On me reprochera de toute évidence de comparer ce film à quatre chiffres célèbres, du coup, je le ferais le moins possible. Mais au final, si j'étais franc et sincère avec vous, je n'hésiterais pas à le dire : A travers la même expérience visuelle et le même schéma narratif, ces deux œuvres se ressemblent, au final jusque dans leur succès. Quand on fait face à un film aussi médiatisé et populaire qu'Interstellar (à moins d'être l'un des précurseurs de cette popularité), on est toujours mal à l'aise en début de séance. On se permet de s'attendre à un véritable plaisir, mais on craint également la déception d'un avis personnel qui semble au final ne pas être unanime. Et ce fut malheureusement mon cas pour ce film.
J'ai sauté. Sauté dans l'étendue intersidérale de ce que ce film avait à m'offrir, en bien ou en mauvais, et j'ai voyagé dans son espace pendant deux heures et demie tristement longues. Après tout, le temps passe lentement et placidement dans l'espace... J'ai vu d'abord la Terre, à travers une place spatio-temporelle qui n'était pas la nôtre. Je me suis brièvement penché sur ce que pouvait m'offrir cette dimension, mais ce ne fut pas long avant que je ne me désintéresse de cette espace apocalyptique et ne veuille passer à la suite. Après tout, j'ai eu l'occasion de voir la destinée de cette Terre à travers une faille temporelle dès la fin de la première demie-heure. Une faille semblant me chuchoter le plus discrètement possible comment allait finir tout cela deux heures plus tard. Mais bon, il faut croire que j'ai l'ouïe trop fine...
J'ai ensuite fait un petit détour par notre cher système solaire, appréciant son silence si unique et sa beauté visuelle en contraste avec le gris monotone d'une station orbitale nommée "Endurance". De l'endurance, il m'en a fallu pour traverser ce système, ne serait-ce que pour passer de la Terre à Saturne. De longs plans, un sinistre contexte qui ne sait choisir entre science et humanité et me donne autant le tournis que la station en donne à ses habitants, et déjà une bonne heure de voyage passé, sans encore aucune émotion réelle d'émerveillement pour cette odyssée spatiale ne m'ayant encore empli l'esprit. Une véritable torpeur dans ce vide "interstellaire".
Puis je fus soudainement réveillé dans mon sommeil cryogénique par un trou de ver. On sait tous ce qu'est un trou de ver après tout. Enfin, je crois... Toujours est-il que mes sens furent cette fois éveillés par cette traversée surréaliste en trois dimensions, véritable merveille autant scientifiquement que visuellement. Pour la première fois dans ce voyage intergalactique, je me suis senti vivant, aussi impressionné et enthousiaste que l'équipage d'Endurance. Le début de ma renaissance ? Je l'ai cru pendant un certain instant, ainsi que durant cette traversée brève mais impressionnante d'une planète purement aquatique et ses gigantesques vagues. Mais ce fut à ce moment que la mort me rattrapa...
Mes yeux ont continué à briller devant tant de beauté, certes, mais mon âme commença à décrocher lentement de ce cortège surnaturel que parcourait un équipage aux sentiments si forts qu'ils en deviennent faux, rendant les robots les accompagnant plus réalistes et agréables qu'eux. Une planète de glace, comme mon cœur envers les personnages. Une tempête solaire, aussi tournoyante que mon esprit voguant entre le plaisir visuel et la déception scénaristique. Un trou noir, marquant le vide d'intérêt que je ressens pour une intrigue dont l'issue est déclarée depuis mon premier itinéraire. Et un final, dans ce triangle dimensionnel, où je ne peux que constater ce que j'avais pu voir dans une faille il y a deux heures, comme-ci je revenais dans le passé et devait refaire face à une même "surprenante" situation... Et là où je pensais enfin voir le dénouement de ma pénible aventure, j'ai l'impression que le vide entre moi et ma destination est infini, s'étirant pour que mon expérience soit la plus longue possible, sur une fin mièvre et confuse rabaissant tristement mon impression sur ce voyage.
Je suis finalement arrivé à destination, et je me sens bien. Les pieds sur Terre, pouvant respirer mon propre air, et me disant que ce que j'avais vécu restait joli et immersif. Mais bon sang... Que ce fut à lourd prix...