Bonjour à tous ! Ici Cosmic M et on est dans retour dans un monde auquel on est sûr qu'on peut trouver des films exceptionnels : le cinéma d'animation français ! Ce cinéma si on peut remettre en cause que les films sont les meilleurs du monde (même si on va pas se mentir, il rivalise clairement avec les meilleurs), c'est l'un des plus créatifs et surtout le moins tourné dans la logique d'animation tel qu'on le conçoit à tort (vous savez, la même rengaine qui dit que les films d'animations sont pour les enfants). Ce cinéma est celui qui explore des domaines différents à chaque fois. Il peut aussi bien se rapprocher vers du Disney - like à la Astérix, que de faire du film de genre pur à la Mutafukaz. Pour Josep on est encore dans un style différent mais qui sied bien à son sujet. Car Josep est une surprise qu'on attendait pas forcément de la manière qu'on pensait. Un film qui utilise de l'animation 2D et qui mise beaucoup sur l'émotion que sur l'impact.



Artiste peintre militant



Le film est réalisé par Aurel, qui n'a qu'à son actif le court-métrage Octobre noir. Je trouve que son style très BD franco-belge sied parfaitement au film. On a l'impression de voir une BD filmée. Ce parti pris est à mon avis un piège parce que ... bah cela fait BD filmée et non film d'animation. Mais , parce qu'il y a un corollaire et c'est une caractéristique de l'animation française, s'il y a beaucoup de films d'animations différents en France, c'est parce qu'on a le don d'adapter le style au sujet choisi. Ce film a la même démarche qu' Avril et le Monde Truqué (vous savez le meilleur français de 2015 ? Oui. Je l'ai dit.). Le coté brut et parfois brouillon qu'on a durant les événements entourant les prémisses de la Seconde Guerre Mondiale colle parfaitement bien au film. Là où le style très maîtrisé dans les scènes à New York et au Mexique signifient vraiment quelque chose. Le style épouse vraiment bien le sujet choisi. Le grand reproche que j'aurai à faire est le manque de percutant qu'on a dans les scènes d'actions (entre guillemet).


Enfin. Certaines parce que pour d'autre, vraiment ça marque


Mais l'émotion est bel et bien là. Et c'est là que le film se démarque. En revanche la musique de Sílvia Pérez Cruz est présente. Pas flamboyante mais présente.



L'autre camp de concentration



Au niveau des personnages, ils sont tous très marquants. Celui qu'on voit le plus est le narrateur Serge. Doublé par Bruno Solo dans le passé et Gérard Hernandez dans le présent, c'est un gendarme débonnaire qui est témoin de la xénophobie (ça fait longtemps qu'on ne dit plus ce terme alors que c'est de la discrimination toujours répandue) de ses collègues qui rejettent les réfugiés espagnols fuyant la dictature franquiste. C'est un homme qui apprécie aussi bien la compagnie des espagnols (en particulier Josep) et les tirailleurs sénégalais. J'aime bien son coté maladroit dans le passé et lunaire dans le présent. Evidemment, il est le narrateur du film et un narrateur qui a bien plus de recul sur ses événements. Il aurait aimé être un meilleur résistant. Heureusement, au fil du récit, son petit-fils Valentin (David Marsais du Palmashow) lui rappelle qu'il a été ce résistant. Qu'il a sauvé des vies, qui n'était pas un soldat mais un vrai héro. C'est un personnage débonnaire qu'on apprécie toujours dans ce genre de film.


