Les aventures de James Bond : 007 au pays de L'or Noir



  • Donner à la dame un Bacardi On the Rocks

  • Et donner à ce monsieur une vodka martini, secoué, mais non agité.

  • Touché.

  • Commandeur James Bond, attacher au service secret de la marine royale britannique. Autoriser à tuer et l'ayant fait en de nombreuses occasions. Porter sur le sexe faible, mais marié, une seule fois. Épouse tuée...

  • Ça suffit, votre diatribe m'importune.

  • Vous êtes sensibles monsieur Bond.

  • Oui, par certains côté je le suis.




Un grand James Bond !



Guy Hamilton après avoir réalisé Goldfinger, Les diamants sont éternels, Vivre et laisser mourir et L'homme au pistolet d'or, cède sa place à Lewis Gilbert, à qui l'on doit la réalisation de "On ne vit que deux fois", et qui signe avec « L'espion qui m'aimait » le dixième opus de la série James Bond. Une troisième mission pour le comédien Roger Moore dans le rôle de l'agent 007. Avec ce nouveau périple, le cinéaste frappe un coup fort en signant un des indispensables de la saga par le biais d'une histoire mouvementée qui marque pour la première fois la coopération entre les services secrets britanniques et russes. L'histoire s'articule autour d'une intrigue un brin fantasque, où le monde entier est en danger suite au désir abracadabrantesque d'un riche mégalomane qui rêve de créer une Atlantide à l'échelle mondiale en orchestrant dans l'ombre une guerre atomique en enlevant le "HMS Ranger", un sous-marin nucléaire britannique, ainsi que le "Potemkin", un navire nucléaire soviétique. Un scénario qui si sur le papier semble être l'archétype Bondien binaire par excellence avec ses traits de caractères obligatoires où le héros doit sauver le monde de la menace, se révèle être un atout de cette œuvre en optant pour un script beaucoup moins dépendant d'un humour pastiche. Un esprit parodique qui devenait bien trop envahissant avec Vivre et laisser mourir et L'homme au pistolet d'or, enfin délaissé au profit d'une élaboration plus intelligente et sophistiqué s'articulant sur une trame de fond qui fonctionne très bien avec son duo vedette. Ne reste que les traits ironiques typiques de la saga savamment dilués au cours d'un récit d'aventure généreux, qui séquence d'action après séquence d'action alterne adroitement le suspense, le drame, la séduction... Une combinaison efficace pour un opus audacieux.


Lewis Gilbert offre une réalisation de qualité sur une mise en scène dynamique qui succède avec intelligence des plans serrés : pour les séquences nerveuses, avec des plans ouverts : pour les moments posés. Les cadrages de styles se relayent pour un maximum d'efficacité. Une caméra qui imprègne ses images des différentes ambiances suggérées via un montage efficace qui s'adapte à l'action véhiculée. La direction artistique fait fort en valorisant la richesse des environnements projetés par des prises de vue adaptées. On se régale du cadre majestueux des reliefs montagneux de l'Autriche, des vastes étendues désertiques de l'Égypte avec le plateau de Gizeh, jusqu'au cadre atypique de la Sardaigne. Des paysages somptueux dont fait grand usage le cinéaste, auquel il ajoute un travail de surface détaillés par le truchement de décors qui stimulent l'attention des spectateurs.


Les ensembles de détails construits pour ce film sont magnifiques, particulièrement autour de l' "Atlantis", le repaire diabolique de l'antagoniste principal. Une forteresse océanique futuriste dépaysante qui offre un théâtre sous-marin d'une richesse incroyable, avec :
- son ascenseur piégé s'ouvrant sur un bassin gardé par un requin mangeur d'hommes;
- ses nombreuses œuvres d'art autour de la renaissance;
- jusqu'à sa capacité à s'immerger comme bon lui semble.
Un repère maléfique sans pareil !
Même résultat autour du Liparus, un cargo gigantesque ayant la capacité de dévorer d'autres navires. Le centre de base des opérations dans lequel se joue une terrible course contre la montre. Une superbe cinématographie à laquelle on ajoute la composition musicale de Marvin Hamlisch, qui pour l'occasion remplace John Barry pour ce volet. Une musique de bonne qualité articulée autour du thème principal : " Nobody Does It Better " de Carly Simon, une belle chanson qui malgré un manque de fulgurance, notamment dans son générique d'exploitation pour l'ouverture du film, reste une mélodie appréciable. Les différents titres accompagnent avec efficacité et imagination les moments essentiels du long-métrage.



Adieu, monsieur Bond. Il y a dans ce mot je vous le confesse, un parfum d'éternité que je trouve assez plaisant.



