En 1995 sort Seven de David Fincher et le succès est colossal. 33Ms de budget, 330M$ au box-office. Alors forcément, on a vu débarouler tout un tas de films essayant de surfer sur la vague, de Le Collectionneur (1997) au Masque de l’Araignée (2001) en passant par Le Témoin du Mal (1998) ou encore Résurrection (1999). Alors la Warner s’est dit que, pourquoi ne pas coller Steven Seagal dans une bobine un peu similaire, histoire de voir si ça ne relance pas un peu la machine qui, de film en film, semble s’épuiser à fur et à mesure que Seagal prend du poids ? Ils mettent 45M$ sur la table, tentent de mettre en boite le scénario du nouveau venu Kevin Brodbin, mais c’est à nouveau un échec. Bien qu’il a dû être rentable par la suite avec les ventes VHS et les locations en vidéoclub, L’Ombre Blanche finit sa course dans les salles obscures avec un score de 42M$ de recettes, soit même pas le budget de départ, sans doute à cause de la mauvaise réception public et critique. Oui, la chute de Steven Seagal est amorcée, et il n’a pas de parachute.


Ce coup-ci, c’est un certain John Gray qu’on colle à la réalisation, un illustre inconnu qui à l’époque n’avait que Billy Galvin (1986) et Drôle de Singe (1995) son actif, deux bobines tout aussi inconnues que leur metteur en scène (il n’a pas fait grand-chose de bien marquant depuis). Et comme dans plusieurs autres de ses films, le personnage de Steven Seagal était autrefois un super warrior de la mort qui tue, et aujourd’hui, il est reconverti, ici en criminologue. Et comme il est boudhiste, sa religion l’empêche de se battre. Mais lorsque ça commence à chier, ses compétences passées vont ressurgir et fuck la religion, il va casser des bras et faire sauter des plombages. Même s’il commence à un peu trop abuser des bonnes choses et qu’il entame sa phase de gonflage, il reste malgré tout relativement vif et agile comme le saumon, même si on a clairement l’impression qu’il ne fait pas réellement d’effort et qu’il est un peu paresseux. Comme à son habitude, Seagal brille par son manque de talent d’acteur. Sa palette d’émotions est extrêmement limitée et ça en devient limite hilarant de le voir tenter de jouer l’intimidation, la menace ou même le dégout. Il faut dire qu’il n’est pas bien servi par des dialogues qui tombent parfois dans le risible, avec des petites blagues et punchlines qui auraient pu être écrites par un enfant de 8 ans. Le reste du casting, composé de têtes connues des années 80/90 comme Bob Gunton (Les Evadés), John M. Jackson (Des Hommes d’Honneur), Richard Gant (Rocky 5), ou encore Michelle Johnson (La Mort vous va si Bien) n’est pas en reste et ne semble guère plus inspiré que Saumon Agile, à l’exception peut-être de Keenen Ivory Wayans (Spoof Movie, Wanted), qui fait office de sidekick et qui prend son rôle plutôt au sérieux, sortant du lot de cette presque calamité qu’est L’Ombre blanche.


L’ensemble est quand même assez plat, pas très intéressant, avec ce scénario qui surfe donc sur la mode des thrillers qui sévissait aux Etats-Unis. Sauf que cette enquête à la Seven n’est là que pour cacher un actionner classique à la Seagal, un actionner d’ailleurs pas très palpitant car trainant beaucoup trop sur sa première moitié. La narration est assez désordonnée, comme si personne ne semblait comment lier d’un côté cette enquête et de l’autre les bastions Seagaliennes, et on a cette impression qu’on a pris plein de petits bouts de films connus et qu’on a essayé de les lier entre eux. Le résultat a le cul entre deux chaises, en plus d’être cruellement paresseux et réellement prévisible. Les séquences d’action, bien que loin d’être les meilleures de Seagal, sont plutôt décentes et font parties des quelques rares choses à sauver du film. Le réalisateur s’amuse avec sa caméra. Plans cassés, caméra à l’épaule, plans « oniriques », mais le résultat est un peu vain car ce n’est pas utilisé quand il le faudrait et, de toutes façons, ce qui nous est raconté n’est guère passionnant. Alors oui, les amateurs de bisseries se marreront devant ce scénario qui se prend au sérieux mais qui aligne parfois des scènes improbables (la scène avec la prothèse mammaire par exemple, ou encore celle de la lame de rasoir cachée dans une carte de crédit), mais c’est clairement le début de la fin pour Seagal qui ne fait plus recettes et qui semble avoir lassé le public.


Après avoir été un des rois de la série B d’action à la fin des années 80 / début des années 90, Steven Seagal amorce sa longue descente aux enfers avec le très médiocre L’Ombre Blanche. Il y a encore quelques fulgurances mais ce n’est clairement pas bon.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-lombre-blanche-de-john-gray-1996/

cherycok
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le 14 mars 2024

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