Histoire de lampadaires sur une place en proie à un doux déluge

En sortant ce soir du cinéma, juste après avoir assisté, délicieusement frustré, à la fin de Julieta, et en me retrouvant de ce fait sur une place pavée tout juste illuminée par la lumière jaune de quelques lampadaires, qui, non contente de donner à l'herbe un vert irréel qu'on ne penserait trouver qu'en Îlyanie, éclatait encore au sol au rythme des gouttes de cette pluie enchanteresse en océan mouvant d'étoiles, je me sentis envahi par un sentiment étrange de calme béatitude et de lucidité, d'apaisement trouble à ma tristesse récente. Ce paysage irréel, coulant comme une rivière, éveilla en moi le besoin de former quelques phrases disparates et bien trop longues, pour sublimer encore en moi cette vue. Des phrases qui commenceraient par quelque chose comme: "En sortant du cinéma ce soir, je me trouvais sur une place pavée où..." Et au fil desquelles je découvrirais ce que Julieta avait fait vibrer en moi, à travers l'histoire d'une (mais finalement sans doute de toutes) mère qui perd son enfant. A savoir cet étrange et inquiétant sentiment de manque, manque de quelque chose ou de quelqu'un, qui associé à cette impression d'avoir à la fois déjà trop mais pas encore assez vécu, produit tristesse et découragement, et me laisse le soir rêvant à la mort tout en sachant que rien ne pourrait me faire abandonner la vie.


Je craignais un peu Almodovar, dont c'est le premier film que je vois. Julieta m'a touché, je (mes larmes) coule.

Metakoura
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2016

Créée

le 30 mai 2016

Critique lue 272 fois

4 j'aime

4 commentaires

Metakoura

Écrit par

Critique lue 272 fois

4
4

D'autres avis sur Julieta

Julieta
MonsieurBain
9

D'un amour impossible

Cette soixante-neuvième édition du fameux festival de Cannes nous a largement, et peut-être même immodérément, vendu Julieta comme étant ce qu'on pourrait considérer comme non moins que le grand...

le 18 mai 2016

50 j'aime

14

Julieta
Grard-Rocher
7

Critique de Julieta par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Il s'est passé du temps, trop de temps avant que Julieta arrivée à la cinquantaine réagisse positivement à un événement qui ravage depuis très longtemps sa vie. Cette femme amante de Lorenzo...

45 j'aime

39

Julieta
The-Red-Shoes
9

Julieta la Tragedia que Toca mi Corazón.

J'écris rarement de critique pour évoquer la passion que je porte à un film, mais là je me dois de le faire. Car Almodovar et moi c'est une grande histoire d'amour, comme celle que l'on ne voit qu'au...

le 17 mai 2016

45 j'aime

18

Du même critique

Ping Pong
Metakoura
10

Ping !

J'adore les œuvres audiovisuelles qui traitent de sport. Voilà, c'est dit. Je ne l'assume pas tous les jours, mais j'adore des films comme Space Jam, La légende de Bagger Vance ou Jerry Maguire, et...

le 1 mars 2016

13 j'aime

Belladonna
Metakoura
9

Le caractère charnel du dessin (ft. le Diable phallique et autres joyeusetés)

"Les pas du chagrin ne résonnent pas encore" Eh bien voilà, à peine la séance terminée je m'élance, me précipite (tout du moins autant qu'on peut se précipiter en attendant le métro) chez moi pour...

le 15 juin 2016

12 j'aime

Revolutionary Girl Utena
Metakoura
10

Lost Highway

Lorsque j'ai regardé Utena, la fillette révolutionnaire il y a quelques mois, le voyage audiovisuel qui m'a été proposé n'a cessé de me faire osciller entre l'émerveillement et la confusion (laquelle...

le 19 janv. 2016

10 j'aime

4