L'Île aux chiens
7.7
L'Île aux chiens

Long-métrage d'animation de Wes Anderson (2018)

Je tiens à préciser que, contrairement à ce que d'autres membres ont pu dire dans leur critique: je n'ai visionné et analysé que deux films de Wes Anderson. A savoir, ses deux films réalisés en animation stop-motion : Fantastique Maître Renard et celui-ci.


Il y a donc de fortes chances que contrairement à vous, je n'ai pas encore "perçu" la patte du réalisateur durant le visionnage, même si effectivement, visuellement parlant, il y a un parti pris dans la constitution des plans assez flagrant (peut être plus présent encore dans Fantastique Maître Renard que dans l'île aux Chiens.


J'arrête là, cette parenthèse.


L'île aux Chiens... est un film que j'ai trouvé très sympathique. Il l'est pour le contenu de son univers et ses superbes visuels mais probablement aussi parce que le contexte joue en sa faveur : les films andersoniens, on en a très rarement au cinéma et ils sont d'autant plus appréciés (ou détestés par certains).


L'histoire nous parle de complots politiques, dans un Japon ré-imaginé mais qui parvient à rester crédible grâce à des répliques très convaincantes de l'art japonais, notamment des estampes, entre autres qui servent de toiles de fond pour cet univers. Les personnages humains s'expriment dans leur langue natale; la bande son, réalisée par Alexandre Desplat-une fois encore- nous propose des sons authentiques et très immersifs de l'archipel nippon et enfin, la structure même du film est construite en partie comme un théâtre classique japonais, comme on peux le voir lors des toutes premières et dernières scènes du film. Qui plus est, le scénario est strictement divisé en actes, selon le principe du théâtre.


Il m'a aussi semblé que L'île aux Chiens respecte ce code théâtral visuellement: particulièrement dans le traitement de la lumière qui semble fréquemment provenir du haut. Sauf lors des scènes avec le Maire de Megasaki où les jeux de lumière sont plus variés et hétérogènes, dut au fait que l'on intègre des lumières strictement dirigées à un endroit précis.


À noté aussi que, si je n'arrivais pas vraiment à expliquer l'intérêt même de la stop-motion dans Fantastique Maître Renard (même avec le rendu visuel superbe et l'authenticité qu'elle a permis à ce film) , ici au contraire, le choix d'utiliser des volumes réels, avec en plus un soin tout particulier apporté au réalisme, notamment sur les animaux, permet de renforcer et d'affirmer plus encore le parti pris "pièce de théâtre" car les "acteurs" nous semblent quasi- réels.
Je n'ai donc, pour ma part, pas été gêné par l'embellissement des décharges pour les scènes sur l'Ile Poubelle, ne les considérant que comme des décors de scène artificiels servant à renforcer une ambiance, créer une mise en scène créative et renforcer d'avantage l'attention sur les héros. Même s'il est vrai que ce choix tend à rendre superficielle la dureté de la situation où se trouvent les personnages.


Malgré ce rapprochement avec le théâtre, Wes Anderson ne semble pas avoir oublié d'exploiter les possibilités permises par le cinéma : il utilise des plans et des angles très variés, jouant fortement sur les vues en plongée, les zooms de la caméra, les plans larges et les contre champs. Il y associe aussi parfois une disposition donnée de ses personnages,qui encore une fois rappelle  une similarité avec le théâtre.


Mais il prend aussi le parti d'intégrer d'autres mediums, ce qu'on ne trouvait pas dans Fantastique Maître Renard. Les écrans des différents médias et appareils de l'univers projettent une animation plus classique strictement monochrome dans l'ensemble, mais avec des couleurs plus criardes sur des éléments précis, attirant immédiatement l'attention sur ceux-ci. Ce pourrait être un pointage de doigt du réalisateur envers les médias, particulièrement la télévision montrant que celle-ci dirige son auditoire sur certains éléments et en ignore d'autres. La palette monochrome pourrait être un moyen de contraste avec le "réel" de l'univers, (entièrement coloré) symbolisant donc le mensonge, l'information non neutre. (À l'exception du dernier acte, où la vérité est rétablie et Atari apparaît alors sur un écran de télévision à la vue de tous. Mais même dans ce cas, la palette est d'avantage colorée, avec des dominance de verts. Mais je vais arrêter là avec les spéculations.)
Le fait est que, cette œuvre est visiblement gorgée de significations symboliques qu'il serait trop long à énumérer.


