Bien que pas si horrifique que ça, mais l'ambiance et les décors sont très lugubres dans cette version tchécoslovaque de La Belle et la Bête, surnommée "La Vierge et le Monstre" si on traduit bien.
Bien qu'on retrouve les ingrédients connus du conte, dont le mobilier vivant en guise de serviteurs (et autres trucs que je ne listerais pas car attendu et conventionnel), et que la Bête ne fait pas spécialement peur quand on voit enfin sa figure, le film reste assez original par rapport à ceux de Jean Cocteau et Disney - exemples :
La ruine du père de Julie (la Belle) est ici à cause des sbires de la Bête dans sa Forêt Noire et non à cause d'un naufrage en pleine mer.La Bête est présenté d'abord comme un tueur monstrueux digne d'un giallo car on ne voit d'abord que ses mains monstrueuses.La Bête a d'ailleurs ici une tête d'oiseau noir au lieu de celle d'un fauve. Même si ça le rend peu effrayant, l'idée reste intéressante.
La Bête ne montre pas son visage tout de suite à Julie pour ne pas l'effrayer, et cette dernière tombe amoureuse de lui de par sa voix et ses petites attentions.Pas de miroir magique mais une porte/portail magique qui permet à la Belle de rentrer chez elle.Et surtout : pas de Gaston ou autre antagoniste/prétendant superficiel. Mais on a une voix qui tourmente la Bête. J'ai adoré car ça rajoute un brin de mystère au film : à qui appartient cette voix ? Est-ce un serviteur ? La personne qui a maudit la Bête ? Voire tout simplement la (mauvaise) conscience de la Bête ?D'autant que Panna a netvor (le nom original du film) sous-entend qu'il n'a pas été maudit par une sorcière, mais qu'il serait comme ça de naissance ou à cause d'une raison inexpliquée. Mais qu'être une Bête l'avantage aussi car il peut faire ce qu'il veut sur ses terres, trucider tout et tout le monde. Tandis qu'être humain le rendrait vulnérable, mortel.
Mais finalement, il découvre l'Amour et il accepte son sort. Mais la "magie" de Julie intervient et le rend beau et humain, un prince charmant en sorte.
C'est pour cela qu'ils disent, à l'image du contraste du film (une première moitié très lugubre, "sale", "monstrueuse", et une seconde plus dramatique, douce, belle ...)
Toute femme a le pouvoir de rendre beau celui qu'elle aime.