A chaque sortie d’un film de M. Night Shyamalan, je pense faire l'impasse. Puis, je me laisse tenter, avec l'infime espoir que le réalisateur de Sixième Sens soit encore capable de me surprendre.


Au commencement


Dans les bois, Wen (Kristen Cui) capture des sauterelles puis les enferment dans un bocal. Au loin, Leonard (David Bautista) fait son apparition et s’approche de la jeune fille. L’homme est imposant. L’enfant est impressionnée. Une discussion s’engage entre eux. Il dit être son ami, de lui faire confiance et de le laisser entrer dans la maison de ses deux papas, Eric (Jonathan Groff) et Andrew (Ben Aldridge). La peur s’immisce chez l’enfant qui part se réfugier dans cette maison isolée alors que Leonard et rejoint par trois personnes, qui viennent frapper à leur porte.


M. Night Shyamalan


En 1999, le succès mondial de Sixième Sens érige M. Night Shyamalan, en nouveau Steven Spielberg. Depuis, le temps a fait son œuvre. Incassable puis Signes avaient déjà montré des signes de faiblesses narratives évidentes. C’était une époque où il surfait encore sur le succès de son Sixième Sens. En 2004, Le Village annonce son déclin. La jeune fille de l’eau, Phénomènes, Le dernier maître de l’air, After Earth, The Visit puis Old ne font que confirmer la chute d’un réalisateur dont la carrière sera réduit à son Sixième Sens, voire à la trilogie Incassable, Split (son seul film honorable lors de ces vingts dernières années) et Glass.


Knock at the Cabin est un nouveau navet dans son champ qui prend de plus en plus d’ampleur au fil du temps. M. Night Shyamalan ne cesse de creuser son sillon aux thématiques habituelles (foi, croyances), essorées jusqu'à l'excès par un cinéaste en fin de carrière depuis Signes, incapable de se renouveler et de se remettre en question. Le réalisateur se contente juste de s'adapter au marché avec des budgets aussi minimalistes que ses scénarios, afin de continuer de nous abreuver de ses œuvres des plus dispensables.


This is the end


Knock at the cabin débute comme un home invasion. Le couple et leur fille adoptive se retrouvent aux prises avec ces quatre personnages, qui toquent de plus en plus fort à leurs portes, comme le méchant loup face aux trois petits cochons. Ils portent chacun une chemise de couleur différente, tel Bioman, version des Inconnus. Le leader, Léonard, les implore de croire à son histoire. A travers lui, M. Night Shyamalan tente de nous convaincre de la crédibilité de sa nouvelle fable. Il ne cesse de nous le rabâcher, comme pour se convaincre lui-même, de la pertinence de sa nouvelle histoire.


Le film se transforme en un huis clos. Comme les spectateurs, la famille se retrouve enfermée dans un lieu et doit subir les délires de ces quatre personnages. Des personnages au bord de la crise de nerfs, qui semblent avoir oublié de prendre leurs antidépresseurs. Pour corroborer leurs propos, ils s’appuient sur les chaînes d’informations qui diffusent en continu la peur dans nos foyers. Une preuve évidente d’un état psychique en pleine déliquescence. Ils réclament le sacrifice d’un des membres de la famille pour sauver le monde. Dès que la demande n’est pas assouvie, ils entament un rituel en exécutant l’un d’eux. La mise à mort se déroule hors champ. Un procédé qui ne réussit même pas à faire jaillir un semblant d'émotion, voire de peur. En clair, on y croit pas une seconde.


L'encéphalogramme est plat. M. Night Shyamalan ne tente même pas un twist, vu qu’il nous raconte sa vérité. Mais, à force de subir des fake news et mensonges en permanence, notre foi est mise à mal dans ce monde en pleine désintégration, comme dans l'espoir que le réalisateur réalise à nouveau un grand film.


On est pas dans la m….


La fin du monde est entre les mains d'un couple gay blanc quadragénaire csp+++ qui ont adopté une petite fille asiatique avec une cicatrice sur la lèvre. Loin de moi l’idée de stigmatiser ce généreux couple mais force est de constater que ce type de personnages est juste un choix commercial pour attirer un large public. Un public qui est très actif sur les réseaux sociaux, ce qui permet d’avoir de la publicité gratuite, mais aussi de grands consommateurs (pigeons, selon certaines mauvaises langues).


La vraie problématique est ailleurs : a t’on vraiment envie d'être sauvé par des personnes qui circulent sur des trottinettes pour se rendre dans un bar à céréales en arborant des tenues qu’ils qualifient de “street”, pour se donner un style banlieusard qui les fascine mais pas au point de partager notre quotidien. Soyons d’accord, on a plus envie d’installer un échafaud et de les aider à y prendre place.


Enfin bref…


Knock at the Cabin ne fait que confirmer que M. Night Shyamalan est artistiquement décédé. On va se promettre de ne pas s’infliger son prochain navet. Puis, on va céder à la facilité et souffrir en silence dans la pénombre d’une salle de cinéma.



easy2fly
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le 12 févr. 2023

Critique lue 39 fois

Laurent Doe

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