Le plus évident restant-pour moi- la dominance de rouge, noir et blanc dans les scènes où figurent les antagonistes, rappelant-d'une manière qui reste subtile, certes, mais néanmoins visible- les trois couleurs d'un certain parti politique allemand ayant marqué l'humanité. Un constat qui se confirme pour moi à mesure que le film avance où l'on verra une catégorie précise de personnages-les chiens- être exilés, subirent des expérimentations atroces dans des "camps", être considérés comme dangereux pour le reste de la population, porteurs de maladies pour qu'au final tout ça ne s'avère avoir été qu'un complot destiné à éradiquer ces animaux.


Il est très intéressant de présenter un univers futuriste se mêlant au passé mais il aurait été encore plus intéressant (sachant que le film dit lui-même  s'inscrire dans l'engagement politique) de l'utiliser pour qu'en découle un écho à l'actualité en tentant de faire un parallèle avec des faits passé. Pourtant, le film semble faire le contraire: Faire appel à un fait passé, faisant une réplique de celui-ci pour construire son monde pour finalement évoquer légèrement une possible similarité avec l'actualité. (qui en plus, n'est ni très claire, ni très concrète.)


C'est dommage, d'autant plus que cette confusion (Maladresse ? ) pourrait ranger une œuvre inhabituelle et qui a un potentiel certain dans la même case que ces films prétentieux, faussement engagés et "donneurs de leçon". D'autant que l'Ile aux Chiens s'apparente énormément à une fable, où les spectateurs sont sensé en tiré un constat.


Si l'on oublie la portée idéologique et politique mal retranscrite de cette œuvre, on peux quand même y trouver son compte.


L'écriture est remarquable. Les dialogues entre personnages permettent une caractérisation efficace de chacun d'entre eux, même si on aurait aimé que les héros aient droit à un meilleur développement de leur psychologie et un peu plus d'attention au cours de l'histoire. (Sur les six chiens principaux, quatre n'ont qu'une minuscule importance scénaristiquement parlant et essentiellement pour participer aux batailles, apporter parfois du soutien aux "vrais" héros et amener un running-gag.). Ils ne bénéficient même pas du même privilège qu'ont les autres personnages secondaires, qui eux, partent aussi d'une fonction de décor (mais permettent quand même de développer les différentes facettes de l'univers) mais finissent par avoir un rôle à jouer dans la réussite ou la défaite des trois réels héros : Atari, le neveu éloigné du maire, Spots le chien de garde porté disparu, qui se résume aussi à des fonctions dans l'histoire mais bénéficie d'une plus grande présence à l'écran et Chief le chien errant qui tente tant bien que mal de mener  "la meute indestructible de mâle alphas" de l'Ile Poubelle avant de devenir le nouveau chien d'Atari.


Eux, en revanche sont très bien développés, en fait, le scénario tourne entièrement autour de ces trois là. Au cours du film, on a quatre flash-back quasi-simultanés mais que Wes Anderson parvient à intégrer sans qu'ils paraissent pesants ou fassent perdre le fil par la trop grande quantité de sous intrigues.


L'histoire principal restant le parcours initiatique d'Atari et de Chief. L'un apprenant à passer de contestataire du système à celui de chef. L'autre passant du statut de bâtard solitaire à celui d'allié et ami. Un soin particulier est apporté aux scènes permettant l'évolution de leur relation.
En comparaison, les moments tentant de justifier l'attachement entre Atari et Spots sont beaucoup trop courts et accélérés par soucis de faire avancer l'histoire, ce qui est dommage, mais reste cohérent et efficace si on ferme les yeux sur ce défaut.


En bref, un film très sympathique, comme on en voit pas souvent. A voir sans modération malgré quelques petits défauts.


