Moi Jojo, 10 ans ½, 1m39

Je ne connaissais pas encore le travail de Taika Waititi.
C'est maintenant chose faite.

Quel film subtil !

Jouant habilement entre feel good movie et drame, Jojo Rabbit est un petit ovni qui arrive aussi bien à donner la pêche qu'à mettre la larme à l’œil.

Jojo est allemand. Jojo a 10 ans. Jojo vit une paisible vie de petit aryen endoctriné, partageant son quotidien avec sa mère et un Adolf Hitler imaginaire haut en couleurs à qui il confie ses idées, ses doutes, ses peurs. Subissant les injustices et l'absurdité d'une guerre totale et fanatique, le petit aryen découvre un jour qu'une jeune juive nommée Elsa est cachée chez lui. Tout va alors progressivement prendre un autre chemin dans sa tête ; ses dogmes, la guerre, sa mère, le Führer...

Et c'est une sacrée réussite ! Sans jamais tomber dans l'humour navrant ni le pathos, Jojo Rabbit nous dépeint une fresque particulièrement colorée dans une effroyable vie quotidienne aux relents xénophobes et antisémites. Le superbe jeu de Roman Griffin Davis nous aide à retrouver nos yeux d'enfants et toutes les convictions que nous pouvions avoir à cet âge là pour défendre nos idées et nos héros.

D'ailleurs, excepté un Theon Greyj... pardon, Alfie Allen insignifiant, chaque autre rôle est interprété à merveille ; Johanson (Ah, ma chère Scarlett, chacun de tes rôles me laisse en pamoison !) en mère forte et fière, Sam Rockwell en capitaine nazi pour le moins... ambigu, Archie Yates en Yorki, ce meilleur ami attendrissant (alors lui, je sens qu'on va en attendre parler longtemps ! Du moins je l'espère !), et bien évidemment Waititi lui-même en Hitler... Était-ce un pari entre potes que d’interpréter le personnage le plus détesté de tous les temps ? Nul ne le sait... Mais rien que pour voir cet Adolf bondissant et discutant avec Jojo comme un pote, ça vaut le déplacement. D'ailleurs, au bout de 3 minutes, les personnages allemands qui parlant en anglais, on oublie totalement. On entend même un petit accent... (Ou serait-ce mon imagination ?)

Ce qui m'a semblé fort, dans Jojo Rabbit, ce sont les changements ton brutaux qui interviennent régulièrement jusqu'à atteindre cet instant où tout change alors, nous faisant retomber brutalement dans la cruelle réalité de la seconde guerre mondiale (même le Führer change de ton avec Jojo, redevenant, le temps de quelques secondes, le glacial petit personnage que nous connaissons tous).

Jamais je n'aurais pensé rire en regardant Adolf Hitler sauter et discourir sur fond de Beatles.
Jamais je n'aurais pensé être bouleversé par une paire de chaussures.