John Wick : Chapitre 4 - Reeves, au sommet !

John Wick fut le succès que personne n’avait prédit. Avec ses airs de série B de luxe porté par un acteur en chute libre qui n’a jamais concrétisé après Matrix, le film aurait pu être un divertissement vite oublié. Et pourtant, le statut culte de John Wick a directement marqué les esprits, et ce, pour plusieurs raisons. La première et la plus évidente, John Wick est un excellent film d’action porté par un jeune duo de cascadeurs à la réalisation, Chad Stahelski et David Leitch. Le premier était d’ailleurs la doublure de Keanu Reeves sur Matrix, la boucle est bouclée.


Avec son découpage stylisé et précis, John Wick instaure un renouveau dans la manière de filmer l’action dans le cinéma américain. Des plans longs, d’ensemble, pouvaient permettre au spectateur de ne jamais se perdre dans la chorégraphie en plus de mettre en valeur l’acteur principal, effectuant une grosse partie de ses cascades.


Avec un tel succès, il était évident qu’une suite allait arriver. Exit David Leitch parti faire ses films en solo (les plutôt médiocres Atomic Blonde, Hobbs & Shaw ou Bullet Train), Chad Stahelski rempile avec l’objectif de faire encore plus fort. Et ce fut une nouvelle réussite, Stahelski ayant la bonne idée de créer et d’élargir une mythologie dans l’univers de John Wick avec cette confrérie d’assassin. Un prétexte narratif passionnant qui permet en plus de présenter divers personnages à travers les quatre coins du globe.


John Wick : Chapitre 2 et John Wick : Chapitre 3 furent à leur tour des succès critiques et publics, la renaissance de Keanu Reeves de nouveau propulsé parmi les plus grandes stars d’Hollywood et d’avoir le fameux Baba Yaga comme un personnage de cinéma culte et inoubliable.


Ce qui est unique dans cette saga, c’est qu’elle est l’une des rares à ne reposer sur rien d’autre qu'elle-même. Ce n’est ni l’adaptation d’un jeu, d’une BD, d’une série, d’un roman, d’un vieux film, d’une légende urbaine. C’est une pure création comme Hollywood ne sait plus faire. Son succès force encore plus le respect.


Avec ce Chapitre 4, on pouvait légitimement se demander si nous n’allions pas arriver dans les opus de trop. Une série, Ballerina, étant actuellement en tournage, comment ne pas tourner en rond et proposer toujours quelque chose de neuf au spectateur. Stahelski, toujours à la barre de la saga, avait la lourde tâche de rendre encore plus fou, encore plus fort… Et vous savez quoi ? Il a totalement réussi et accouche de l’opus le plus débridé de la saga.


John Wick : Chapitre 4 dispose d’une durée de 2h50. À l’aube du retour des films de plus en plus long : Ca - Chapitre 2 durait lui aussi 2h50, plus de 3h pour Avatar 2, Avengers 4 ou Babylon… Ce Chapitre 4 pouvait être le film de trop, celui de l’overdose. Mais Chad Stahelski est un passionné de son univers et cela se sent. Le niveau d'orfèvrerie que démontre le réalisateur dans ce film est absolument titanesque.



Évidemment, les séquences d'action sont encore une fois toutes plus incroyables et improbables les unes que les autres. En déplaçant l’action au Japon dans un hôtel d’assassin, puis dans un club à Berlin pour finir à divers endroits culte de Paris. John Wick 4 ne s’arrête jamais pendant ces quasis 3h. Le rythme s’enchaîne à une vitesse folle et les chorégraphies, encore une fois très inspirées, impressionnent à nouveau.


On peut noter un petit moment à démarrer sur le début, la séquence au Japon est un peu plus classique de ce que l’on a vu dans la saga malgré l’introduction fabuleuse de Donnie Yen.


Le travail effectué par l’équipe du film et Donnie Yen sur son personnage est effrayant tant chaque mouvement, chaque mimique est perceptible. Donnie Yen jouant Caine, un assassin aveugle, engagé pour éliminer John Wick, il avait déjà joué un personnage non-voyant dans Rogue One. Ici, la façon du personnage de se battre est cohérente avec son handicap. Quand il n’y a pas de bruit, il ne sait pas d’où vient la menace, il se repère grâce au son et à ses gadgets. Bref, John Wick ajoute un nouveau personnage culte à sa saga et Donnie Yen devient presque l’attraction principale de ce film.


Que dire aussi des autres personnages ? Entre Scott Adkins, ici dans un costume qui le grossit, l’acteur anglais reste redoutable et montre que même avec des kilos en trop, ses coups de pieds et son agilité ne sont plus à démontrer. Bill Skarsgård joue, quant à lui, le méchant du film, un certain Marquis français. Si son visage a tout pour être tête à claques et perturbant (c’est le clown de Ca), son accent français à couper au couteau n’est pas des plus remarquables surtout pour nous francophones.


Avec sa galaxie de personnages de plus en plus cartoons, John Wick assume de plus en plus ses inspirations vidéoludiques. Tout est dans l’exagération, le réalisme n’ayant plus sa place. Les gens normaux sont à peine dans le décor et servent plus de PNJ (personnage non-jouable) qui habillent les scènes.



Sans spoiler, l’une des séquences d’actions les plus jouissives peut se voir comme une référence directe à un certain Hotline Miami (les vrais sauront), que ce soit dans les armes utilisées, la musique techno et la mise en scène. Le film a presque des allures de Die & Retry avec ce brave John Wick qui croule sous les ennemis quitte à recommencer certaines de ses actions dans une séquence hilarante à Paris.


Outre ses personnages et séquences d’action, ce qui frappe dans ce chapitre 4, c’est le soin apporté à tous les aspects techniques du long-métrage. La photographie avec ses couleurs vives et assumées, ses néons, donne une ambiance pulp et anime japonais somptueux à visionner. Le film est un vrai plaisir pour les yeux, grâce aussi à des décors tous différents, savamment filmé et utilisé dans l’action.


Évidemment, en tant que Français, et parisien, voir John Wick déambuler dans des lieux aussi culte que l’Arc de Triomphe, le Louvre ou Montmartre (entre autres) pour dégommer tout ce qui bouge donne un plaisir chauvin immense, qui n’est pas sans rappeler les performances de Tom Cruise dans Mission Impossible - Fallout.


Ce travail quasiment psychorigide sur la technique est pris à défaut par la narration de John Wick. Bien sûr, personne ne va voir un tel film avec l’attente d’un scénario shakespearien. Il faut néanmoins noter que narrativement, la saga se repose beaucoup sur ses personnages et sa mythologie. Pourtant, la quête mortifère du personnage est encore plus mise en avant. John Wick ne peut que tourner en rond tant ses ennemies sont remplaçables et invisibles.


John Wick : Chapitre 4 a tout pour être un renouveau dans le cinéma américain. Si Tom Cruise était l’un des derniers à proposer des spectacles novateurs, ambitieux et techniquement irréprochables, on peut ajouter Chad Stahelski et Keanu Reeves à la table. À l’instar de The Raid qui avait donné un nouveau souffle à l’action débridée, John Wick embraye le pas en proposant un spectacle hallucinant à tous les niveaux.


Est-ce qu’il fera date à Hollywood ? L’avenir nous le dira. Mais cette saga à quelque chose d’unique et on est curieux de découvrir cette série dérivée.


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le 17 mars 2023

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