Je tiens à préciser que, contrairement à ce que d'autres membres ont pu dire dans leur critique: je n'ai visionné et analysé que deux films de Wes Anderson. A savoir, ses deux films réalisés en animation stop-motion : Fantastique Maître Renard et celui-ci.


Il y a donc de fortes chances que contrairement à vous, je n'ai pas encore "perçu" la patte du réalisateur durant le visionnage, même si effectivement, visuellement parlant, il y a un parti pris dans la constitution des plans assez flagrant (peut être plus présent encore dans Fantastique Maître Renard que dans l'île aux Chiens.


J'arrête là, cette parenthèse.


L'île aux Chiens... est un film que j'ai trouvé très sympathique. Il l'est pour le contenu de son univers et ses superbes visuels mais probablement aussi parce que le contexte joue en sa faveur : les films andersoniens, on en a très rarement au cinéma et ils sont d'autant plus appréciés (ou détestés par certains).


L'histoire nous parle de complots politiques, dans un Japon ré-imaginé mais qui parvient à rester crédible grâce à des répliques très convaincantes de l'art japonais, notamment des estampes, entre autres qui servent de toiles de fond pour cet univers. Les personnages humains s'expriment dans leur langue natale; la bande son, réalisée par Alexandre Desplat-une fois encore- nous propose des sons authentiques et très immersifs de l'archipel nippon et enfin, la structure même du film est construite en partie comme un théâtre classique japonais, comme on peux le voir lors des toutes premières et dernières scènes du film. Qui plus est, le scénario est strictement divisé en actes, selon le principe du théâtre.


Il m'a aussi semblé que L'île aux Chiens respecte ce code théâtral visuellement: particulièrement dans le traitement de la lumière qui semble fréquemment provenir du haut. Sauf lors des scènes avec le Maire de Megasaki où les jeux de lumière sont plus variés et hétérogènes, dut au fait que l'on intègre des lumières strictement dirigées à un endroit précis.


À noté aussi que, si je n'arrivais pas vraiment à expliquer l'intérêt même de la stop-motion dans Fantastique Maître Renard (même avec le rendu visuel superbe et l'authenticité qu'elle a permis à ce film) , ici au contraire, le choix d'utiliser des volumes réels, avec en plus un soin tout particulier apporté au réalisme, notamment sur les animaux, permet de renforcer et d'affirmer plus encore le parti pris "pièce de théâtre" car les "acteurs" nous semblent quasi- réels.
Je n'ai donc, pour ma part, pas été gêné par l'embellissement des décharges pour les scènes sur l'Ile Poubelle, ne les considérant que comme des décors de scène artificiels servant à renforcer une ambiance, créer une mise en scène créative et renforcer d'avantage l'attention sur les héros. Même s'il est vrai que ce choix tend à rendre superficielle la dureté de la situation où se trouvent les personnages.


Malgré ce rapprochement avec le théâtre, Wes Anderson ne semble pas avoir oublié d'exploiter les possibilités permises par le cinéma : il utilise des plans et des angles très variés, jouant fortement sur les vues en plongée, les zooms de la caméra, les plans larges et les contre champs. Il y associe aussi parfois une disposition donnée de ses personnages,qui encore une fois rappelle  une similarité avec le théâtre.


Mais il prend aussi le parti d'intégrer d'autres mediums, ce qu'on ne trouvait pas dans Fantastique Maître Renard. Les écrans des différents médias et appareils de l'univers projettent une animation plus classique strictement monochrome dans l'ensemble, mais avec des couleurs plus criardes sur des éléments précis, attirant immédiatement l'attention sur ceux-ci. Ce pourrait être un pointage de doigt du réalisateur envers les médias, particulièrement la télévision montrant que celle-ci dirige son auditoire sur certains éléments et en ignore d'autres. La palette monochrome pourrait être un moyen de contraste avec le "réel" de l'univers, (entièrement coloré) symbolisant donc le mensonge, l'information non neutre. (À l'exception du dernier acte, où la vérité est rétablie et Atari apparaît alors sur un écran de télévision à la vue de tous. Mais même dans ce cas, la palette est d'avantage colorée, avec des dominance de verts. Mais je vais arrêter là avec les spéculations.)
Le fait est que, cette œuvre est visiblement gorgée de significations symboliques qu'il serait trop long à énumérer.


