Une fable tragico-comique à la fin un brin décevante...

Pour ce premier opus du challenge (un film par an en remontant le temps jusqu'à mon année de naissance, en prenant en compte les dates de sortie, pas celles de production), j’ai choisi un film casse-gueule comme nous le montre le pitch...


   *Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu'imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.*
Hitler en ami imaginaire... OK. Sur le papier l’idée semble brillante, presque trop… Mais n’est pas Chaplin qui veut et je commençais dès lors à m’inquiéter quelque peu… L’idée du nazi ridiculisé et caricaturé n’a rien de nouveau ni, du coup, d’audacieux. Si j’ai quand même choisi ce film pour l’année 2020, c’est parce qu'il nous livre la vision d’un enfant, voilà en quoi, à mon avis, *Jojo Rabbit* pouvait se démarquer ou manquer son coup… Alors, qu’en est-il au terme du visionnage ?

En effet, Jojo, malgré une mère qui remet en question le régime, est complètement aveuglé par la propagande. Son innocence est réelle, palpable jusque dans les propos insoutenables qu’il tient sur « l’ennemi juif ». Pour être tout à fait franche, ami-lecteur, le personnage d’Hitler est peut-être, pour moi, l’élément le moins réussi du film. S’il nous fait rire au début du film, il devient vite le truc un peu facile auquel on fait appel pour montrer au spectateur l’évolution de Jojo. Tiens, Jojo commence à s’attacher à la jeune fille juive cachée par sa mère, comment on le dit ? Ben on a qu’à sortir l’Hitler imaginaire de sa boîte… D’un autre côté, mes enfants, qui ont regardé avec moi, ont eu leur soirée sauvée par le personnage du Führer. En effet, quand la tragédie se fait de plus en plus présente, quand la réalité rattrape Jojo et son innocence, mes enfants (13 et 10 ans) se sont « raccroché » aux éléments comiques pour ne pas fondre en larmes.


 Oui, *Jojo Rabbit* est une fable tragique sur la manière dont la guerre, les idéologies racistes et la violence sous toutes ses formes, déforment l’innocence des enfants, que ce soit Jojo ou son meilleur ami Yorki. J’ai beaucoup aimé le film, du moins dans sa majorité. Déjà grâce à deux de ses actrices. Scarlett Johansson, tout d’abord, qui campe la mère du héros, Rosie, et nous livre une très jolie prestation, particulièrement dans une scène pleine de poésie et de fêlures où elle tente de remplacer le père absent. 
Comme souvent, Jojo Rabbit risque de décevoir le spectateur selon ses attentes. Si, comme moi, il ne connaît le réalisateur du film, Taika Waititi, que par le jubilatoire et amusant *Vampires en toute intimité*, il pourrait très bien penser voir une bonne grosse satire hilarante. Sauf que non…
L’Hitler campé par monsieur Waititi n’est drôle et burlesque que dans la première partie du film. Car ce film n’est pas une comédie. C’est une comédie dramatique, une fable initiatique. Et le Führer a tout du rôle qu’il tient dans la vie du petit héros de dix ans : imaginaire. C’est donc un Hitler fantasmé par un gosse, un Hitler qui ne deviendra inquiétant que lorsque l’enfant sera confronté à une autre réalité que celle inculquée par l’état Nazi.
En effet, Jojo, malgré une mère qui remet en question le régime, est complètement aveuglé par la propagande. Son innocence est réelle, palpable jusque dans les propos insoutenables qu’il tient sur « l’ennemi juif ». Pour être tout à fait franche, ami-lecteur, le personnage d’Hitler est peut-être, pour moi, l’élément le moins réussi du film. S’il nous fait rire au début du film, il devient vite le truc un peu facile auquel on fait appel pour montrer au spectateur l’évolution de Jojo. Tiens, Jojo commence à s’attacher à la jeune fille juive cachée par sa mère, comment on le dit ? Ben on a qu’à sortir l’Hitler imaginaire de sa boîte… D’un autre côté, mes enfants, qui ont regardé avec moi, ont eu leur soirée sauvée par le personnage du Führer. En effet, quand la tragédie se fait de plus en plus présente, quand la réalité rattrape Jojo et son innocence, mes enfants (13 et 10 ans) se sont « raccroché » aux éléments comiques pour ne pas fondre en larmes.
Oui, *Jojo Rabbit* est une fable tragique sur la manière dont la guerre, les idéologies racistes et la violence sous toutes ses formes, déforment l’innocence des enfants, que ce soit Jojo ou son meilleur ami Yorki. J’ai beaucoup aimé le film, du moins dans sa majorité. Déjà grâce à deux de ses actrices. Scarlett Johansson, tout d’abord, qui campe la mère du héros, Rosie, et nous livre une très jolie prestation, particulièrement dans une scène pleine de poésie et de fêlures où elle tente de remplacer le père absent. Ensuite, Thomasin McKenzie, qui joue Elsa, la jeune fille juive. Il faut dire que le personnage d’Elsa est génial, drôle, émouvant et plein d’un espoir un brin désabusé.
Certains ont reproché au film de ne pas s’en tenir à la comédie satirique et de tourner au drame, voir au mélo. Alors oui, on ne reste pas dans la légèreté, car en même temps que la réalité vient remettre en question les certitudes de Jojo, elle emmène avec elle toute l’horreur de la dictature. Et quand je dis que j’ai apprécié le film dans sa majorité et pas dans sa totalité, c’est la fin qui m’a semblé tomber à côté. Alors que le réalisateur tente de garder un cap poétique, j’ai trouvé la scène mécanique et sans émotion.
Finalement, je dirai que la seule scène de rencontre entre Jojo et Elsa vaut la peine qu’on visionne le film : réalisée comme une scène de film d’horreur, elle souligne le grotesque de l’idéologie nazi avec originalité et maîtrise.
En conclusion, malgré mes réserves sur certains points – l’Hitler fantasmé un peu facile et la fin légèrement décevante – *Jojo Rabbit* est une jolie fable tragique sur le cheminement d’un gamin qui découvre une autre manière de penser grâce à sa rencontre avec l’autre. Et mes enfants ? Ils ont beaucoup aimé même si ma plus jeune, dix ans, a trouvé certaines scènes très dures.
CulturoVoraces
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le 16 mars 2021

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