L'Homme de l 'Ouest est un de plus emblématiques westerns de Mann, on y retrouve sa mise en scène replaçant les hommes à leur vraie place dans l' immensité de l' Ouest, son art du portrait sans concession ni bavardage, et ce supplément d' âme qui a toujours été sa marque de fabrique inaltérable.


Ici il s'attache à vouloir montrer le destin d'un ex-malfaiteur ayant fui avant qu'il ne soit trop tard la bande qui l’entraînait toujours plus loin dans la violence vaine.... Comment il devra faire face à ce passé soudainement resurgi ne sera pas dévoilé ici.


Au contraire de la structure dramatique du film que je vais mettre en évidence ici.

La première partie est selon moi très prometteuse ( au dessus de ma note finale ) autant que surprenante. Le film adoptant les allures de la Comédie de l' Homme de l'Ouest plouc face à l' inexorable progrès...
A cette occasion Gary Grant nous rappelle combien il peut être un magnifique acteur dans ce genre jouant sur un esprit de sérieux qui fait mouche. il faut le voir prendre place dans le train qui doit le conduire vers son Destin. Les dialogues avec ceux qui croisent sa route sont à la fois délicieux, mystérieux, et sourds d'une légère inquiétude: qu'est ce que cet homme cherche à cacher? Ce type un peu naif va-t-il tomber dans l'arnaque qu'on semble tricoter à ses dépens sous nos yeux?


La fin de cette "période" est très bien amenée, et puis le film emprunte une direction inattendue.


Comme les personnages qui accompagnent notre héros, nous sommes surpris de la transformation qui s'opère en lui quand il retrouve son ex-bande et son ancien mentor. Le film bascule clairement dans la tragédie et Mann enchaine les scènes de tensions sans temps mort ou presque.


Grant dévoile une autre palette de son jeu, plus intériorisée mais aussi plus en force( avec ce charisme si naturellement intègre loué par Bertrand Tavernier ).
Le face à face entre Link et son ancien mentor ne tient pas les promesses entrevues ( et quelles promesses!)....Ok on comprend combien l'un est dans une impasse tragique, une folie comme Mann aime souvent à le montrer, et l' autre se bat pour ne pas être entrainé une fois de trop... Mann excelle à dévoiler la cruauté jusque l' absurde ( voir ce qui se passe dans la ville de Lasso, orthographe incertaine sorry... ). Mais l' acteur qui joue Dock Tobin n'est pas à la hauteur de Grant et de son rôle. Comme l'ont souligné des critiques professionels ( comme Jean Rissient) plus jeune que Grant il est redoutablement grimé et surjoue pour être à la hauteur de Cow Boy Grant...
Ce dernier n'est lui même pas à son top, la comparaison avec Stewart dans Winchester 73 et même l' appât se fait sentir.

Il y avait tout, ou presque, pour faire de ce film un des plus grands; à vouloir en faire trop le film n'atteint pas la cîme espérée. Il aura eu la vertu de me faire sentir pourquoi Mann est un grand cinéaste à défaut d'être un génie.


Vif regret, celui de n' avoir pas vu le film sur grand écran ( comme l' appât que j' avais vu pourtant dans de mauvaises conditions...)

PhyleasFogg
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le 29 oct. 2012

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