Le plus évident restant-pour moi- la dominance de rouge, noir et blanc dans les scènes où figurent les antagonistes, rappelant-d'une manière qui reste subtile, certes, mais néanmoins visible- les trois couleurs d'un certain parti politique allemand ayant marqué l'humanité. Un constat qui se confirme pour moi à mesure que le film avance où l'on verra une catégorie précise de personnages-les chiens- être exilés, subirent des expérimentations atroces dans des "camps", être considérés comme dangereux pour le reste de la population, porteurs de maladies pour qu'au final tout ça ne s'avère avoir été qu'un complot destiné à éradiquer ces animaux.


Il est très intéressant de présenter un univers futuriste se mêlant au passé mais il aurait été encore plus intéressant (sachant que le film dit lui-même  s'inscrire dans l'engagement politique) de l'utiliser pour qu'en découle un écho à l'actualité en tentant de faire un parallèle avec des faits passé. Pourtant, le film semble faire le contraire: Faire appel à un fait passé, faisant une réplique de celui-ci pour construire son monde pour finalement évoquer légèrement une possible similarité avec l'actualité. (qui en plus, n'est ni très claire, ni très concrète.)


C'est dommage, d'autant plus que cette confusion (Maladresse ? ) pourrait ranger une œuvre inhabituelle et qui a un potentiel certain dans la même case que ces films prétentieux, faussement engagés et "donneurs de leçon". D'autant que l'Ile aux Chiens s'apparente énormément à une fable, où les spectateurs sont sensé en tiré un constat.


Si l'on oublie la portée idéologique et politique mal retranscrite de cette œuvre, on peux quand même y trouver son compte.


L'écriture est remarquable. Les dialogues entre personnages permettent une caractérisation efficace de chacun d'entre eux, même si on aurait aimé que les héros aient droit à un meilleur développement de leur psychologie et un peu plus d'attention au cours de l'histoire. (Sur les six chiens principaux, quatre n'ont qu'une minuscule importance scénaristiquement parlant et essentiellement pour participer aux batailles, apporter parfois du soutien aux "vrais" héros et amener un running-gag.). Ils ne bénéficient même pas du même privilège qu'ont les autres personnages secondaires, qui eux, partent aussi d'une fonction de décor (mais permettent quand même de développer les différentes facettes de l'univers) mais finissent par avoir un rôle à jouer dans la réussite ou la défaite des trois réels héros : Atari, le neveu éloigné du maire, Spots le chien de garde porté disparu, qui se résume aussi à des fonctions dans l'histoire mais bénéficie d'une plus grande présence à l'écran et Chief le chien errant qui tente tant bien que mal de mener  "la meute indestructible de mâle alphas" de l'Ile Poubelle avant de devenir le nouveau chien d'Atari.


Eux, en revanche sont très bien développés, en fait, le scénario tourne entièrement autour de ces trois là. Au cours du film, on a quatre flash-back quasi-simultanés mais que Wes Anderson parvient à intégrer sans qu'ils paraissent pesants ou fassent perdre le fil par la trop grande quantité de sous intrigues.


L'histoire principal restant le parcours initiatique d'Atari et de Chief. L'un apprenant à passer de contestataire du système à celui de chef. L'autre passant du statut de bâtard solitaire à celui d'allié et ami. Un soin particulier est apporté aux scènes permettant l'évolution de leur relation.
En comparaison, les moments tentant de justifier l'attachement entre Atari et Spots sont beaucoup trop courts


Je tiens à préciser que, contrairement à ce que d'autres membres ont pu dire dans leur critique: je n'ai visionné et analysé que deux films de Wes Anderson. A savoir, ses deux films réalisés en animation stop-motion : Fantastique Maître Renard et celui-ci.


Il y a donc de fortes chances que contrairement à vous, je n'ai pas encore "perçu" la patte du réalisateur durant le visionnage, même si effectivement, visuellement parlant, il y a un parti pris dans la constitution des plans assez flagrant (peut être plus présent encore dans Fantastique Maître Renard que dans l'île aux Chiens.


