L'histoire d'une utopie aussi éphémère qu'un été ...

J'ai été un peu partagé au moment de noter ce film, parce qu'il dispose tout de même de quelques lacunes qui ne le placent pas au-dessus d'un bon divertissement. En effet, on peut lui reprocher une mise en scène assez classique, des effets numériques parfois (bien) brouillons et un scénario "arrangeant" la réalité historique pour romancer voire romantiser l'ensemble.

Seulement voilà, peut-être est-ce à cause du contexte de fin 2020, mais L'incroyable histoire de l'île de la Rose sonne juste et d'actualité. Pourtant, l'histoire de cet homme qui a souhaité créé sa propre micro-nation au large des côtes italiennes se déroule en 1968, et elle n'est pas isolée d'autres cas autour du globe. Mais elle sonne juste. Nombreux sont ceux qui, en cette fin d'année et en vue de l'écologie, de l'épidémie, de nos politiques et de la société, se demandent "s'il ne vaudrait parfois pas mieux avoir son propre état" ? Eh bien certains l'ont fait. Et, spoilers, ça s'est mal passé. C'est, malheureusement, la fin logique d'une utopie dans notre monde.

Le tout, baigne dans une ambiance estivale à l'esthétique soignée, aux couleurs chaudes et travaillées dignes de l'Italie et de la Méditerranée, avec des personnages pas tous intéressants mais pour la plupart tous très bien campés, ce qui donne une certaine propreté au film et permet, au passage, de mettre en avant la corruption au sein du système italien. Ce dernier est d'ailleurs plutôt bien représenté ici, avec des supérieurs devant rendre des comptes à d'autres supérieurs pour en arriver ... au Vatican, et à une subtile discussion autour de la une d'un journal qui met en avant la photographie ... d'un cul. On rigole donc aussi, et ça fait du bien.

Enfin, d'autres thèmes arborent l’œuvre : les différences générationnelles et les incompréhensions qui en découlent, ou bien le rapport au travail et au mérite, mais tout cela reste secondaire. Même si la fin manque selon moi de parti pris (et c'est dommage), la réflexion centrale du film tourne autour de l'acquisition possible d'une "réelle" liberté. Et le gouvernement italien a donné sa réponse à l'époque.