L'Échange
5.5
L'Échange

Film de Taylor Hackford (2000)

Pas étonnant qu'Hackford soit si peu connu !

Est-ce que le nom de Taylor Hackford vous dit quelque chose ? Je sens que votre réponse sera négative, tant ce réalisateur n’est pas vraiment connu. Il n’y à qu’à voir sa courte filmographie. Et alors, me diriez-vous, cela n’empêche rien (surtout si vous prenez l’exemple de Christopher Nolan avec sa petite filmographie) ! Je vous répondrai alors que la taille importe peu (attention aux idées mal placées, hein !). Que ce que compte, c’est la qualité et le succès des films qui constituent la carrière d’un cinéaste. Et même là-dessus, Hackford se trouve être mal pourvu, avec seulement Dolores Claiborne (adaptation d’un roman de Stephen King) et de L’Associé du Diable (avec Keanu Reeves, Al Pacino, Charlize Theron et Connie Nielsen, quand même !). Pas grand-chose à se mettre sous la dent, n’est-ce pas ? Alors découvrons ensemble L’Échange !

Attention à ne pas confondre ce film et celui de Clint Eastwood avec Angelina Jolie ! Ici, le thème diffère en tout point ! Et pour cause, le film raconte l’enlèvement d’un homme par des guérilleros dans un pays sud-américains fictif (le Tecala), laissant une femme désemparée prête à tout pour récupérer son mari au point de faire appel à un professionnel de ce genre de situation (celle des négociations et interventions lors d’enlèvement). Autant dire que le film manque clairement d’originalité ! Et pourtant, L’Échange avait, sur le papier, de quoi se démarquer des films du genre. À commencer par une base scénaristique qui préfère mettre en valeur le système des négociations dans ces cas-là (à quel point l’enlèvement d’un homme est-il important pour certaines agences et le gouvernement). Une base qui permettait de tisser des liens plutôt complexes entre les personnages, en particulier entre le professionnel et la femme du mari kidnappé. Sans oublier qu’en parallèle, le film suit en parallèle le calvaire vécut par ce dernier, qui cherche du soutien et même de l’aide chez certains guérilleros qui lui semblent plus « sympathiques » que d’autres. Seulement voilà, L’Échange ne va jamais au bout de ses idées : l’approfondissement de base s’éternise jusqu’à devenir lassant, une histoire d’amour inutile (vu comment cela se termine) naît entre le professionnel et la femme, les tentatives du mari pour s’échapper sont trop hésitantes... Pire ! Alors que le film évitait toute envolée d’action, il cède pourtant à la tentation lors de son final à un sauvetage purement américain : soldats d’élite lancés dans un combat explosif où sifflent les balles de mitraillettes. Et tout cela pour arriver à un générique via un happy end purement hollywoodien !

Vraiment, vraiment dommage, car du côté de sa distribution, L’Échange avait de quoi séduire ! Rien que par la prestance du charismatique Russell Crowe (fraîchement oscarisé pour Gladiator) et de l’interprétation de Meg Ryan ! Mais également David Morse (le mari) qui se retrouve ici dans un rôle à contre-emploi (on le voit souvent jouer les officiers de police, les criminels ou les seconds couteaux de carrure imposante) qui lui va comme un gant. Après, le film compte également sur la présence de David Caruso (l’acteur principal de la série Les Experts : Miami) qui joue convenablement, il faut bien l’admettre, mais dont la présence concorde avec ce besoin qu’à L’Échange d’avoir un nom qui rime avec action pour parfaire au genre hollywoodien.

Car le film de Taylor Hackford n’invente rien. Que ce soit l’histoire du film (des idées intéressante balayées par les clichés) ou bien la mise en scène du bonhomme, rien n’impressionne dans L’Échange. Cette dernière étant tout simplement classique de chez classique, homogène durant toute la durée du film et même durant la séquence d’action finale, lui ôtant le peps qui lui manque pourtant lorsque l’on voit le résultat (tout comme la scène d’ouverture, qui pourrait presque appartenir à un téléfilm de série . Bon, j’avoue, je suis un peu méchant sur ce constat. D’autres films d’action pure et dure se sont montrés bien moins convaincants pour ce qui est d’une mise en scène énergique (je pense notamment au récent Jason Bourne : l’Héritage, véritable honte envers la trilogie avec Matt Damon !!) alors que cet Échange arrive néanmoins à nous divertir. Et ça, ce n’est nullement un mal !

Malgré un bon casting et son aptitude à faire passer le temps, L’Échange n’est pas un film qui marque les esprits. Et ce n’est pas avec un tel film que Taylor Hackford arrivera à séduire un large public, qui devient de plus en plus difficile, aussi bien en divertissements hollywoodiens que films d’auteur.

Créée

le 6 août 2013

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