Kiki la petite sorcière
7.3
Kiki la petite sorcière

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1989)

Il y a des films qui résonnent beaucoup en nous, non pas forcément par les personnages proches de nous mais par leurs façons de gérer leurs sentiments : "Kiki, la petite sorcière", personnellement fait parti de ceux là. Je ne suis pas une fille, je n'ai pas du tout 13 ans et je suis encore moins une sorcière et pourtant, je me suis beaucoup reconnu dans ce personnage de Kiki.
Je ne savais rien de son histoire avant que je ne la découvre, n'ayant même pas lu le synopsis.
Découverte totale, donc. J'ai compris très vite qu'il allait aborder mes thématiques fétiches au cinéma : l'adolescence féminine et ses troubles, l'émancipation dans une grande ville.
Qui plus est en VF, elle est doublée par Adeline Chetail dont j'adore la voix et qui colle fort bien au personnage. Je me suis donc senti vraiment bien en découvrant cette histoire, m'attachant très vite et donc me reconnaissant beaucoup en elle : étant amusé lorsqu’elle est amusée, riant avec elle, émut lorsqu’elle est émue, perdu lorsqu’elle est perdue.
Il y a une scène – que je ne vais pas spoiler – où elle réagit exactement comme je l’ai déjà fais dans la réalité dans la même situation !
Si Miyazaki s’est inspiré d’un livre pour enfants, c’est donc un film sur l’adolescence. « Kiki, la petite sorcière », c’est un teen-movie !
En fait, il traite du passage entre l’enfance et l’adolescence et c’est vachement bien fait. Presque sans cliché, avec plusieurs passages très émouvants, calmes où l’héroïne n’arrive pas à exprimer ce qu’elle ressent, ne sachant pas pourquoi elle agit contre ce qu’elle voudrait. Elle est perdue dans ses sentiments surtout envers un jeune garçon avec qui elle se lie. Elle est une jeune fille éternellement optimiste – tout le film est optimiste et ça fait beaucoup de bien – et les seules obstacles auxquels elle sera confrontée, ce sont à ses propres sentiments.


Le seul « méchant » du film, c’est le tiraillement, le bouillonnement intérieur de la jeune fille, n’arrivant pas à comprendre ce qui se passe en elle, pourquoi soudainement tout se complique :


elle devient une adolescente et être une adolescente, c’est vraiment très compliqué.
Lorsqu’on est une enfant, la vie est facile, tout est simple, mais lorsque – comme Kiki – nous sommes confrontés à l’entrée dans l’adolescence, là, ça devient terrible : tout ce qui était aussi facile et simple avant se brouille dans notre esprit et ça peut faire des dégâts.
Le fait qu’elle soit une sorcière – donc qu’elle ai des pouvoirs magiques – est parfait pour Miyazaki pour évoquer l’adieu à l’enfance et l’entrée dans l’adolescence. C’est une extrême justesse, d’une grande émotion, avec quelques sympathiques touches d’humour (beaucoup dues au chat de l’héroïne : l’irrésistible Gigi, souvent sarcastique). C’est un récit initiatique : loin du village où elle as grandie, Kiki est confrontée à la grande ville (jamais citée, c’est un cocktail entre Nice, des villes italiennes, suédoises), avec du monde partout, des voitures : du Mouvement.
Avant qu’elle ne trouve refuge chez une boulangère qui la prendra sous son aile tout en la laissant développer son indépendance. Et quelques belles autres rencontres comme une artiste peintre adolescente. Si toutes ces rencontres sont positives – et on peut regretter de ne voir aucun adulte méchant envers la jeune fille, ce qui n’est pas très réaliste – et l’ensemble, justement trop positif, optimiste, ce n’est pas très grave tant l’histoire de cette jeune fille attachante, jamais niaise – les émotions de Kiki sont toujours très directes, fournies rarement d’explications (car elle même n’arrive donc pas à expliquer ses émotions) – est passionnante.
J’ai fini le film – d’1 h 43 – la gorge serrée et à la fois avec du baume au cœur, applaudissant et collant 9/10, parce qu’un thème qui m’est cher : comme le début de l’adolescence, et aussi bien traitée, avec tellement de justesse, de simplicité, de sincérité et me faisant ressentir exactement ce que j’aime ressentir à la fin d’une séance, la note est évidemment très haute.
Pour la bande-originale, c’est bien sur Hisaishi qui s’y est collé, mais j’ai surtout retenu la chanson du générique de fin qui est très belle.
Côté doublage, rien à redire : Adeline, 18 ans au moment du doublage, a modifiée sa voix, ce qui rend super bien : elle est tout le temps juste ; Christophe Lemoine, méconnaissable, doublant Gigi, est aussi irréprochable. Françoise Cadol, Patrice Baudrier, dans les rôles – très courts – de parents, font bien le boulot.

Créée

le 22 juil. 2021

Critique lue 63 fois

Derrick528

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