Décidément, les westerns du nouvel Hollywood ont fait franchir un cap au genre, dans la foulée des italiens.
Jeremiah Johnson pourrait ressembler à un misanthrope, mais il me semble, à un degré moindre des westerns d'Eastwood. En effet, il est déçu par la vie en ville et pour s'en échapper, il choisit de s'exiler dans les montagnes rocheuses, quelque part vers le Colorado, sans doute.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne choisit pas la facilité. La dureté des montagnes, particulièrement l'hiver, c'est quelque chose que le film nous fait ressentir avec intensité.
D'ailleurs, avec le recul, on pourrait se demander comment il a survécu, seul, là-dedans.
Pollack choisit de mettre Redford de tous les plans, de ne pas le quitter de l'histoire. Il est le premier à être charmé par le charisme du bonhomme. Il ne lésine pas sur les gros plans. Internet ne l'oubliera, faisant de l'un d'entre eux l'un des gifs les plus célèbres et repris.
Et en face de Redford, il choisit de mettre l'immensité montagneuse en regard, à la fois accueillante et mortelle.
Et donc, Jeremiah choisit de s'exiler, mais l'homme le rattrape. Toujours. Pour le meilleur parfois, lorsqu'il rencontre Griffe d'Ours, pour le pire également, quand, presque sous la contrainte, il doit guider les Tuniques Bleues à travers, notamment un cimetière indien, sacrilège qui va créer le rebondissement majeur du film.
Ce film choisit donc, de façon incroyable, de nous montrer que même si tout est extrêmement dur, âpre, les soldats, les amérindiens, la nature sauvage, on peut malgré tout choisir cet exil, une vie d'ermite, puisque ce ne sont que les événements qu'il ne maîtrise pas qui vont amener Jeremiah à faire des rencontres qui s'avéreront plus apaisantes. Cet apaisement se traduisant d'ailleurs par le seul moment où il ne portera pas de barbe. Cet élément sera le symbole de l'apaisement puis du retour à la vie d'ermite.
Il s'agit donc d'un merveilleux hymne à la nature, au retrait du monde, mais un hymne pas manichéen. La nature n'est pas bonne. La nature peut te permettre de survivre autant que de mourir. Mais en réalité, au même titre que tes congénères.