Si la revue satirique américaine National Lampoon qui a été publiée entre 1970 et 1998 est inconnue par chez nous, quelques uns de ses métrages estampillés du nom de celle-ci ont fait le trajet de ce côté de l’Atlantique. Certains de ses films ont parfois fait débuter quelques célébrités.

L’excellent American College est l’un des plus connus, signé du grand John Landis et paru en 1978. Son titre original reflète bien mieux l’affiliation, National Lampoon's Animal House. Harold Ramis et Robert Altman ont réalisé des films pour la compagnie, Ryan Reinolds s’est fait connaître grâce à son rôle dans American Party : Van Wilder relations publiques (National Lampoon's Van Wilder).

Ce sont généralement des comédies sans prétentions, dont la légèreté est rafraîchissante tant qu’on accepte de se faire javeliser le sens critique avec le sourire. Avec le succès d’American Pie en 1999, les productions se dirigent encore plus distinctement vers le public adolescent, avec des histoires qui tournent autour des mêmes problématiques, le sexe, les amis, la fête. Et pour autant qu’on les regarde avec une certaine décontraction, le résultat peut être assez divertissant.

Pourtant, avec L’Agence de casting, la recette fastfoodée ne prend pas. Peut-être à cause de la vacuité du scénario, où trois amis décident de créer une fausse agence de casting afin de rencontrer des femmes, il s’agit surtout de profiter de leur crédulité. Il n’est même pas question de réaliser un film, alors on se demande comment une telle situation peut perdurer, avec trois actrices conservées mais à qui on ment pour tenter de se rapprocher d’elles.

Devant la caméra pour l’audition, les nombreuses candidates vont se dévoiler, au sens propre comme au sens figuré. Les films National Lampoon de ces années étaient assez potaches, Cattle Call dans la langue de Clinton ne déroge pas à la règle. Un des gags récurrents tourne autour de ce qu’ils appellent le « Bransky », soit secouer la tête entre les seins. Le film peut parfois amuser par sa bêtise, mais gare à ses limites. L’idée de piéger ces filles pour l’intérêt personnel de ces garçons laisse un goût amer en bouche.

D’autant que même si le métrage est assez court, 84 minutes, très vite il apparaît qu’il ne sait pas vraiment où il va, en dehors de son idée principale. Il ne cherche pas à consolider celle-ci, tout de même bien fragile avec son agence impossible. Une fois les actrices choisies, le film peine à créer de la complicité entre les trois faux cinéastes et ces trois filles. Seule la relation entre le « bon » copain, le seul avec une certaine intégrité morale bien qu’accommodante, et Molly est intéressante, du fait de sa simplicité et du personnage de Molly, la seule avec une véritable profondeur, jouée de manière timide par la belle Jenny Mollen. Dommage aussi que le personnage de Diedrich Bader, un nerd assez impénétrable, aux réactions toujours au premier degré, ne soit pas plus développé, c’est le seul caractère vraiment original. L’acteur est trop méconnu, mais ses prestations dans Office Space ou Balls of Fury font partie des meilleures de ces films et ici aussi il crève l’écran, surtout à côté d’autres comédiens pas vraiment renversants.

Quant à celui de ces amis qui profite le plus de ce système, il sera puni par une vengeance bien spéciale, avec un gode inséré de force dans l’anus. Haha, il se prend un gode dans le cul, lol… Il y aura bien un procès à la fin mais à cause d’une nouvelle facilité dans le scénario, ils s’en sortiront tout de même assez bien. Le film reste tout de même assez clair là-dessus, ce n’est pas bien pas bien non non, mais depuis les affaires #MeToo et certains témoignages d’actrices, il est plus difficile de s’amuser d’une telle idée où les hommes peuvent manipuler les femmes pour avoir des relations sexuelles avec eux.

Une des candidates prévient pourtant, « le business est régi par des mecs qui sont de vrais enfoirés ». Peut-être que le film aurait pu s’appuyer dessus pour dénoncer franchement de tels comportements, mais ça aurait été trop demander à ce genre de films qui ne volent pas bien haut.

Le film est écrit et réalisé par Martin Guigui (on ne se moque pas), et il semble avoir fait bien mieux depuis, tant mieux pour lui. L’histoire tient mal la route et puisque la réalisation est assez quelconque, il n’y a pas grand-chose à sauver de cette comédie potache si gênante.

SimplySmackkk
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le 31 août 2023

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