Après des canons, c'est un pont qu'il faut détruire à tout prix !

N’ayant pas connu le même succès commercial et critique, cette suite du long-métrage Les canons de Navaronne est une belle prouesse technique qui m'a bien diverti. Le principe est le même que celui du premier, produire une superproduction de même gabarit que le précédent long-métrage avec un budget confortable. Ce qui est chose faite en constatant un scénario qui est pratiquement le même que celui du film Les canons de Navaronne sauf que cette fois-ci, c’est un pont qu’il faut détruire. Dans cette nouvelle production, tous les ingrédients sont réunis pour faire en sorte que ce long-métrage atteint le même objectif que le premier tels qu'un commando expert dans leurs domaines respectifs, un objectif capital à atteindre, une mission à haute risque et un scénario truffé d’une multitude de dangers à affronter.

Vu le succès incontestable du film Les canons de Navaronne, on ne pouvait pas refuser d'être devant de nouvelles aventures militaires aussi divertissantes que celle qu'on a pu vivre dans le premier long-métrage. Cependant ! Était-il vraiment nécessaire de faire une suite du premier film ? Je ne pense pas que faire défiler le générique du début avec des images de l’explosion des canons de Navaronne et de remplacer deux acteurs ayant interprété des protagonistes principaux du précédent film tels que Mallory et Miller par deux autres étaient deux choses que les fans auraient appréciées. En effet ! Cette suite se déroule quelques mois plus tard de la fin des événements du premier film et on retrouve deux membres de l’ancien commando, Mallory et Miller, dans une nouvelle mission aussi hasardeuse que la précédente.

D’un côté, le remplacement des deux acteurs étaient justifié car la production Les canons de Navaronne a été réalisée en 1961 et L'ouragan vient de Navarone en 1978. C'était donc logique de ne pas reprendre Gregory Peck et David Nillen, bien trop âgés pour qu’ils puissent camper leurs personnages dans une nouvelle mission se passant la même année que Les canons de Navaronne. Mais comme je l’ai dit, une production avec une nouvelle histoire, des nouveaux personnages, un contexte scénaristique gratifiant et plus de moyens techniques aurait bien été plus judicieux et raisonnable que de prolonger l'histoire du précédent long-métrage. Même si le film est bon dans l’ensemble, il y a malheureusement pas mal de défauts qui m’ont empêché de retrouver le même niveau sensationnel que celui que j'ai ressenti pendant le visionnage de l’autre film.

Certains sont bénins, d'autres pas du tout. Je peux citer par exemple la présence d'Harrison d'Ford, un acteur qui vient à peine d'être devenu populaire par sa prestation héroïque d'Han Solo dans le Nouvel Espoir. Ce dernier n'est malheureusement pas aussi convaincant dans la peau de son personnage que celui du contrebandier dans son précédent film. On sent qu'il n'est pas très à l’aise dans le rôle d’un jeune colonel, on dirait même qu'il a été très gêné pendant le tournage. Bref ! Harrison Ford semblait être une erreur de casting. De même pour Robert Shaw et Edward Fox interprétant Miller et Mallory sans avoir le charisme que Gregory Peck et David Nielen l'avaient dans Les canons de Navaronne. Et le reste du casting n’est pas mieux, moins marquant que celui qui composait l’ancien commando, sans oublier une Barbara Bach qui m’a donné l’impression de tirer la même tête pendant tout le film.

L’importance, c’est que le divertissement et les scènes d’action sont bien présents et très engageants pour qu'on puisse obtenir satisfaction, moins efficaces que ceux du premier film mais suffisamment prenants pour trouver du plaisir à mater cette suite. Les dangers sont différents pour les défier de différentes manières, l’action prend plus de place que les émotions et les dialogues, le film a été tourné dans une Yougoslavie aussi hostile que la Grèce et la difficulté de la mission est pratiquement la même que celle de la précédente production.

Le réalisateur Guy Hamilton a réalisé un travail très correct dans la mise en scène, chaque scène s’enchaîne sans accroc et met à l’évidence le contexte inquiétant de la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier a su dépeindre les affrontements et les scènes mouvementés de réalisme, notamment dans la scène de la destruction du pont, une construction qui n'était qu’une maquette à faire exploser. Le budget accordé à ce film était estimé à 10 millions de dollars et cette production n’a rapporté que 7,2 millions de dollars, ce qui n’est malheureusement pas suffisant pour motiver d’autres producteurs de créer d'autres films du même genre et c’est fort bien dommage. 7/10

Laisse la nature faire son travail !