S’appuyant sur le roman d’H.G. Wells, le film bénéficie, en premier lieu, d’une histoire en or. Si quelques ajustements ont été effectués dans le scénario pour, notamment, mettre en avant une aventure plus palpitante, le matériau de base n’est pas trahi. Partant de là, le propos est, quoi qu’il en advienne, intéressant. La réflexion autour de la manipulation génétique et de la constitution d’une société nouvelle par un savant fou qui joue les apprentis sorciers est pertinente. On a pu reprocher au film de sacrifier la réflexion philosophique au profit d’une production spectaculaire, ce qui paraît injuste. Le propos est au cœur du récit et en faire davantage aurait conduit à un film certainement trop démonstratif, caricatural et bavard.


Un aspect caricatural auquel n’échappe d’ailleurs pas tout à fait le film puisque c’était aussi le sens du roman de Wells, à savoir stigmatiser les hommes qui cherchent à rendre culturel tout ce qui est naturel. Mais le film a cette intelligence de n’être justement pas trop didactique et de proposer des personnages qui sont plutôt bien écrits et interprétés. On pourra simplement estimer que le personnage de Barbara Carrera est tout à fait inutile. Burt Lancaster est parfait (on est à cent lieues du cabotinage de Marlon Brando dans la version de Frankenheimer) et Michaël York, s’il manque de charisme, fait le job. Du côté des maquillages souvent moqués pour leur aspect kitsch, on est très proche de ce qui se faisait dans la saga de La Planète des singes, ce qui n’est pas déshonorant.


S’il ne s’agit pas d’un grand film et si on est parfois proche du film de série typique des années 70, le résultat est cependant convaincant. Le climat sait être oppressant dans une île, à bien des égards, inquiétantes même si les créatures qui la peuplent ne sont pas réellement effrayantes. La réalisation reste globalement habile et certains plans sont plutôt saisissants. Les combats entre les animaux et les êtres hybrides sont extrêmement réalistes et la fin du film s’apparente à la fin d’un cauchemar, signe que l’entreprise a été plutôt bien conduite à défaut d’être totalement remarquable.

Play-It-Again-Seb
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le 19 août 2021

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PIAS

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