Cycle Western - Episode 5 - Tout est politique

Voilà un film majeur dans l'histoire du cinéma, et pas que dans son genre, le western. Toujours à la poursuite de l'histoire du genre, j'ai abordé ce film avec moins d'entrain que d'autres. Peut-être moins de stars ? Peut-être un titre plus intimiste que d'habitude (mais j'aurais dû me méfier, les titres francisés des western sont souvent plus guerriers que leur version originale (cf She wore a yellow ribbon devenu La charge héroïque...) ?

J'ai vite déchanté. Pour 3 raisons majeures, mais qui se résumeraient à l'audace :

  • Nicholas Ray joue sur le renversement des genres : les leaders sont désormais des femmes, la tenancière de tripot contre la puritaine jalouse. Et donc, les hommes obéissent. Cela restent eux, qui, globalement, défendent les femmes (la force physique, tout ça), mais le duel final, c'est bien entre les deux femmes protagonistes qu'il aura lieu. C'est le tout premier western que je regarde qui passe ce fameux test de Bechdel. Notable.
  • Et puis, il y a cette allégorie du McCarthysme. Et ici, on nous amène à prendre fait et cause pour l'anti-McCarthysme. C'est subtil, évidemment, mais avec un peu de recontextualisation historique, les puritains conservateurs sont bien ceux qui veulent chasser les "libre penseurs". Courageux.
  • Enfin, il y a cette caméra qui admire Joan Crawford, qui en fait un objet de désir / sujet désirant. Cette femme passe son temps à changer de fringues, toutes plus flamboyantes les unes que les autres, avec forcément, le noir intégral, le blanc total, et le rouge et jaune pétant ! Sans oublier ces moments où le passage par la rivière trempent les vêtements de l'actrice, si vous voyez ce que je veux dire. (notez bien que ce n'est pas Basic Instinct non plus, question d'époque et de censure...). Sensuel.

Ce n'est plus un western, c'est un film universel qui fait son tour de la question. C'est l'esthétisme et la romance au service de l'audace politique. C'est à voir.

John-Peltier
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le 26 nov. 2022

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John Peltier

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