J'arrête là, cette parenthèse.


L'île aux Chiens... est un film que j'ai trouvé très sympathique. Il l'est pour le contenu de son univers et ses superbes visuels mais probablement aussi parce que le contexte joue en sa faveur : les films andersoniens, on en a très rarement au cinéma et ils sont d'autant plus appréciés (ou détestés par certains).


L'histoire nous parle de complots politiques, dans un Japon ré-imaginé mais qui parvient à rester crédible grâce à des répliques très convaincantes de l'art japonais, notamment des estampes, entre autres qui servent de toiles de fond pour cet univers. Les personnages humains s'expriment dans leur langue natale; la bande son, réalisée par Alexandre Desplat-une fois encore- nous propose des sons authentiques et très immersifs de l'archipel nippon et enfin, la structure même du film est construite en partie comme un théâtre classique japonais, comme on peux le voir lors des toutes premières et dernières scènes du film. Qui plus est, le scénario est strictement divisé en actes, selon le principe du théâtre.


Il m'a aussi semblé que L'île aux Chiens respecte ce code théâtral visuellement: particulièrement dans le traitement de la lumière qui semble fréquemment provenir du haut. Sauf lors des scènes avec le Maire de Megasaki où les jeux de lumière sont plus variés et hétérogènes, dut au fait que l'on intègre des lumières strictement dirigées à un endroit précis.


À noté aussi que, si je n'arrivais pas vraiment à expliquer l'intérêt même de la stop-motion dans Fantastique Maître Renard (même avec le rendu visuel superbe et l'authenticité qu'elle a permis à ce film) , ici au contraire, le choix d'utiliser des volumes réels, avec en plus un soin tout particulier apporté au réalisme, notamment sur les animaux, permet de renforcer et d'affirmer plus encore le parti pris "pièce de théâtre" car les "acteurs" nous semblent quasi- réels.
Je n'ai donc, pour ma part, pas été gêné par l'embellissement des décharges pour les scènes sur l'Ile Poubelle, ne les considérant que comme des décors de scène artificiels servant à renforcer une ambiance, créer une mise en scène créative et renforcer d'avantage l'attention sur les héros. Même s'il est vrai que ce choix tend à rendre superficielle la dureté de la situation où se trouvent les personnages.


Malgré ce rapprochement avec le théâtre, Wes Anderson ne semble pas avoir oublié d'exploiter les possibilités permises par le cinéma : il utilise des plans et des angles très variés, jouant fortement sur les vues en plongée, les zooms de la caméra, les plans larges et les contre champs. Il y associe aussi parfois une disposition donnée de ses personnages,qui encore une fois rappelle  une similarité avec le théâtre.


Mais il prend aussi le parti d'intégrer d'autres mediums, ce qu'on ne trouvait pas dans Fantastique Maître Renard. Les écrans des différents médias et appareils de l'univers projettent une animation plus classique strictement monochrome dans l'ensemble, mais avec des couleurs plus criardes sur des éléments précis, attirant immédiatement l'attention sur ceux-ci. Ce pourrait être un pointage de doigt du réalisateur envers les médias, particulièrement la télévision montrant que celle-ci dirige son auditoire sur certains éléments et en ignore d'autres. La palette monochrome pourrait être un moyen de contraste avec le "réel" de l'univers, (entièrement coloré) symbolisant donc le mensonge, l'information non neutre. (À l'exception du dernier acte, où la vérité est rétablie et Atari apparaît alors sur un écran de télévision à la vue de tous. Mais même dans ce cas, la palette est d'avantage colorée, avec des dominance de verts. Mais je vais arrêter là avec les spéculations.)
Le fait est que, cette œuvre est visiblement gorgée de significations symboliques qu'il serait trop long à énumérer.


Le plus évident restant-pour moi- la dominance de rouge, noir et blanc dans les scènes où figurent les antagonistes, rappelant-d'une manière qui reste subtile, certes, mais néanmoins visible- les trois couleurs d'un certain parti politique allemand ayant marqué l'humanité. Un constat qui se confirme pour moi à mesure que le film avance où l'on verra une catégorie précise de personnages-les chiens- être exilés, subirent des expérimentations atroces dans des "camps", être considérés comme dangereux pour le reste de la population, porteurs de maladies pour qu'au final tout ça ne s'avère avoir été qu'un complot destiné à éradiquer ces animaux.


