La Bataille de la Montagne du tigre est donc le dernier film de Tsui Hark. Sorti fin décembre 2014 en Chine, le film a cartonné au box-office local et fini premier devant ses concurrents (le nouvel an chinois est une période cruciale pour l’industrie, la majorité des chinois n’allant au cinéma qu’une fois par an à cette époque de l’année). Après avoir dominé la production cinématographique hong kongaise, puis traversé une période creuse dans les années 2000 (marquées cependant par le chef d’œuvre Seven Swords) de semi-échec, qui eut cru qu’il deviendrait le maître du box-office chinois ? Ce sacré Tsui Hark a décidément plus d’un tour dans son sac pour faire mentir ses détracteurs.
Le film est-il pour autant une réussite ? Eh bien oui et non. Oui, le cinéaste hong-kongais nous offre un spectacle éblouissant dans lequel Tsui Hark met tout son savoir-faire. Les paysages enneigés sont magnifiques, les autres décors comme le village et le fort sont aussi très réussis. Ceci aidé par une belle photographie comme à son habitude. Le film est bien rythmé et l’histoire comporte assez de rebondissements pour qu’on ne s’y ennuie pas une seule seconde. Les personnages sont attachants et le héros, celui qui infiltre les bandits, est assez charismatique ; notons que Tony Leung Ka-Fai qui joue leur chef est presque méconnaissable dans ce rôle. La meilleure séquence du film est celle où un groupe de 300 bandits attaque un petit village défendu par un faible nombre de soldats, qui mettent astucieusement en place des pièges pour repousser les assaillants. De plus le film évite de tomber dans l’écueil de la glorification facile des héros communistes.
Mais l’œuvre possède malgré tout quelques petits défauts. Le début est ainsi un peu confus, il y a beaucoup de personnages et les situations ne sont pas très claires. Heureusement le brouillard se dissipe au cours du film au fur et à mesure que les enjeux se mettent en place. De plus le prologue et l’épilogue qui se passent de nos jours sont assez dispensables, même si on comprend l’intention du réalisateur en les faisant : atténuer l’effet possible de propagande du régime chinois. Mais le défaut principal du film c’est cet aspect très lisse du métrage, tout y est très gentillet, voir même un peu naïf. On ne sent pas une réelle implication de Tsui Hark, c’est un film de commande et même si on y retrouve sa patte dans la réalisation, il reste au final assez impersonnel. Ceci dit le métrage reste un excellent film qui distance de loin le reste des réalisateurs chinois et hong-kongais