Réveille le pedobear qui est en toi
Un film dur à critiquer tant on nous donne, à dessein, peu de clefs pour comprendre ses intentions du début à la fin. Le film est volontairement détaché, plus dans l'observation que dans l'analyse. Dès qu'une scène semble vouloir délivrer une vérité, faire pencher la balance d'un côté, on rééquilibre ou détruit tout. N'attendez pas ici un film sur la prostitution volontaire, mais plutôt un film sur une jeune fille qui se prostitue, tout est centré sur Isabelle et n'en sortira quasiement jamais. Pas de bol pour les affamés d'étude psychologiques vu son mutisme permanent pendant les 1h30 du film.
Alors on se contente (beaucoup) d'admirer la beauté de Marine Vacth, le titre du film n'ayant pas été volé. Reconnaissons aussi que je ne me suis pas ennuyé un seul moment, alors qu'habituellement je suis assez allergique des dramas futiles au sein de la bourgeoisie parisienne (je préfère les ambiances moins connotées à la Bacri/Jaoui), et que le film sait aussi éviter beaucoup de pièges (je m'attendais au pire avec le beau-père) et faux mélodrames habituels de la production française (même si la scène qui est censée être un tournant du film sonne un peu comme un cliché digne d'une série TV genre plus belle la life). Ah si tous les passages avec les étudiants à mèche sentent vraiment trop le polo lacoste pour ressentir autre chose qu'une envie de saisir d'un lance flamme (le passage sur Rimbaud...). J'ai préfèré les petits encarts de Francoise Hardy bien plus sympas.
Un film à mon avis qu'on peut aimer ou ne pas aimer très facilement, tant il compte sur le spectateur pour faire le premier pas et la conversation. Facile quand on est jeune et jolie.