Depuis le succès du formidable film Trainspotting en 1996, un certain nombre de récits d'Irvine Welsh ont été adaptés au cinéma, généralement avec un certain succès. Pas ce film.
Lloyd vit sa vie sous l'effet des substances extasiantes qu'il prend. Si pour lui la drogue est un lien social, qui rapproche ses amis et lui permet de danser toute la nuit, sa rencontre avec une jeune américaine, Heather, qui s'ennuie de sa vie sans surprises va lui faire découvrir l'amour. Mais si l'amour est une réaction chimique peut-il s’accommoder de ces drogues de laboratoire ? Parallèlement, Lloyd doit de l'argent à un méchant mafieux pour, surprise, des histoires de drogue. La drogue est donc à la fois son plaisir, son problème et la concurrente de son amour.
Eccstasy est plat. D'abord parce qu'il singe un peu trop Trainspotting. L'univers d'Irvine Welsh se compose de plusieurs sujets, la drogue étant récurrente. Tout dépend de comment elle est utilisée, et ici c’est la place qu’elle peut prendre dans une relation amoureuse. Mais c'est le film qui pose problème, à vouloir trop s'inspirer de l'identité du film de Danny Boyle. L'affiche du film est une triste décalcomanie. La bande-son ne se distingue pas de ce qui a déjà été fait avant. La voix off reprend le même ton. Le thème de la comédie romantique dopée aux stimulants aurait mérité mieux dans sa mise en forme que de rester dans l'ombre de son grand-frère.
Le film souffre aussi de son histoire qui n'a aucun relief, qui arrive à rendre ses personnages inintéressants. Toute l'intrigue secondaire avec le mafieux qui veut son argent est vue et revue, comme d'autres passages du film. On sent pourtant quelques thèmes poindre, quelques réflexions dont l'intelligence ne peut que provenir de l'histoire originale. Mais le film les utilise comme des citations au lieu de se les approprier, de rendre cette adaptation plus personnelle.
Il n'y a pas de surprises, on sent le casting désemparé, peu impliqué, à l'image d'Adam Sinclair dans le rôle titre dont la transparence frôle l'indécence. On ne peut que ressentir une certaine gêne pour certains acteurs qui avaient prouvé par le passé une certaine dose de talent, tels que Kristin Kreuk (ravissante Lana dans Smallville), Billy Boyd (Le Seigneur des Anneaux) ou Carlo Rota (la formidable sitcom américaine La petite mosquée dans la prairie) et qui ont bien du mal ici à exister.
La production du film a été compliquée, mais le résultat méritait mieux que ce qui ne ressemble plus qu'à un travail de commande. D'autres adaptations d’Irvine Welsh l'ont fait. C'est d'une fadeur épouvantable, qui singe sans génie quelques traits de Trainspotting et n’arrive pas pour le reste à proposer une création plus originale.
Il faut croire d'ailleurs que l'éditeur français n'a pas pris la peine de regarder le film puisque non seulement le résumé de la jaquette n'est pas correct, car il s'agit de celui du livre, qui diffère, mais en plus il s'agit d'un bête copié-collé du dossier de presse de l'éditeur français du livre. Bravo.