Kié la petite peste
6.7
Kié la petite peste

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1981)

Comédie loufoque à la Japonaise


Depuis 1 an maintenant, je me replonge sérieusement dans les animés Japonais. Des séries cultes aux séries récentes, des vieux aux nouveaux films, tout y passe, je découvre toutes les variétés d'histoires. Hier soir, je me plongeais dans « Kié la petite peste » et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai passé 1h45 à rire tout en étant captivé par l'histoire de ce film étonnant. L’animation et le trait de crayon me font penser à la série « Dr Slump ». Sur ce point, j’aime l’originalité, loin de ce que j’ai pu voir chez les Studios Ghibli et Madhouse.


Pas de risques donc que les fillettes regardant ce film se retrouvent complexées à la vue de Kié et ses formes rondelettes. Au bout de quelques minutes, je me rends compte que le format et la narration du film ressemblent à « Mes voisins les Yamada ». « Kié la petite peste » nous plonge au cœur du quotidien d'une famille Japonaise désassemblée et le récit se construit sous forme de sketchs accolés les uns aux autres par une intrigue principale à savoir: le retour de la mère de famille. Pourquoi est-elle partie?


Pour le savoir, revenons depuis le début. Dans un quartier populaire d'Osaka vit Kié, son père, et ses grands parents. Tous travaillent dans un restaurant. La mère, ne supportant plus de tout gérer, a préférée quitter la maison, laissant sa fille avec son père Tetsu. Tetsu est un homme irresponsable, immature, bagarreur, menteur, manipulateur, malhonnête, passant le plus clair de son temps à dépenser son argent dans les jeux et en emprunter à ses proches. Il néglige sa fille, il a négligé son mariage et néglige son restaurant dont il laisse la responsabilité à son propre enfant de 8 ans et ses grands parents. Tetsu est tellement exaspérant qu’il a perdu toute crédibilité aux yeux de sa fille l’appelant par son prénom.


Dans cette famille, les Geta (vous savez les chaussures traditionnelles Japonaises) volent, les planches de bois se prennent sur la tête où dans la figure et vu le comportement de Tetsu, on comprend pourquoi. Les fans de « Ranma ½ » n’y verront aucun inconvénients ni ne seront choqués de voir des petites filles cogner leur papounet par agacement. D’ailleurs, en parlant de « Ranma ½ », Tetsu possède à peu de choses près les mêmes vices que Genma le père de Ranma. Tous deux sont immatures et enragent leurs enfants obligés de leur coller quelques savates pour les calmer. C'est pour rire, c'est Japonais, c'est bon enfant. Enfin bon enfant, pas tant que ça. L’humour y est en effet très subtil quand il est question de se montrer sous forme de dialogues.



-T’as raison j’ai vraiment du mal à te comprendre. Je sais pas comment m’y prendre.
-Essayes de réfléchir !



Débrouillardise et responsabilité


Kié a donc prit les choses en mains. Elle seule assure la survie du foyer familial en s'occupant de l’entretien du restaurant, « du coin brochettes », et des comptes lorsqu'elle n'est pas à l'école. Kié jongle entre ses études et le restaurant, mais elle a d’autres aspirations. Celle d’avoir une vie normale en partant vivre aux cotés de sa mère mais, inquiète pour son père, reste à ses cotés, continue de l'aider tout en espérant qu’un jour sa famille sera de nouveau unie. Nous suivrons donc son quotidien, ses déboires, sa moments de joie, et feront la connaissance de diverses personnages étonnants, hilarant, que l’on prend en affection.


Ici, pas de méchants, pas de gentils, chaque protagoniste et personnages secondaires sont amenés à changer et évoluer au cours de l'histoire. Vie en communauté, vie familiale, les sentiments humains et les petites choses du quotidien sont mises en avant. Il est sûr que vous aimerez certains passages plus que d'autres, des personnages plus que d’autres et c'est normal. D’ailleurs je vais vous en présenter quelques uns :


• Le patron « pas très clair » d’une salle de jeu toujours accompagné par ses hommes de main et Antonio « alias le tueur de bœufs », son chat auquel il ne vaut mieux pas s’y frotter,
• Kotetsu, le chat de Kié, un chat viril, brutal et bagarreur montant toujours la garde et jouant les gardes du corps de sa maitresse. Sa façon de parler rappelle celle de Romeo, le chat dans « Embrasse-moi Lucile »,
• Mr Hanai, ancien professeur de Tetsu dont celui-ci en est terrifié, il jouera le rôle d'entremetteur, tentant de réconcilier Tetsu et sa femme,
• Papi et mamie, les parents de Tetsu, désespéré par le comportement de leur fils mais toujours présent pour ce dernier et sa fille.


C’est un fait, cachée derrière sa dérision, « Kié la petite peste » dépeint une histoire un poil triste. Le but est de garder espoir. Un monde dur transformé en monde humoristique, je dis un grand oui. Si je devais trouver un seul défaut à ce film, ce serait son titre « racoleur » laissant croire au spectateur qu’il va suivre une histoire qui finalement ne racontera pas ce qu’il attendait. Kié est plus présentée comme une petite fille débrouillarde, honnête au caractère bien trempé que petite peste. Je m'attendais donc à suivre l'histoire d'une petite peste enchainant les mauvais tours à ses proches. Et bien non.


Qu'importe cette erreur maladroite ou fait mal interprété (certains adultes la traitant de peste uniquement parce qu’elle leur tient tête), le lieu de l’intrigue est vivant, le coté jovial du film le rend excellent alors qu'il parle de difficultés familiales, de Yakusas, de mort, de vengeance, et de dépendance aux jeux. Il y a de l'excentricité, beaucoup d'excentricité et d'exagération à la Japonaise. Pourtant, ça passe parce que des personnages aux récits, tout à un coté réfléchis et prenant. Puis ce concept invisible d’histoire construit donc sur une succession de sketchs, je suis fan.


Au final, véritable bijou d'humour burlesque marié à la tendresse, « Kié la petite peste » fait des merveilles. Et en plus d’un doublage français aux petits oignons, il fait des clins d'œil subtils aux cinéphiles (Le fils de Godzilla, Autant en emporte le vent, les codes du western de Sergio Leone). Le crayonné de « Dr Slump », la relation tendue père/enfant à la « Ranma ½ », un concept sympathique, si ses trois spécificités vous séduisent, n’hésitez pas une seule seconde à regarder « Kié la petite peste ».

Jay77
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le 26 mai 2020

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