Parenthèse enchantée

Le nombre important de critiques pour ce film (28 à ce jour), est l’indice qu’il ne laisse pas indifférent, et en même temps fait s’interroger sur l’intérêt qu’il y aurait à en écrire une de plus.

L’exigence de l’originalité ainsi posée, la seule échappatoire consiste à aborder «l’amour l’après-midi » de manière totalement sincère et personnelle, sans ajouter d’éléments d’érudition sur l’œuvre de Rohmer dans son ensemble, ni d’anecdote sur le film, car l’une et l’autre ont déjà été abondamment partagées.

Alors, sans éléments de contexte, historique, sociologique où d’exégèse rohmérienne, on peut dire pourquoi on a aimé ou détesté ce film, et pourquoi il faut le voir.

Les dialogues du film sont toujours très écrits, presque littéraires. Néanmoins les acteurs les incarnent avec suffisamment de naturel pour que cela ne soit pas choquant. L’actrice «  Zouzou » (quel pseudonyme grotesque) est la plus naturelle de tous, en plus d’être une certaine incarnation de la beauté libre. Le film est divisé en trois parties, chacune constituant les fondations de la suivante. Le personnage principal, bien qu’assez pontifiant, exerce un certain charme sur les femmes, charme dont il a parfaitement conscience du reste, mais qui n’excède pas le stade du marivaudage ou du fantasme.

Une rencontre avec une ancienne connaissance féminine ( Zouzou) exerce une tentation réelle dans sa vie bien réglée de jeune père, amoureux de sa femme. Le fantasme de la conquête et de l’adultère peut effectivement se concrétiser.

Le rapprochement sentimental et physique est subtilement progressif, si bien que lorsque notre héros est sur le point de succomber, c’est la vision de soi-même dans un miroir, dans la posture adoptée précédemment pour faire rire son enfant, qui le fait fuir. Cette anecdote est si juste qu’elle ne peut être que vécue.

Le retour à la maison dans une fuite éperdue loin de « la tentatrice » est également excellemment bien vue : une émotion communicative face à ce qu’on aurait pu perdre.

« L’amour l’après-midi »est un film très juste, très sincère et très honnête qu’il faut voir.