Variation (ratée) sur le mythe d’Orphée.

Ce qui surprend un peu quand on regarde Johnny belle gueule, c’est une drôle de sensation de déjà-vu. On voit Mickey Rourke, tel qu’il est aujourd’hui ( ?) Comme s’il avait été rattrapé entretemps par son personnage. Nous somme en 1989. Méconnaissable après moult chirurgie, défiguré par la boxe, les épreuves, et la vie. Les fans et les filles vont verser une larme de nostalgie. Et Walter Hill est un génie. Il a inventé la machine remonter le temps, et à revenir. Plus loin dans le film, Mickey redevient le beau gosse qu’il été, et sans chirurgie. Nous visionnons en 2016, un vieux thriller peut-être culte.


Johnny Belle Gueule ressemble à Elephant man. Il souffre d’une maladie rare qui lui fait une tête de monstre…Son surnom (belle gueule), c’est une moquerie des autres. Sa vie, celle d’un loser, qui organise un braquage qui va tourner mal. Il est laissé pour mort par ses complices. En prison, on tente de le réinsérer. Il tombe sur un docteur miracle, un chirurgien plastique, (Forest Whitaker), qui lui promet une nouvelle vie, un nouveau visage, une nouvelle chance. Et Walter Hill n’est pas un génie. Le bon début, c’était un coup de chance. Le film qui aurait pu devenir génial, devient une histoire de vengeance mile fois déjà vu. La fable sur la rédemption reste au niveau du caniveau, comme tous les personnages. Heureusement, il y a Morgan Freeman, excellent en homme de loi, ou agent Javert, qui traque Johnny comme un maniaque, comme il traquerait Jean Valjean, l’ancien forçat. Tout le temps à le surveiller, en attendant qu’il fasse l’erreur qui le renverra en prison. Superbe Freeman. Teigneux, haineux, inflexible, du lourd. Tous les acteurs sont bons, mais seul Freeman a quelque chose de sérieux à jouer. Et une fois Johnny redevenu Mickey, le beau gosse, on dirait que le travail de Hill est terminé. On attend la fin du film, et le règlement de comptes avec ses anciens complices. Le nouveau Johnny ne vaut pas pus que l’ancien Johnny. C’est tout ? C’est peu. Le bras de fer psychologique entre Rourke et Freeman est à moitié raté, le rôle de Rourke est mal écrit. J’appelle ça bâcler un beau sujet.


Mickey est à la hauteur, mais la transformation de monstre en homme est vite torchée. Quelques bandages sur la face, et puis c’est tout. Voilà le beau  gosse, toujours laid à l’intérieur. Ça va plaire aux amateurs de série noire, ou romans de gare, ou de SAS, les trucs dans ce genre. Les scènes de braquages sont viriles, parfaites, rentre-dedans, efficaces. L’atmosphère est anxiogène. Le reste, c’est du thriller prémâché, sans grand suspense. Les méchants, des ombres. Un final, sacrificiel. Johnny est puni par où il a péché. Divertissement pour adultes, violence, et une morale à deux balles cachée en dessous. Le bien triomphe, l’ordre est rétabli. Johnny ne valait rien au début. Johnny ne vaut rien à la fin. Entre les deux, il ne s’est rien passé. Normal, il ne pense pas. Et les autres non plus. Le docteur, la bonne sœur, la petite amie, tous des ombres. Pourquoi Johnny rate sa réinsertion dans « le monde des vivants » ? On ne sait pas. C’était important, non ? Pourquoi il décide de retourner dans l’Enfer d’où on l’a tirée ? C’était le sujet, non ? Le cliché, remplace l’audace du début. Action. Point. 
Angie_Eklespri
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le 22 juin 2016

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