Il est très intéressant de présenter un univers futuriste se mêlant au passé mais il aurait été encore plus intéressant (sachant que le film dit lui-même  s'inscrire dans l'engagement politique) de l'utiliser pour qu'en découle un écho à l'actualité en tentant de faire un parallèle avec des faits passé. Pourtant, le film semble faire le contraire: Faire appel à un fait passé, faisant une réplique de celui-ci pour construire son monde pour finalement évoquer légèrement une possible similarité avec l'actualité. (qui en plus, n'est ni très claire, ni très concrète.)


C'est dommage, d'autant plus que cette confusion (Maladresse ? ) pourrait ranger une œuvre inhabituelle et qui a un potentiel certain dans la même case que ces films prétentieux, faussement engagés et "donneurs de leçon". D'autant que l'Ile aux Chiens s'apparente énormément à une fable, où les spectateurs sont sensé en tiré un constat.


Si l'on oublie la portée idéologique et politique mal retranscrite de cette œuvre, on peux quand même y trouver son compte.


L'écriture est remarquable. Les dialogues entre personnages permettent une caractérisation efficace de chacun d'entre eux, même si on aurait aimé que les héros aient droit à un meilleur développement de leur psychologie et un peu plus d'attention au cours de l'histoire. (Sur les six chiens principaux, quatre n'ont qu'une minuscule importance scénaristiquement parlant et essentiellement pour participer aux batailles, apporter parfois du soutien aux "vrais" héros et amener un running-gag.). Ils ne bénéficient même pas du même privilège qu'ont les autres personnages secondaires, qui eux, partent aussi d'une fonction de décor (mais permettent quand même de développer les différentes facettes de l'univers) mais finissent par avoir un rôle à jouer dans la réussite ou la défaite des trois réels héros : Atari, le neveu éloigné du maire, Spots le chien de garde porté disparu, qui se résume aussi à des fonctions dans l'histoire mais bénéficie d'une plus grande présence à l'écran et Chief le chien errant qui tente tant bien que mal de mener  "la meute indestructible de mâle alphas" de l'Ile Poubelle avant de devenir le nouveau chien d'Atari.


Eux, en revanche sont très bien développés, en fait, le scénario tourne entièrement autour de ces trois là. Au cours du film, on a quatre flash-back quasi-simultanés mais que Wes Anderson parvient à intégrer sans qu'ils paraissent pesants ou fassent perdre le fil par la trop grande quantité de sous intrigues.


L'histoire principal restant le parcours initiatique d'Atari et de Chief. L'un apprenant à passer de contestataire du système à celui de chef. L'autre passant du statut de bâtard solitaire à celui d'allié et ami. Un soin particulier est apporté aux scènes permettant l'évolution de leur relation.
En comparaison, les moments tentant de justifier l'attachement entre Atari et Spots sont beaucoup trop courts


Je tiens à préciser que, contrairement à ce que d'autres membres ont pu dire dans leur critique: je n'ai visionné et analysé que deux films de Wes Anderson. A savoir, ses deux films réalisés en animation stop-motion : Fantastique Maître Renard et celui-ci.


Il y a donc de fortes chances que contrairement à vous, je n'ai pas encore "perçu" la patte du réalisateur durant le visionnage, même si effectivement, visuellement parlant, il y a un parti pris dans la constitution des plans assez flagrant (peut être plus présent encore dans Fantastique Maître Renard que dans l'île aux Chiens.


J'arrête là, cette parenthèse.


L'île aux Chiens... est un film que j'ai trouvé très sympathique. Il l'est pour le contenu de son univers et ses superbes visuels mais probablement aussi parce que le contexte joue en sa faveur : les films andersoniens, on en a très rarement au cinéma et ils sont d'autant plus appréciés (ou détestés par certains).


