Première incursion du réalisateur mexicain Guillermo Del Toro dans le cinéma d'angoisse espagnol où ce dernier retrouve les chevronnés frères Almodovar à la production. Et Del Toro n'a jamais été aussi bon que quand il collabore avec ses cousins éloignés. « El espinazo del Diablo » est un thriller surnaturel qui, avec un regard d'adulte, n'est pas si angoissant que cela, du moins par rapport à « Les Autres » d'Amenàbar, mais sa mise en scène est tellement soignée, son contexte si bien retranscrit et ses acteurs particulièrement bien dirigés qu'il vaut un certain coup d'oeil. Le réalisateur mixe efficacement diverses influences telles que la littérature gothique, les légendes rurales ainsi que les peurs infantiles (les fantômes mais également l'ogre ou le loup à travers le personnage de Jacinto) dont il cite volontairement « La nuit du chasseur » comme principale inspiration. Il en découle également, de façon assez secondaire tout de même, une parabole sur la guerre civile espagnole à travers les gamins orphelins perdus au milieu d'un conflit d'adultes. Ajoutons que ce film donne également une leçon en matière de direction d'enfants acteurs, ces derniers ayant un jeu d'une maturité remarquable. « L'échine du Diable » est donc un très bon film, manquant tout de même d'un peu plus d'intensité angoissante.