Un exorcisme stéréotypé comme pas possible qui prend son envol dans un univers épique



  • Que veux-tu, réponds-moi ?

  • Toi, je suis ton pire cauchemar !

  • Mon cauchemar, c'est que la France soit championne du monde.

  • Arrête de te cacher derrière tes petites blagues.




Tu ne peux rien faire d'autre que ce que Dieu t'autorise



« D'après les archives authentiques du père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican » : la grosse blague !
L'Exorciste du Vatican réalisé par Julius Avery est un nouvel opus du genre de l'exorcisme qui, malheureusement, ne parvient pas à renouveler le genre. Le scénario suit une trame cliché et caricaturale, offrant peu de surprises au niveau du fond. Tête qui tourne sur 360 degrés, des marques de griffures et des écrits scarifiés sur la peau du possédé, la capacité hors norme du démon de démonter le corps de la victime pour le faire bouger comme une araignée, « Ta mère suce des bites en enfer ! »... En somme, tous les stéréotypes classiques du genre sont présents ! Des poncifs maintes fois utilisés dans de nombreux films sur l'exorcisme, si bien que cela a créé une certaine prévisibilité et un manque d'originalité que le réalisateur embrasse totalement en fournissant un trait ironique, quelquefois drôle, finalement inattendu. La première partie du film est assez laborieuse et met du temps à mettre en place les différents personnages. Ces derniers sont très clichés et manquent cruellement d'originalité. Côté horreur, la mise en scène repose sur des jump scares peu effrayants qui manquent de surprise et qui ont été vus et revus dans de nombreux autres films du même genre. Tout cela contribue à plonger le spectateur dans l'ennui et l'interrogation sur le choix qu'il a fait en venant voir ce film, qui est difficile à traverser et semble interminable.


Mais alors que le spectateur commence à perdre espoir, la seconde partie du film arrive et de manière inattendue elle est tout simplement passionnante. Un contrecoup que l'on doit au risque audacieux du cinéaste en choisissant de se concentrer sur la forme plutôt que sur le fond. Dans un genre aussi exploité que celui de l'exorcisme, l'originalité est pratiquement impossible à atteindre. Plutôt que de perdre du temps à essayer de trouver quelque chose de nouveau, Avery a préféré embrasser le genre et le secouer en apportant sa touche personnelle à travers la forme. Un choix qui pourrait être considéré comme facile, mais il a pris des risques en osant les choix les plus entreprenant et certainement hasardeux, et cela a payé, car cela donne au film un aspect réussi et impressionnant. Les décors et les lieux conçus par Alan Gilmore pour l'ancienne abbaye espagnole sont d'une beauté saisissante. Les costumes créés par Lorna Marie Mugan renforcent l'atmosphère inquiétante de l'environnement. La photographie sombre de Khalid Mohtaseb est particulièrement soignée et lugubre, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à la tension de l'ensemble. La caméra explore les décors d'une manière qui fait ressentir au spectateur la présence d'un mal invisible et menaçant. Les plans sont travaillés avec une grande attention aux détails pour offrir un environnement aussi inquiétant que possible. La découverte progressive du puits servant de cimetière est un exemple parfait de cette maîtrise de la mise en scène. La caméra se rapproche lentement du bord du puits, puis descend en douceur, laissant entrevoir l'inquiétude des ténèbres. Une ouverture béante vers le cœur de l'horreur symbolisé par les souterrains qui sont également très bien exploités au point d'établir un contraste offrant une histoire, une légende, une atmosphère... Les contrastes sont travaillés avec une grande précision pour accentuer la tension à l'écran. Les jeux de lumière et d'ombre sont maîtrisés à la perfection pour créer une atmosphère terrifiante. Tout cela contribue à faire du décor un personnage à part entière du spectacle.



Si vous avez un problème avec moi, adressez-vous à mon patron : le pape.



Soudain, le périple prend une tournure épique avec une abondance de scènes d'action fantastiques et frénétiques qui ne s'émancipent pas des classiques du genre d'épouvante mais pose un ton homérique. La réalisation spectaculaire accentue l'aspect grandiose de la confrontation entre deux forces opposées, telles que David et Goliath, soulignant l'ampleur de l'affrontement. La musique de Jed Kurzel s'intensifie et ça part dans tous les sens. Même si cela ne provoque pas une peur profonde, on est admiratif devant les démonstrations généreuses. C'est à ce moment-là que la véritable révélation d'Asmodée se produit, un démon doté d'un background finalement convaincant et d'un objectif inventif. La salle du trône d'Asmodée est une œuvre d'art terrifiante, avec une ambiance qui pousse à la crainte. Au moment où il s'installe sur son siège impérieux, il offre toute sa stature démoniaque, ce qui en fait un antagoniste à la hauteur face au père Gabriele (Russell Crowe). La confrontation entre les deux est épique, avec une tension qui monte crescendo jusqu'à son point culminant. On est captivé par le combat intense qui oppose les deux personnages, chacun cherchant à avoir le dessus sur l'autre. Tout cela conduit à un final explosif qui sans rester gravé dans les mémoires alimente le spectateur.


Russell Crowe incarne le père Gabriele Amorth de manière amusante et légèrement charismatique, sans toutefois atteindre la grandeur de certains de ses autres rôles. Son approche détachée fonctionne bien pour son personnage, ajoutant une touche d'humour subtil avec sa fameuse vespa. Quant à Daniel Zovatto, il joue le rôle du père Esquibel de manière anecdotique au début, mais il prend progressivement de l'importance dans le récit et finit par livrer une performance convaincante. Son évolution au cours du film est intéressant. En revanche, Franco Nero dans le rôle du pape est plutôt décevant, se contentant de faire le minimum sans vraiment marquer les esprits. J'adore le comédien et c'est plaisant de le retrouver, mais j'espérais plus de lui. En ce qui concerne les victimes du démon, leur jeu est malheureusement caricatural et peu convaincant. Alex Essoe dans le rôle de Julia, Laurel Marsden dans le rôle d'Amy, ainsi que Peter DeSouza-Feighoney dans le rôle de Henry, ne parviennent pas à donner de la profondeur à leurs personnages et leurs performances sont en deçà des attentes.



CONCLUSION :



L'Exorciste du Vatican réalisé par Julius Avery, malgré un scénario cliché et caricatural qui ne parvient pas à renouveler le genre de l'exorcisme, réussit à offrir une seconde partie passionnante grâce à une mise en scène audacieuse et une esthétique soignée qui mise tout sur l'affrontement épique entre le démon Asmodée et le père Gabriele. Bien que ce soit simpliste, idiot et caricatural au maximum, cela procure une grande satisfaction et est très stimulant.


Je serais favorable à la réalisation de plusieurs suites qui exploreraient les confrontations avec les autres démons qui gardent les portes menant aux enfers.



Imaginez ce qui se passerait si l'âme de l'exorciste du pape était possédée par le diable, qui vous défendrait ?


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le 14 mai 2023

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