L'espion qui m'aimait est une dixième mission qui en met plein la vue par l'entremise d'une action qui déborde d'énergie. On se régale et dès la scène d'ouverture, dans laquelle 007 se livre à une poursuite à skis dans les Alpes autrichiennes, où il affronte des agents du KGB pour s'achever sur un plongeon vertigineux à couper le souffle. S'ensuivent de nombreux rebondissements spectaculaires avec des courses-poursuites percutantes comprenant l'extraordinaire ascension de La Lotus Esprit S1. Une voiture incroyable qui avec ses nombreux gadgets va offrir une scène d'action qui restera à jamais graver dans l'histoire de la franchise James Bond. S'ajoutent de nombreuses confrontations contre des hommes de main, dont un particulièrement farouche, puissant et dangereux. Des péripéties qui animent avec fulgurance un film décidément démonstratif en action avec des scènes qui marquent, comme :
- Les multiples combats incisifs contre le monstre géant aux dents d'acier avec un sacré plus dans les ruines en Égypte, ou encore durant le chapitre du train.
- Lorsqu'un antagoniste s'accroche à la cravate de 007 pour ne pas tomber dans le vide et que celui-ci en profite pour le questionner pour mieux le faire tomber derrière. Bond aussi sait être impitoyable.
- Le long et impressionnant assaut sur le Liparus, où se joue une terrible guerre dans laquelle Bond s'entoure de nombreux soldats pour mener une bataille violente qui tient en haleine.
- Le combat final dans l'Atlantis, qui se dresse dans une mouvance plus intimiste venant habilement contraster le déluge de feu du Liparus pour mieux achever son histoire sur un plan davantage centré sur 007.


En matière de casting : que du bonheur !
Roger Moore offre une performance délectable de l'agent britannique. Un James Bond plus réfléchi et légèrement moins disposé à faire rire la galerie, qui ne confond pas l'ironie avec le burlesque. Moore dégage un charisme bienvenu à travers une énergie teintée de noirceur qui vient redynamiser ce personnage qui commençait à patiner.
L'agent russe Anya Amasova par Barbara Bach est sublime. La comédienne nous régale de sa beauté mais aussi et surtout de son charisme. Une Bond girl incisive et redoutable qui participe à l'action, et qui ne vient nullement servir de bouche-trou à Bond. Elle fonctionne avec lui et lui avec elle, chacun dépendant l'un de l'autre. Deux agents expérimentés. Une grande première qui fait du bien, même si l'on peut regretter un final durant lequel on retrouve le tipisme bondien avec la Bond Girl capturée qui doit se faire délivrer par son " agent charmant ".
Le duo 007-Triple X : James Bond-Anya Amasova : Roger Moore-Barbara Bach : fonctionne à merveille et nous propose un couple magnifique sur lequel s'articule une dramatique saisissante.
« Quand cette mission sera finie, je vous tuerais. »


Curd Jürgens dans le rôle de l'antagoniste principal Karl Stromberg, est un méchant formidable ! Il porte en lui tous les codes du grand vilain par excellence. Un ensemble de clichés si bien maîtrisé qu'on nous en offre l'une de ses meilleures formes à travers ce personnage. Un roi du crime qui n'est pas sans rappeler Ernst Stavro Blofeld, chef du SPECTRE (Service Pour l'Espionnage, le Contre-espionnage, le Terrorisme, la Rétorsion et l'Extorsion), mais en mieux. Désolé mon cher Donald Pleasance, mais Curd Jürgens est trop bon. Chaque séquence où celui-ci rentre en action vient marquer le spectateur par une mise en perspective particulièrement théâtrale et soignée. Stromberg homme de goût animé par un projet dément souvent accompagné d'une musique classique qui le dote d'une essence authentique. Une présence ascendante qui fait figure d'autorité de force. Gracieux mais tueur. Repère secret diabolique qui pue la classe, homme de main surpuissant indestructible, assistante renversante, pas de doute : Karl Stromberg c'est le boss de ce film !
Richard Kiel dans le rôle de Requin vient fracasser l'univers Bondien avec son physique hors norme qui deviendra un ennemi important de la saga. Un colosse surpuissant capable de déchirer une camionnette à mains nues, et même de tuer un requin avec ses dents de la mort. Les combats avec Requin tiennent de l'épreuve de survie pour Bond, qui face à lui, va y laisser des plumes.
Enfin, la plantureuse assistante de Stromberg : " Naomi ", par Caroline Munro. Une magnifique femme tout du long légèrement vêtu pour le plaisir des yeux, sur qui le soleil de la Sardaigne se pose avec délicatesse. Séduisante à tous les niveaux, elle joue de ses charmes pour pouvoir au mieux servir les ambitions de Stromberg, qui décidément a le chic pour bien s'entourer.



CONCLUSION :



L'espion qui m'aimait est une dixième mission incroyable pour notre agent 007, qui sous la réalisation et direction du cinéaste Lewis Gilbert, offre un film d'une richesse redoutable. Un long-métrage renversant porté par des comédiens investis autour de personnages savoureux qui s'articulent autour d'une pièce magnifique. Un déroulé de bonnes idées illustrées par des superbes décors, des musiques soignées, jusqu'à des actions de très bons niveaux.


Un dixième périple aussi inespéré qu'inattendu.




  • En quelques minutes, New York et Moscou seront rasés de cette terre. Une destruction globale s'ensuivra. Et une ère nouvelle commencera.

  • D'accord Stromberg, vous avez gagné. Combien, voulez-vous ?

  • Combien ? Soyez plus clair, monsieur Bond.

  • Quel est votre prix pour annuler le tir des missiles ?

  • Vous vous faites des illusions, monsieur Bond. Ce n'est pas une extorsion de fonds que je cherche. J'ai l'intention de changer la face de l'histoire.

  • En détruisant le monde ?

  • En créant un monde. Un monde neuf est beau, bâti sous l'océan. Aujourd'hui notre civilisation est corrompue et décadente. Inévitablement elle court à sa perte. Je ne fais que... accélérer le processus.

  • Il s'agit d'un génocide sur le plan mondial.

  • Pour cela major, je me remets au jugement de la postérité.


B_Jérémy
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le 11 juin 2022

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