même directement extraits de Take Shelter ou Mud. A ce propos, il est important de noter que Mud n'a pas servi d'inspiration à La Belle Vie, les deux films ayant été tournés à peu près au même moment.
On pourra regretter la musique folk qui fait sens sur le papier mais qui, concrètement, fait plus acculturation que hybridation culturelle. Parce que la folk est autant un symbole de globalisation que McDo, mais aussi parce que les morceaux proposés sont faibles.
Pour le reste, c'est aussi audacieux que réussi. Les dialogues sont très inspirés, à la manière d'un "Arrête ou je continue", mais sans jamais se montrer autocomplaisant. La trame ose l'aventure, le romanesque, le non-moderne. Côté acteurs, on remarque le père, Nicolas Bouchaus. Son jeu est atypique et il faut du talent pour ne pas devenir une marionnette quand on s'impose un tel niveau d'articulation.
Solène Rigot étonnait dans Tonnerre de par son visage enfantin. Ici elle crève l'écran et nous implique comme jamais dans la romance qui nait entre elle et le héros.
C'est bien à cela qu'aboutissent toutes les réussites de la Belle Vie : on y ressent une histoire d'amour et le déchirement de la cellule familiale comme si c'était la première fois qu'on les voyaient au cinéma, n'est-ce pas là la marque d'un grand (premier !!) film ?
dillinger0508
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le 10 avr. 2014

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