De 1962 à 1964, à Boston, une vague de meurtres de femmes mène à l'arrestation du tueur en série Albert DeSalvo.
Dès 1968, Richard Fleischer en tirera "L'Étrangleur de Boston" avec Tony Curtis dans le rôle de DeSalvo. Un film imparfait mais avant-gardiste et résolument moderne pour son époque.
S'il partage les mêmes titres et sujets, ce "L'Étrangleur de Boston" n'a néanmoins rien à voir avec son homonyme (qu'il cite au détour d'une scène). L'angle choisi n'est plus celui de l'enquête policière mais celui, journalistique, de Loretta McLaughlin (Keira Knightley) et Jean Cole (Carrie Coon).
A l'image du récent "She Said", oeuvre soeur, "L'Etrangleur de Boston" est un récit d'investigation classique où la forme, bien que très élégante, s'efface au profit du fond : deux femmes couvrant une affaire dont toutes les victimes sont des femmes.
Avec, en prime, une époque au sexisme décomplexé comme cadre de l'action.
La quête de vérité de nos héroïnes se heurte donc à une triple difficulté : la défiance envers les journalistes, la misogynie systémique, le statut de cibles potentielles pour le(s) maniaque(s).
A la fois réalisateur et scénariste, Matt Ruskin à cependant le bon goût de ne pas faire du film un tract politique. Comme "She Said", la valeur du sujet ne nécessite pas de verbaliser à outrance le propos sous-jacent. On suit avant tout une véritable enquête qui, au détour parfois d'une réplique ou d'une micro-situation, nous renvoie habilement aux multiples réalités de nos héroïnes.
Ce qui ne rend que plus galvanisantes leurs réussites et leurs décisions.
Par ailleurs, le recul offert par ces 60 ans de distance avec l'affaire permet d'explorer les doutes quant à l'hypothèse du tueur unique et les autres pistes envisagées sur ce qui restera un mystère à demi-résolu. Passionnant.
Axe original, valeur documentaire, belle facture, "L'Étrangleur de Boston" est assurément très recommandable.