"I wish there was some way to pass on with what I've learned of."

Schaffner s'essaie au drame hybride, familial, existentiel, en temps de guerre, en même temps qu'il renoue avec George C. Scott 7 années après la célébration de "Patton" (pluie d'Oscars), au moyen d'une adaptation d'un ouvrage posthume d'Ernest Hemingway paru en 1970. Le cadre est original, on découvre une île de l'archipel des Bahamas en même temps qu'on découvre le personnage principal, un homme présenté comme menant une vie tranquille, retirée, en solitaire et entouré de seulement quelques connaissances. Mais force est de reconnaître que le contenu sera rapidement décevant, un brin poussif, quelque chose avec quoi Schaffner ne semble pas très à l'aise.


Dans un premier temps, il est question de dévoiler une part comme refoulée de son passé : sa vie paisible est troublée par la visite de ses trois fils, visite au terme de laquelle le plus âgé lui annonce son engagement dans la Seconde Guerre mondiale — le récit se situe en 1940. Rien de bien folichon à ce niveau, Scott a du mal à jouer le père qui essaie de montrer un semblant de proximité avec sa progéniture, et le rapprochement entre les deux pôles enfants / parent génère très peu d'intérêt (la scène de la pêche étant censée être le temps fort émotionnel, c'est l'insouciance). Puis sa femme débarque sans prévenir : on ne comprend pas plus que lui la raison de sa venue, avant qu'elle ne lui déclare qu'elle va se remarier (acte de divorce) et que leur fils a été tué en Europe. C'est le début de la fin pour la santé mentale du protagoniste, il encaisse mal la chose, le passé commence à le remuer, et à partir de là Schaffner s'essaie au mélodrame et à la mélancolie : c'est un échec, au même titre que les regrets du père qui écrit une lettre à ses enfants après leur visite pour leur dire qu'il les aime. Et puis s'engage la dernière partie, typée aventure, en rupture franche avec le reste, et c'est la fin de la fin : mission sauvetage, scènes d'action avec des fusillades en bateau, bref, point final d'un film raté dans les grandes lignes.

Créée

le 10 janv. 2024

Critique lue 10 fois

Morrinson

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur L'Île des adieux

L'Île des adieux
Cinephile-doux
6

Mélancolie caribéenne

En 1940, Thomas Hudson vit retiré dans une île aux Bahamas et occupe son temps entre pêche et sculpture. Ses trois fils viennent lui rendre visite. L'un d'eux va s'engager dans la guerre. Cette...

le 20 juin 2020

4 j'aime

L'Île des adieux
Morrinson
4

"I wish there was some way to pass on with what I've learned of."

Schaffner s'essaie au drame hybride, familial, existentiel, en temps de guerre, en même temps qu'il renoue avec George C. Scott 7 années après la célébration de "Patton" (pluie d'Oscars), au moyen...

le 10 janv. 2024

L'Île des adieux
YgorParizel
6

Critique de L'Île des adieux par Ygor Parizel

Un drame de Frank Schaffner avec en vedette son acteur fétiche George C. Scott. Il y a un petit air de Hemingway dans ce portrait d'un artiste sculpteur vivant aux Bahamas et accueillant ses trois...

le 29 nov. 2023

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11