L'aventure bizarre de Jojo.

Jojo est un enfant de 10 ans qui est dans les jeunesses hitlériennes, et où son ami imaginaire n'est autre qu'Adolf. Il va être perturbé par le fait que sa mère cache une fille d'origine juive.

Ce qui frappe assez vite en voyant le film, c'est cet enrobage ultra-coloré, presque pop, avec des musiques parfois connues, et chantées en version allemande, qui rappelle fortement ce que fait Wes Anderson. Sauf que là, j'y vois plus un moyen pour le réalisateur de prendre la main du spectateur et, par le prisme de Jojo, de montrer qu'un nazi, c'est pas bien. Tous sont montrés comme bêtes, stupides, méchants : loin de moi l'idée de redorer leur image, mais on dirait que le film est destiné aux enfants qui ne savent pas qu'il y a des décennies, il y avait des méchants, et un très très méchant.

Du coup, parler de cette époque via la comédie, avec Taika Waititi soi-même qui joue un Adolf déjanté, ça me passe à deux kilomètres au-dessus de la tête. En plus de montrer des acteurs et actrices qui semblent jouer comme si ils savaient qu'ils étaient en 2019. En particulier le petit Roman Griffin Davis qui a tout du singe savant où rien ne dépasse, à l'image de la reconstitution qui sonne là aussi comme fausse, tant tout a l'air neuf, aussi bien les costumes que les maisons.

Le sérieux lui réussit davantage comme la scène de la pendaison, je n'en dirais pas plus, où il y a de très beaux plans de fenêtres sur les toits des maisons qui semblent regarder ce qui se passe. Il y a aussi une scène réussie où la jeune juive incarnée par Thomasin McKenzie appuie de façon volontaire sur la caricature qu'on fait des gens de sa religions pour donner du grain à moudre à Jojo, facilement impressionnable, mais qui se rend compte peu à peu du ridicule de la situation.

Seulement, je me demande si traiter ainsi la guerre, par le regard d'un enfant de 10 ans qui ne sait pas vraiment pourquoi détester les juifs, sauf parce que son copain Adolf lui a dit, où la moindre scène de violence semble là aussi traitée comme un cartoon, semblait à propos...