Un modèle scénaristique pour une arnaque de PMU

L’Arnaque est un chef d’œuvre car même 40 ans après, le film n’a pas pris une seule ride. Pire, il ridiculiserait l’ensemble des films se réclamant de ces films « d’arnaque ». Et même le très bon Arrête-Moi Si Tu Peux semble bien loin de la perfection scénaristique de l’Arnaque passant d’élégance à humour, de truandisme au romantisme avec une facilité déconcertante.


L’Arnaque est un chef d’œuvre avant tout de narration et d’écriture. De narration car cette histoire « chapitrée » sur la mise en place de l’Arnaque aurait pu s’écrouler comme un château de carte au fil des minutes. Mais plus le film avance plus nous sommes happés par l’ingéniosité de nos compères. Ce n’est pas qu’un jeu entre Paul Newman, Robert Redford et Robert Shaw qui s’installe, c’est aussi un jeu entre eux et nous. Georges Roy Hill livre un film écrit avec une finesse rare, aussi captivant que drôle, aussi mystérieux que surprenant. Et même si le twist à 40 ans et que depuis, on nous en a proposé des fins surprenantes !…Celle-ci surprend par sa limpidité, sa logique parce que tout se goupille parfaitement. On peut le refaire 100 fois, ça marche. C’est un casse-tête parfait mais sensé.
Si on veut comparer c’est tout le contraire des Oceans & Cie où certes, on a un effet waouh mais quand au final, on se refait le film…on se dit « Ouai là c’est gros, etc. ».


L’Arnaque est un chef d’œuvre parce que Paul Newman. Et parce que Robert Redford. Et parce que Robert Shaw. Et parce que les seconds rôles sont étonnamment importants.


L’Arnaque est un chef d’œuvre parce que derrière un scénario a première vue « simple », l’intrigue, au fil des minutes, gagne en profondeur avec Snyder qui continue sa vendetta, Hooker qui passe proche de la punition sur un moment de faiblesse.


L’Arnaque est un chef d’œuvre parce que la mise en scène est brillante tout du long. De la première scène à la scène finale c’est brillant. La tension qui émane de certaines scènes est dingue. La confrontation au poker est un sommet entre Shaw et Newman. Tout le contraire de la scène des faux peintres qui est génialement rythmée ou encore cette scène ouverture où l’on comprend qu’on va faire face à un grand film.


L’Arnaque repose sur un principe simple : surprendre sans se perdre dans la quête de surprise constante. Surprendre parce que le principe de l’Arnaque n’est pas de braquer un casino en plein Las Vegas mais bien d’extorquer 500 000 dollars sur un pari hippique dans une sombre course dans la cambrousse américaine. Comment en arriver là ? On se le demande bien…mais Georges Roy Hill en a fait un film, et quel film ! Il en a fait un chef d’œuvre qui fait encore date qui n’a que rarement été tutoyé ! De loin la référence du genre.

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le 26 nov. 2018

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Halifax

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