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L'Île aux chiens par Christine Deschamps

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Il faut bien parfois qu'un homme fort prenne les choses en main. Il peut être Ministre de l'Intérieur et porter un nom catalan ou maire d'une ville nippone. Ce Cerbère vitupérant est utile surtout quand l'ordre public est troublé par l'irruption d'un virus hautement contagieux, arrivé sur le territoire national par l'entremise d'une catégorie de citoyens de seconde zone, pour ne pas dire négligeables. Encore plus quand l'homme providentiel a les épaules larges, les mâchoires carrées, et le verbe haut. Là, c'est le top. Et qu'il sait haranguer les foules en propulsant les postillons à des distances très estimables. Ou que les incriminés n'ont pas voix au chapitre, puisqu'ils ne font pas partie des gens qui ont le droit de s'exprimer légitimement. Bref, il faut que les choses soient rondement menées, quoi, avec toute l'autorité nécessaire et la bonne conscience qui permet de dormir en paix, ça au moins c'est clair. Même dans ces conditions de tranquillité optimales, on peut s'attendre à ce qu'un personnage peu exemplaire, mollasson et sentimental, égaré par une inclination coupable à la faiblesse, prenne le parti de défendre les indéfendables. C'est regrettable, mais ça arrive dans toutes les bonnes familles. Si la lubie ne passe pas, on peut toujours recourir au chantage ou à la coercition pure et simple. Il faut compter avec la frange qui aime la fange, il n'y a guère moyen d'épurer totalement le corps social. C'est déjà bien d'évacuer les parasites. Au besoin en édictant des lois. Dans tous les cas en parlant le langage de la force. Il va sans dire que les sous-citoyens mâchonnent des idiomes différents, incompréhensibles et indignes. Ce qu'une civilisation avancée peut faire de mieux, c'est encore de rationaliser tout à fait l'éradication des nuisibles. La mécanisation de la purge, ça, c'est tellement génial que c'en est poétique...
Bon, cette fois, le propos de ce joli film à l'animation réussie et à l'ingénuité feinte devrait vous être bien clair... Il ne me reste qu'à ajouter que les parias sont ici des chiens, mais on aura bien compris qu'on peut les remplacer par n'importe quelle catégorie. Autant dire que la réflexion menée ici n'est pas franchement destinée aux tout petits. Aucune raison donc de se priver de cette chouette balade en terre corrompue par le fascisme et la corruption, histoire de se changer un peu les idées après le JT...

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