Parmi les films nominés aux Oscars 2018 dans une seule catégorie se tenait "L'Affaire Roman J.", qui présentait son acteur principal multi-récompensé, Denzel Washington, pour l'oscar du meilleur acteur dans un premier rôle.
Intrigué par ce film armé d'un scénario original (assez rare pour être souligné), non-disponible en salles par chez moi, je décidai finalement de le visionner en streaming.
Eh ben...mouais, non. Véritablement l'une de mes premières déceptions de cette année 2018.
Pour la faire courte, Roman J. Israel est un avocat américain travaillant dans l'ombre, laissant les lumières de la scène à son associé qui donne son nom à leur cabinet. Lorsque ce dernier est hospitalisé, Roman se retrouve confronté à un dilemme: rejoindre un cabinet plus grand mais contraire à ses idéaux de justice sociale et d'équité, ou bien rester fidèle à lui-même et risquer la faillite.
Alors voilà, l'idée n'est pas mauvaise mais mon Dieu, que le traitement de tout ça est hasardeux. Le personnage principal évolue de manière incohérente. Présenté comme un fervent défenseur invétéré de la loi, il cède à l'appât du gain bien trop facilement. Montré comme humble, il se met totalement en scène lorsqu'il tente d'intégrer une association de lutte pour les droits-civiques.
On a parfois l'impression que le réal veut nous montrer les différents aspects du psyché du bonhomme, mais en les traduisant de manière bien trop grossière et littérale pour être crédible
Et puis oui, Denzel n'a plus rien à prouver. Alors pourquoi essayer de lui faire incarner autant de personnages en un seul, au risque de perdre le spectateur, de lui faire perdre son empathie? Les tentatives de faire passer son personnage pour "toqué" sont assez caricaturales et ratées.
La réal n'est pas mauvaise sans faire des miracles. Le film nous gratifie tout de même de certaines scènes véritablement fortes et brillamment interprétées (la joute verbale entre Roman et une étudiante Afro-Américaine à propos du féminisme, soulignant la vision dépassée des droits individuels prônée par le protagoniste).
Sinon, niveau casting, Carmen Ejogo se débrouille vraiment bien. On ne peut pas en dire autant de Colin Farrell, dans le rôle du "méchant avocat vendu" (qui sera quand même sujet à une évolution bienvenue), qui semble s'ennuyer profondément , comme s'il n'était pas vraiment impliqué dans le projet (sinon dans les scènes finales).
Comme pour "The Outsider" (film qui n'a AUCUN rapport avec celui qui fait l'objet de cette critique, si ce n'est qu'il a fait l'objet de ma précédente critique et qu'il est aussi sorti en 2018), j'ai eu l'impression de regarder un téléfilm, pas franchement inspiré et franchement dérangeant d'incohérences.
Perdu entre faux-biopic, thriller, film social, romance, "L'Affaire Roman J." est un petit gâchis, pas désagréable à regarder, mais très oubliable.