Nous sommes en 1963, la France reste marquée par la guerre d'Algérie et les mentalités ne sont pas ce qu'elles sont aujourd'hui, environ 60 ans après. Bref, pour dire les choses clairement, à cette époque, les jeunes ne sont pas censés coucher avant le mariage. Je dis bien censés, car cette façon de présenter les choses ne tient compte que de ce qui se fait ou ne se fait pas. Car, dans la réalité, les désirs sont bien là. La société navigue donc en pleine hypocrisie, avec des jeunes qui nient toute faute en dépit de l'évidence. C'est ce qui arrive à la jolie Anne qui est étudiante en lettres. Elle veut devenir prof et en a certainement l'étoffe. Cette jeune fille tient un carnet intime et la voit y noter le retrad qu'elle observe dans ses règles. Pourtant, au médecin qu'elle va voir, elle certifie n'avoir jamais eu de rapport avec un garçon. Pourtant, le médecin livre son verdict, sans appel, elle est enceinte ! Evidemment, pour Anne c'est la catastrophe, une catastrophe dont on ne mesure d'abord pas les conséquences, parce que nous spectateurs de 2021 vivons dans une ambiance fondamentaklement différente (merci Simone Veil !) En 1963, l'avortement est interdit et toute personne qui s'y risque (une femme qui se fait avorter ou un médecin qui le pratique) risque la prison, tout simplement ! C'est ainsi qu'Anne n'ose même pas se confier à ses proches amies, Hélène et Brigitte...


Avec cette base, la réalisatrice Audrey Diwan tient les éléments d'un drame particulièrement fort, même si les thèmes qu'elle choisit ne sont pas franchement nouveaux. D'abord, il faut savoir que ce film est l'adaptation d'un livre d'Annie Ernaux qui s'est beaucoup inspirée de sa vie pour écrire. D'ailleurs, Anne envisage d'écrire pour contourner l'impossibilité de finir ses études vu comme les choses se présentent. Ensuite, il faut bien dire que si le film n'est pas centré là dessus, la reconstitution des années 60 est réussie. Mon seul reproche serait surtout que l'interprète D'anne, la petite Annamaria Vartolomei n'a pas du tout un physique convaincant pour incarner une juene fille de cette période. Sinon, l'ambiance est bien rendue et on a plaisir à retrouver sandrine Bonnaire dans le rôle de la mère d'Anne. Elle tient un bistrot, ne gagne pas spécialement bien sa vie, mais aide sa fille financièrement et ce même contre l'avis de son mari. D'autre part, on comprend bien pourquoi Anne n'ira jaamis se confier à ses parents. On le comprend 'autant mieux que lorsqu'elle osera dire la vérité à ses copines, les réactions seront franchement démoralisantes.


Dans ses relations avec les autres, Anne tente maladroitement de retrouver le père de son futur enfant. C'est la partie que je trouve la plus critiquable, car si le jeune homme tombe des nues, il est bien évident que le contexte ne le met pas en position de trouver une solution. Anne le met un peu trop facilement en responsable de tous ses malheurs. Oui pour le féminisme et ses revendications, mais qu'on regarde les choses en face. ce serait trop facile pour la gent féminine de toujours tout mettre sur le dos des hommes. Attention donc de ne pas trop en faire. Bref, Anne cherche à avorter mais ne trouve pas de solution, malgré ses tentatives de recherches indirectes auprès de personnes qu'elle connait. assez pudiquement, le film fait sentir que dans ces conditions, elle pourrait logiquement tomber sur des personnes qui' l 'aiguillent dans des directions dangereuses. Tout compte fait, elle aura une certaine chance dans son malheur.


Pour situer l'ambiance et le ressenti des personnages à l'époque, je retiens les manifestations de désir qui émergent de la situation d'Anne. En effet, puisqu'elle est enceinte, elle prend conscience que de ce côté là elle ne risque plus d'agraver sa situation. Elle le sait et pas seulement elle bien entendu. Elle affirmera sa personnailté en montrant qu'elle sait malgré tout dire oui ou non selon que les choses lui convienent ou non. Avec ce premier film, Aurdey Diwan montre donc elle aussi une personnalité intéressante, en adaptant un livre d'Annie Ernaux sans le dénaturer. Je ne l'ai pas lu, mais je reconnais la personnalité de l'auteur dans ce qui est raconté. Et puis, la réalisatrice fait en sorte qu'on sente les différentes personnalités et surtout quelles sont les composantes de ce drame et comment tout cela s'organise. La récompense à la Mostra de Venise me parait méritée, même s'il faudrait voir les autres films qui étaient alors présentés.

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le 3 déc. 2021

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