L'histoire nous parle de complots politiques, dans un Japon ré-imaginé mais qui parvient à rester crédible grâce à des répliques très convaincantes de l'art japonais, notamment des estampes, entre autres qui servent de toiles de fond pour cet univers. Les personnages humains s'expriment dans leur langue natale; la bande son, réalisée par Alexandre Desplat-une fois encore- nous propose des sons authentiques et très immersifs de l'archipel nippon et enfin, la structure même du film est construite en partie comme un théâtre classique japonais, comme on peux le voir lors des toutes premières et dernières scènes du film. Qui plus est, le scénario est strictement divisé en actes, selon le principe du théâtre.


Il m'a aussi semblé que L'île aux Chiens respecte ce code théâtral visuellement: particulièrement dans le traitement de la lumière qui semble fréquemment provenir du haut. Sauf lors des scènes avec le Maire de Megasaki où les jeux de lumière sont plus variés et hétérogènes, dut au fait que l'on intègre des lumières strictement dirigées à un endroit précis.


À noté aussi que, si je n'arrivais pas vraiment à expliquer l'intérêt même de la stop-motion dans Fantastique Maître Renard (même avec le rendu visuel superbe et l'authenticité qu'elle a permis à ce film) , ici au contraire, le choix d'utiliser des volumes réels, avec en plus un soin tout particulier apporté au réalisme, notamment sur les animaux, permet de renforcer et d'affirmer plus encore le parti pris "pièce de théâtre" car les "acteurs" nous semblent quasi- réels.
Je n'ai donc, pour ma part, pas été gêné par l'embellissement des décharges pour les scènes sur l'Ile Poubelle, ne les considérant que comme des décors de scène artificiels servant à renforcer une ambiance, créer une mise en scène créative et renforcer d'avantage l'attention sur les héros. Même s'il est vrai que ce choix tend à rendre superficielle la dureté de la situation où se trouvent les personnages.


Malgré ce rapprochement avec le théâtre, Wes Anderson ne semble pas avoir oublié d'exploiter les possibilités permises par le cinéma : il utilise des plans et des angles très variés, jouant fortement sur les vues en plongée, les zooms de la caméra, les plans larges et les contre champs. Il y associe aussi parfois une disposition donnée de ses personnages,qui encore une fois rappelle  une similarité avec le théâtre.


Mais il prend aussi le parti d'intégrer d'autres mediums, ce qu'on ne trouvait pas dans Fantastique Maître Renard. Les écrans des différents médias et appareils de l'univers projettent une animation plus classique strictement monochrome dans l'ensemble, mais avec des couleurs plus criardes sur des éléments précis, attirant immédiatement l'attention sur ceux-ci. Ce pourrait être un pointage de doigt du réalisateur envers les médias, particulièrement la télévision montrant que celle-ci dirige son auditoire sur certains éléments et en ignore d'autres. La palette monochrome pourrait être un moyen de contraste avec le "réel" de l'univers, (entièrement coloré) symbolisant donc le mensonge, l'information non neutre. (À l'exception du dernier acte, où la vérité est rétablie et Atari apparaît alors sur un écran de télévision à la vue de tous. Mais même dans ce cas, la palette est d'avantage colorée, avec des dominance de verts. Mais je vais arrêter là avec les spéculations.)
Le fait est que, cette œuvre est visiblement gorgée de significations symboliques qu'il serait trop long à énumérer.


Le plus évident restant-pour moi- la dominance de rouge, noir et blanc dans les scènes où figurent les antagonistes, rappelant-d'une manière qui reste subtile, certes, mais néanmoins visible- les trois couleurs d'un certain parti politique allemand ayant marqué l'humanité. Un constat qui se confirme pour moi à mesure que le film avance où l'on verra une catégorie précise de personnages-les chiens- être exilés, subirent des expérimentations atroces dans des "camps", être considérés comme dangereux pour le reste de la population, porteurs de maladies pour qu'au final tout ça ne s'avère avoir été qu'un complot destiné à éradiquer ces animaux.


