Je suis venu, j'ai vu et je suis devenu...le diable.
Comme il est fastidieux d'écrire une critique de ce film à chaud, encore tourmenté par ces 2h22 d'horreurs...
Kim Jee-Woon est un cinéaste de la suggestion des propos. Beaucoup verrons ici un simple reboot de "Se7en", d'autres un "torture-porn" façon "Saw", pourtant le message est autre, et tellement plus subtile et philosophique.
Le scénario se plait alors à faire retourner la situation, le monstre du départ se retrouve confronté à un tout autre monstre, surement bien plus dangereux, celui qui n'a rien à perdre, et qui a soif de vengeance.
Alors oui, effectivement, il y a un critique de la vengeance ici, mais encore une fois, de manière subtile. Pendant tout le long du film on suit Lee Byung-Hun dans la mise en pratique de cette vengeance. Pratiquement robotisé, sorti de tout humanité, galvanisé par cette rage ardente qui brûle dans son fond intérieur, l'acteur finit par craquer à la fin, et nous montre avec une emprunte optimiste qu'il y a encore, un tantinet d'humanité en lui.
Car, c'est à mon sens, ce sur quoi repose le film, l'éternelle question existentielle hautement philosophique et surement d'actualité : L'homme naît-il mauvais ou le devient-il ? Le film tranche, sans trancher, mais nous montre qu'on peut, en tous cas, le devenir (le temps d'une vengeance).
Sur la forme après, Kim Jee-Woon tend à devenir le meilleur cinéaste coréen, tant sa caméra épouse parfaitement son propos. Ni trop lente, ni trop rapide, tout donne l'impression d'être savamment millimétré.
La photographie et l’esthétisme sont superbes. De même que la bande-sonore, procurant à chaque fois, une émotion bien singulière.
Mais ce qui m'a le plus scotché reste les performances des deux acteurs principaux.
Choi Min-sik est terrifiant à souhait, complètement dégueulasse et fou à lier (Il nous rappelle un peu le Nicholson de Shinning ici), quant à Lee Byung-Hun, je dois vous dire que j'en suis tombé amoureux, il apporte une sensibilité et une complexité toute particulière à son personnage, même déshumanisé et guidé par sa haine, on lit dans ses yeux tout le désespoir qui le tourmente, et tout ça, dans le seul et même corps. Donc voilà, deux grandes performances qui méritent d'être saluées.
J'ai rencontré le diable est un film âpre, tant visuellement qu'émotionnellement, il est épuisant, déchirant, et vous rend fébrile, après coup. Je pense qu'il sera très difficile à aborder, pouvant rendre hermétique tout un tas de personnes (parce qu'il faut avouer que certaines scènes sont franchement dégueulasses). Malgré tout, si comme moi, vous aimez à découvrir de nouvelles perles, tentez ce chef d'oeuvre proclamé, ne serait-ce qu'une fois, et d'ici quelques années, vous pourrez vous venter d'avoir vu un classique du cinéma ;)