Il était trois fois en Anatolie

Trois sœurs perdent leur emploi de bonne et reviennent auprès de leur père, dans leur village d'Anatolie. Moins contemplatif que les œuvres de son compatriote Ceylan, le film de Emin Alper se déploie dans plusieurs registres : social, avec la pauvreté d'une région dont la mine a fermé ; dramatique, avec la maladie et le suicide de certains personnages mais aussi comique dans plusieurs scènes. Le film parvient ainsi à éviter la monotonie des jours avec des conversations fréquentes, entre hommes du village autour de larges rasades de raki et entre les sœurs dont les relations évoluent entre conflits et solidarité, chacune d'entre elles souhaitant partir pour la ville, tout en maintenant un rapport avec le père, non dénué de tendresse, mais plutôt placé sous le signe d'une indépendance qui ne peut cependant s'affranchir totalement d'une tradition contre laquelle il est vain de lutter. Le film utilise au mieux les splendides paysages d'Anatolie, à l'écart du monde, pour un conte intemporel plus mélancolique que véritablement triste.