Il est très intéressant de présenter un univers futuriste se mêlant au passé mais il aurait été encore plus intéressant (sachant que le film dit lui-même  s'inscrire dans l'engagement politique) de l'utiliser pour qu'en découle un écho à l'actualité en tentant de faire un parallèle avec des faits passé. Pourtant, le film semble faire le contraire: Faire appel à un fait passé, faisant une réplique de celui-ci pour construire son monde pour finalement évoquer légèrement une possible similarité avec l'actualité. (qui en plus, n'est ni très claire, ni très concrète.)


C'est dommage, d'autant plus que cette confusion (Maladresse ? ) pourrait ranger une œuvre inhabituelle et qui a un potentiel certain dans la même case que ces films prétentieux, faussement engagés et "donneurs de leçon". D'autant que l'Ile aux Chiens s'apparente énormément à une fable, où les spectateurs sont sensé en tiré un constat.


Si l'on oublie la portée idéologique et politique mal retranscrite de cette œuvre, on peux quand même y trouver son compte.


L'écriture est remarquable. Les dialogues entre personnages permettent une caractérisation efficace de chacun d'entre eux, même si on aurait aimé que les héros aient droit à un meilleur développement de leur psychologie et un peu plus d'attention au cours de l'histoire. (Sur les six chiens principaux, quatre n'ont qu'une minuscule importance scénaristiquement parlant et essentiellement pour participer aux batailles, apporter parfois du soutien aux "vrais" héros et amener un running-gag.). Ils ne bénéficient même pas du même privilège qu'ont les autres personnages secondaires, qui eux, partent aussi d'une fonction de décor (mais permettent quand même de développer les différentes facettes de l'univers) mais finissent par avoir un rôle à jouer dans la réussite ou la défaite des trois réels héros : Atari, le neveu éloigné du maire, Spots le chien de garde porté disparu, qui se résume aussi à des fonctions dans l'histoire mais bénéficie d'une plus grande présence à l'écran et Chief le chien errant qui tente tant bien que mal de mener  "la meute indestructible de mâle alphas" de l'Ile Poubelle avant de devenir le nouveau chien d'Atari.


Eux, en revanche sont très bien développés, en fait, le scénario tourne entièrement autour de ces trois là. Au cours du film, on a quatre flash-back quasi-simultanés mais que Wes Anderson parvient à intégrer sans qu'ils paraissent pesants ou fassent perdre le fil par la trop grande quantité de sous intrigues.


L'histoire principal restant le parcours initiatique d'Atari et de Chief. L'un apprenant à passer de contestataire du système à celui de chef. L'autre passant du statut de bâtard solitaire à celui d'allié et ami. Un soin particulier est apporté aux scènes permettant l'évolution de leur relation.
En comparaison, les moments tentant de justifier l'attachement entre Atari et Spots sont beaucoup trop courts et accélérés par soucis de faire avancer l'histoire, ce qui est dommage, mais reste cohérent et efficace si on ferme les yeux sur ce défaut.


En bref, un film très sympathique, comme on en voit pas souvent. A voir sans modération malgré quelques petits défauts.

Nightjar
9
Écrit par

Créée

le 29 avr. 2018

Critique lue 166 fois

Nightjar

Écrit par

Critique lue 166 fois

D'autres avis sur L'Île aux chiens

L'Île aux chiens
Sergent_Pepper
8

Coast dogs, les voix des samouraïs

Dans la filmographie de Wes Anderson, l’univers visuel et graphique s’impose d’avantage à chaque opus, quittant le commun du cinéma pour présenter un fragment d’un monde dont il serait l’unique...

le 30 avr. 2018

100 j'aime

4

L'Île aux chiens
EvyNadler
9

La métaphysique des chiens

Quatre ans après son excellent Grand Budapest Hotel, le dandy le plus en vogue du tout Hollywood revient avec ses tons pastel et son élégance unique pour réitérer le pari qu’il avait réussi en 2009...

le 23 mars 2018

63 j'aime

6

L'Île aux chiens
Vincent-Ruozzi
7

Wes Anderson, the storyteller

Wes Anderson est ce qu'on pourrait appeler un original tant sur ses histoires que sur sa façon de les mettre en scènes. Dans L'Île aux chiens, le réalisateur texan renoue avec une technique...

le 30 avr. 2018

58 j'aime

8