Josep (Sergi Lopez...trop cool) est un réfugié dessinateur, romantique mais aussi très lucide et même politisé. C'est un homme populaire et de conviction forte. Il nouera une grande amitié avec Serge grâce à ses dessins et sa personnalité. Il veut retrouver sa femme enceinte et sortir du camp de concentration dans laquelle les réfugiés espagnols et dissidents comme lui sont parqués. Et si son combat occupe les 3/4 du films, il ne berce pas d'illusion sur le sort de sa femme, ou le sien s'il retourne en Espagne. Mais il garde un infime espoir, même si ce n'est pas gagné


Il s'en sortira


Les autres personnages sont assez présents et importants. Valentin est le petit fils de Serge, futur artiste qui se retrouvera transformé par l'histoire de son grand-père. Frida Kahlo est ...Frida Kahlo. Elle est aussi doublée par Silvia Pérez Cruz. On voit aussi les 2 gendarmes qu'on adore détester, un des tirailleurs qui est sympathique et la Mère de Valentin doublée par Valérie Lemercier qui est...là.



Josep au pays d'Albert Lebrun



L'histoire est celui de Josep raconté par Serge "de nos jours" (les guillemets ne sont pas pour rien à cause du spoiler de fin) à son petit-fils Valentin. Se sachant mourant et avec une mémoire hésitante, il raconte sa rencontre et son amitié avec Josep Bartoli, un prisonnier d'un camp, maltraité par les forces de l'ordre français après la guerre civile espagnole. Et si on connaît tous la guerre civile espagnole, on sait bien moins que bien avant la Shoah, il y avait aussi des réfugiés fuyant la dictature franquiste. Bref, un point de détail bien plus discret que la Shoah (mode ironie on). Il raconte aussi les mauvais traitements et persécutions que Josep et les siens a subi, mais aussi le fait qu'entre eux il s'entraidait et se respectait. Le film aborde aussi la création de certains dessins qui sont les témoins de sa vie dans ce camp. Des traits brouillons et monstrueux comme on le voit. Au delà d'une histoire d'amitié et de résistance, le film est avant tout une histoire d'art. En effet passé les 2 premiers actes, on se retrouve au Mexique où on voit Josep évolué auprès de son amante Frida Kahlo qui sera son inspiration et résumera son art par cette simple phrase :



Jusqu'à présent, tu trouves que tes dessins en noir et blanc sont bons parce qu'ils expriment ta peur. Quand tu n'auras plus peur, tu pourras enfin mettre de la couleur



Elle souligne ainsi l'évolution de son auteur et aussi sa progression. Evidemment, il aurait été sans doute difficile pour lui de dessiner dans un camp, mais le fait qu'il ait gardé si longtemps ce style est que cet épisode l'a marqué. Surtout que spoiler, il n'a jamais retrouvé son épouse


Il y a bien une séquence où Serge se démène pour la retrouver mais apparemment ce n'est pas elle. Ce qui est assez étrange car même défigurée, la femme ressemble étrangement à l'épouse de Josep


Mais grâce à Serge, il entreverra progressivement un échappatoire. Dans l'idée, le film est une fusion parfaite de la Passion Van Gogh et Neruda (deux films que je vous recommande sur le champ). La Passion Van Gogh pour son sujet et la sensibilité et Neruda pour le militantisme du personnage. Malgré les aller-retours entre le passé et le présent assez fréquents, le film est intéressant et bien raconté. Mais le style fait qu'on s'attache à l'histoire et aux personnages.



Quand l'homme et l'artiste se confondent



Josep est un très bon film d'animation français qui est d'une sensibilité qu'on a peu vu dans l'animation. Bien réalisé, bien écrit et surtout avec une progression intéressante. Il prouve une fois de plus qu'il s'agit d'un cinéma à voir sans se poser de question. Ce n'est pas du cinéma pour enfant mais un biopic d'animation maîtrisé tel qu'on n'en voit...pas du tout ! Parce que à part La Passion Van Gogh et le Vent Se Lève, bah, je n'en connais aucun ! Encore plus pour un dessinateur aussi méconnu (Tout le monde connais Vincent Van Gogh et je pense que beaucoup connaissent depuis le film de Myazaki Jirō Horikoshi). Raison de plus que le film reste un film qui faut voir malgré son style très franco-belge. Du coup ça passe alors ?

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le 2 oct. 2020

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Neo Cosmic

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