Évidemment, il y a toute la litanie de bêtises, de raccourcis, et de facilités du le geste d'écriture dans ce scénario signé David Koepp. Ces fameuses coïncidences invraisemblables irriguent absolument tout "Kimi", il serait purement et simplement impossible de toutes les lister tant elles surviennent à un rythme effréné si on y prête attention. Et probablement que toute l'appréciation du film découlera du rapport qu'on aura à cela, si on reste accroché à tous ces défauts apparents ou si on se laisse emporter dans les flots de ce thriller de série B qui, personnellement, m'a bien plu, toutes proportions gardées.
Je n'ai jamais pris Steven Soderbergh pour un cinéaste majeur, mais plutôt comme quelqu'un d'assez habile par moments, un touche-à-tout qui parfois vise juste — à la revoyure post-covid, son "Contagion" a vu ses effets décuplés par exemple. En ce sens, "Kimi" est un petit film réussi, pas très ambitieux mais pas excessif dans ses prétentions non plus, ce qui produit un équilibre satisfaisant pour moi. On suit Angela Childs (Zoë Kravitz, la fille de) dans ses déboires d'agoraphobe piégée malgré elle dans son appartement en temps de pandémie, passant ses journées à travailler sur des flux de données audio provenant d'une enceinte à commande vocale (une copie de Alexa). L'occasion pour Soderbergh de montrer la pénibilité des modérations de contenu (ainsi que l'omniprésence des supports numériques), encore que dans ce cas on restera dans le très soft, et l'occasion aussi de montrer les limitations d'un scénario trop facile dans ses sursauts et ses accélérations.
Quelques personnages très mal écrits sont à noter, comme sa supérieure dont on perçoit immédiatement la magouille, et les deux hommes de main sont à la limite de la caricature. Mais j'aime bien le côté minimaliste et nerveux du thriller, même si les personnages auraient pu être beaucoup plus fouillés et même si les références à "Rear Window" ou à "Blow Out" auraient pu être davantage exploitées.