Un film d'horreur qui n'a pas à rougir de se confronter aux autres sélections de ce festival de Deauville 2014. Il faut aller plus loin, lors du visionnage, que la simple lecture d'une chronique adolescente dans ses aléas sexuels. A ce propos, le scénario est lourd de sens - coucher pour survivre, en transmettant au partenaire le maléfice. Le réalisateur lui même, d'ailleurs, n'y accorde pas une importance prioritaire, puisqu'il a cherché par tous les moyens à rendre le film intemporel, selon ses propres indications lors de la conférence de presse.
En réalité, c'est le travail de mise en scène et de référence qui fascine, contribuant à reconstituer les meilleurs atmosphères des films de Carpenter ou Jacques Tourneur. L'ouverture du film, un long plan-séquence en plan large et panoramique lent, en pleine banlieue américaine, rappelle justement Halloween de John Carpenter. Quant à La Féline de Jacques Tourneur, le réalisateur a confirmé en conference qu'il s'agit d'une source d'inspiration pour It Follows. La scène dans la piscine, vers la fin, est d'ailleurs directement tirée du chef d'oeuvre de Tourneur.
Ces films classiques proposaient un formidable jeu géométrique (pour Tourneur, le croisement des lignes évoquent les cages du monstre) auquel s'essaye David Robert Mitchell. Les lignes verticales (notamment les nombreux travelling en vue subjective), évoquant avec amusement les lignes phalliques (intéressant étant donné le sujet du film), croisent les lignes horizontales et les formes rectangulaires. Comme une pénétration violente, une invasion de l'horreur dans la platitude du quotidien d'adolescents de banlieue.
Inutile donc de chercher l'inspiration originale du projet, le thème de la traque acharnée est typique du film d'horreur et de son imitation du cauchemar. La vrai astuce du film, c'est que le prétexte scénaristique permet d'aller droit au but dans cette esthétique, verticalement, comme dans ce travail de forme. Une primitivité de l'horreur surgissant à l'arrière plan, et grandissant avec inquiétude dans notre champs de vision. Un exercice de mise en scène qui s'appuie sur le déplacement et le prétexte le plus pur - "it follows", ça suit - pour jouer avec grand bonheur des peurs du spectateur. Pas une révolution, mais un bel hommage au classicisme du genre