L'empereur de Paris est un film ambitieux. A visée populaire mais très ambitieux et qui s'est donné de gros moyens (à l'échelle française en tous cas) pour y parvenir. Eric Besnard, son scénariste, peaufinait son scénario autour de Vidocq depuis 25 ans. Jean-François Richet, son réalisateur, est un fou d'histoire, celle de la Révolution et de l'Empire en particulier. Pour le projet, il ne voyait personne d'autre que son héros de Mesrine et il avait probablement raison. Vincent Cassel est proprement monstrueux dans le rôle de Vidocq et l'on oublie vite l'acteur pour ne plus voir que le voyou devenu flic dans la France du début du XIXe siècle. Loin du feuilleton dominé par l'interprétation de Claude Brasseur, qui le jouait de manière féline, le Vidocq de Richet et Cassel tient plus du sanglier. En cela, il est sans doute davantage proche de la réalité, si l'on prend en compte les mémoires écrites par notre homme. Le réalisme, c'était l'obsession du réalisateur et le pari est gagné tant l'immersion est complète dans un Paris grouillant de petits métiers où le pavé est luisant après la pluie. Ce qui n'empêche pas de jouer la carte de romanesque mais c'est une obligation quand on connait la vie de Vidocq qui a inspiré le Vautrin de Balzac et le Valjean de Hugo. Attention, L'empereur de Paris n'est pas un biopic car ne s'intéressant qu'à quelques années de la vie de son héros, celles précisément où s'effectue la bascule entre l'illégalité et l'entrée dans la police de Fouché. Le film est spectaculaire, riche en scènes d'action et en pétarades et duels à mort, mais il est surtout sombre et ne s'autorise pas le moindre gramme de comédie. Vidocq était un solitaire mais capable de monter une bande autour de lui, un homme épris de liberté qui a dû composer pour arriver à ses fins. Si on peut lui reprocher un manque de rondeur dans son récit et sa mise en scène et surtout une musique bien trop signifiante et tonitruante, L'empereur de Paris ne manque pas sa cible et dépoussière un personnage historique fascinant par sa nature directe, héraut d'une époque pourtant complexe. Si le film remplit les salles, il n'est pas douteux que le duo Richet/Cassel remettra le couvert et ira plus loin dans le temps aux trousses de Vidocq. On aimerait bien voir cela.

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le 4 nov. 2018

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